Au-delà de l’hyperbole : trois points à retenir des élections américaines de 2024 sur le plan macroéconomique
Ce que les investisseurs et les observateurs des politiques devraient retenir des résultats des élections de 2024 dépend, en partie, de l’horizon temporal.
Les élections américaines de 2024 ont offert un tiercé gagnant au parti républicain : non seulement Donald Trump a remporté la présidence, mais les républicains ont également obtenu des majorités cruciales à la fois à la Chambre des représentants et au Sénat. Parmi les premières réactions des marchés à cette victoire écrasante des rouges, les actions américaines, le dollar et les rendements obligataires ont tous progressé depuis le 5 novembre.
Pour les observateurs des politiques, les pronostiqueurs économiques et les investisseurs, la question est maintenant de savoir ce qu’il faut retenir des résultats de l’élection de 2024. De notre point de vue, les réponses sont grandement liées aux horizons temporels.
1 À court terme, les dynamiques macroéconomiques l’emporteront sur les politiques émergentes de la nouvelle administration.
Le président élu Trump ne prendra ses fonctions que le 20 janvier 2025, soit dans environ deux mois, ce qui peut sembler une éternité sur les marchés des capitaux. Plus précisément, une fois le transfert de pouvoir effectué, la nouvelle administration devra faire face à des dynamiques macroéconomiques bien ancrées qui exercent leur influence sur l’économie américaine. Nous nous attendons à ce que cet élan persiste pendant un certain temps avant que tout changement de politique ne puisse avoir une réelle incidence sur l’économie. Par conséquent, à court terme (dans 2 à 6 mois), nous continuerons à nous concentrer sur les données macroéconomiques plutôt que sur les mesures gouvernementales en tant que moteur de la politique monétaire américaine et des marchés mondiaux.
À l’heure actuelle, nous pensons que la combinaison du ralentissement du marché de l’emploi et du rapprochement de l’inflation vers l’objectif de 2 % de la Réserve fédérale américaine devrait permettre à cette dernière de poursuivre l’assouplissement de sa politique monétaire au moins jusqu’au milieu de l’année 2025. Nous pensons également que les effets décalés de la hausse des taux d’intérêt depuis 2022 pourraient finir par freiner l’économie, ce qui pourrait entraîner un passage à vide au cours du premier semestre de l’année prochaine. Bien que les données à l’appui ne soient pas encore disponibles, il s’agit d’un risque qui mérite d’être surveillé. Néanmoins, en l’absence d’une détérioration alarmante du contexte économique, un environnement de taux d’intérêt plus accommodant devrait continuer à profiter aux actifs à risque.
À court terme, nous continuerons à nous concentrer sur les données macroéconomiques plutôt que sur les mesures gouvernementales en tant que moteur de la politique monétaire américaine et des marchés mondiaux.
2 À moyen terme, les politiques de l’administration Trump accéléreront probablement les tendances structurelles mondiales.
Les républicains devant bientôt reprendre le contrôle des deux chambres du Congrès, la prochaine administration Trump sera probablement confrontée à des obstacles moins importants pour transformer certains de ses principaux engagements politiques en lois concrètes. Il existe toutefois une grande incertitude quant au calendrier et à l’incidence réelle des politiques proposées, ce qui rend difficile l’évaluation précise de leurs effets futurs sur les marchés. D’une manière générale, cependant, nous nous attendons à ce que ces politiques renforcent et accélèrent en fin de compte deux grandes tendances macroéconomiques mondiales qui ont été lancées il y a des années :
1) La démondialisation – Le président élu Trump a promis d’imposer à la Chine et à d’autres partenaires commerciaux mondiaux des droits de douane sur l’importation, ce qui accélérerait la tendance à la démondialisation qui a commencé il y a plus de 15 ans. Pour être clair, la démondialisation aurait probablement progressé rapidement, quel que soit le résultat de l’élection de 2024, comme l’illustre le fait que l’ouverture commerciale des États-Unis (basée sur les importations du pays en proportion de son PIB) a diminué régulièrement sous toutes les administrations américaines au cours des deux dernières décennies. Des droits de douane et des restrictions commerciales supplémentaires seraient compatibles avec la tendance à remplacer les biens et les services d’origine mondiale par des équivalents produits dans le pays.
