Combiner les avantages des actifs réels privés à ceux des marchés publics en matière de liquidité

La version anglaise de cet article a été publiée dans Wealth Professional.

Auparavant, les placements dans les actifs réels n’étaient accessibles qu’aux puissantes institutions dont les régimes de retraite canadiens et les fondations de taille importante. Les épargnants étaient tenus à l’écart. Pourtant, dans le secteur financier, les courants changent. On a pu observer, au cours de la dernière décennie, la propagation de produits de placement accessibles aux épargnants qualifiés, en particulier des fonds à capital variable.  

Eric Menzer, gestionnaire de portefeuille principal dans l’équipe Solutions multiactifs, constate la montée en popularité de ces