2) L’augmentation de la dette publique – Dans la plupart des pays et des régions, les niveaux de la dette publique sont plus élevés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient avant la pandémie de COVID-19, et nous pensons que l’opinion publique est peu encline à inverser la trajectoire ascendante de cette dette. En particulier, l’intention déclarée du président élu Trump de prolonger les réductions de l’impôt sur le revenu des particuliers adoptées en 2017 sous sa première administration, et d’envisager de réduire encore davantage l’impôt sur le revenu des sociétés, aurait pour effet d’accroître encore le déficit budgétaire fédéral déjà important des États-Unis. En l’absence de mesures compensatrices visant à produire des recettes, les besoins et l’offre de dette publique américaine augmenteraient probablement aussi, ce qui pourrait exercer une pression à la hausse sur les taux d’intérêt mondiaux.
Le commerce international des États-Unis a atteint son apogée en 2008 et n’a cessé de chuter depuis
La dette publique a augmenté pratiquement partout à l’échelle mondiale
3 À plus long terme, il est trop tôt pour évaluer définitivement l’incidence économique.
Nous pensons que des politiques budgétaires plus souples associées à des tarifs douaniers plus sévères sous la présidence Trump 2.0 conduiraient, toutes choses égales par ailleurs, à une inflation mondiale modérément plus élevée au cours de la période à venir. Toutefois, l’incidence économique globale sur plusieurs années des politiques que la nouvelle administration pourrait adopter reste à voir, car en l’absence de détails supplémentaires et d’une voie libre pour les exécuter efficacement, chacune de ces politiques pourrait toucher différents secteurs de l’économie de manière distincte au fil du temps.
Par exemple, même si le programme de campagne du président élu Trump appelait à une réduction importante de l’immigration aux États-Unis, nous ne savons pas si cela serait réalisable dans la pratique. On ne sait pas non plus si l’économie tirerait un bénéfice net d’une diminution de l’immigration. D’une part, une diminution de la main-d’œuvre pourrait éventuellement entraîner une hausse des salaires, car le bassin de main-d’œuvre disponible pour les entreprises se réduit. À l’inverse, un ralentissement de la croissance démographique pourrait freiner la demande globale de logements et de biens connexes, ainsi que de produits de première nécessité, ce qui pourrait en fin de compte s’avérer désinflationniste.
Dans ce contexte, il est probable que les premiers mouvements importants du marché en réponse aux élections américaines ne durent pas. Cela minimiserait probablement les effets de portefeuille pour tous les investisseurs, à l’exception des investisseurs plus tactiques à court terme. Dans cette optique, nous sommes plus ou moins d’accord avec l’approche du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, qui consiste à « rester vigilant, mais ne pas réagir de manière excessive », concernant la façon dont la Réserve fédérale sera amenée à analyser tout changement de politique gouvernementale à venir : comprendre les conséquences économiques potentielles, définir les scénarios possibles sans les prendre en compte dans le scénario de base, et se préparer à agir judicieusement à mesure que les voies à suivre se concrétisent. Nous suggérons à la plupart des investisseurs à long terme de faire de même.
Il est probable que les premiers mouvements importants du marché en réponse aux élections américaines ne durent pas. Cela minimiserait probablement les effets de portefeuille pour tous les investisseurs, à l’exception des investisseurs plus tactiques à court terme.
Renseignements importants
Les placements comportent des risques, y compris le risque de perte du capital. Les marchés des capitaux sont volatils et peuvent considérablement fluctuer sous l’influence d’événements liés aux sociétés, aux secteurs, à l’économie, à la politique, à la réglementation et aux marchés. Les renseignements fournis ne tiennent pas compte de la convenance des placements, des objectifs de placement, de la situation financière, ni des besoins particuliers d’une personne donnée.
Tous les aperçus et commentaires sont de nature générale et ponctuelle. Quoiqu’utiles, ils ne remplacent pas les conseils d’un spécialiste en fiscalité, en placement ou en droit. Il est recommandé aux clients actuels et potentiels de consulter un spécialiste qui évaluera leur situation personnelle. Ni Gestion de placements Manuvie, ni ses sociétés affiliées, ni ses représentants (collectivement, « Gestion de placements Manuvie ») ne fournissent de conseils dans le domaine de la fiscalité, des placements ou du droit.
Ce document est réservé à l’usage exclusif des personnes ayant le droit de le recevoir en vertu des lois et des règlements applicables des territoires de compétence. Les vues exprimées sont celles de l’auteur ou des auteurs et celles-ci peuvent changer sans préavis. Nos équipes chargées des placements peuvent avoir des opinions différentes et, par conséquent, prendre des décisions de placement différentes. Ces opinions ne reflètent pas nécessairement celles de Gestion de placements Manuvie. Bien que les renseignements et analyses figurant dans ce document aient été compilés ou formulés à l’aide de sources jugées fiables, Gestion de placements Manuvie ne donne aucune garantie quant à leur précision, à leur exactitude, à leur utilité ou à leur exhaustivité et se dégage de toute responsabilité pour toute perte découlant de l’utilisation de ces renseignements ou analyses. Ce document peut comprendre des prévisions ou d’autres énoncés de nature prospective portant sur des événements futurs, des objectifs, des stratégies de gestion ou d’autres prévisions et n’est à jour qu’à la date indiquée. Les renseignements fournis dans ce document, y compris les énoncés concernant les tendances des marchés des capitaux, sont fondés sur la conjoncture, laquelle évolue au fil du temps. Ces renseignements peuvent changer à la suite d’événements ultérieurs touchant les marchés ou pour d’autres motifs. Gestion de placements Manuvie n’est nullement tenue de mettre à jour ces renseignements.
Gestion de placements Manuvie n’assume pas de responsabilité pour quelque perte ou dommage direct ou indirect, ou quelque autre conséquence que pourrait subir quiconque agit sur la foi des renseignements de ce document. Ce document a été produit à titre informatif seulement et ne constitue ni une recommandation, ni un conseil professionnel, ni une offre, ni une invitation à quiconque, de la part de Gestion de placements Manuvie, relativement à l’achat ou à la vente d’un titre ou à l’adoption d’une approche de placement, non plus qu’il indique une intention d’effectuer une opération dans un fonds ou un compte géré par Gestion de placements Manuvie. Aucune stratégie de placement ni aucune technique de gestion des risques ne peut garantir le rendement ni éliminer les risques, peu importe la conjoncture du marché. La diversification ou la répartition de l’actif ne sont pas garantes de profits et n’éliminent pas le risque de perte dans quelque marché que ce soit. À moins d’indication contraire, toutes les données proviennent de Gestion de placements Manuvie. Les rendements passés ne sont pas garants des résultats futurs.
Ce document n’a été soumis à aucun examen de la part d’un organisme de réglementation des valeurs mobilières ou autre et il n’a été déposé auprès d’aucun de ces organismes. Il peut être distribué, s’il y a lieu, par Gestion de placements Manuvie et ses filiales et sociétés affiliées, qui comprennent la marque John Hancock Investment Management. © Gestion de placements Manuvie, 2024. Reproduit par Placements Manuvie et Gestion privée Manuvie avec la permission du titulaire du droit d’auteur. Les déclarations faites et les opinions exprimées aux présentes sont celles de l’auteur. Gestion privée Manuvie ne peut garantir l’exactitude ou l’exhaustivité des déclarations ou des données.
Manuvie, Gestion de placements Manuvie, le M stylisé et Gestion de placements Manuvie & M stylisé sont des marques de commerce de La Compagnie d’Assurance-Vie Manufacturers et sont utilisées par elle, ainsi que par ses sociétés affiliées sous licence.
4038193
Alex Grassino,
Chef, Stratégie macroéconomique, Amérique du Nord, équipe Solutions multiactifs
Gestion de placements Manuvie
Lire la bioDominique Lapointe, CFA,
Stratège, Macroéconomie mondiale, équipe Solutions multiactifs
Gestion de placements Manuvie
Lire la bio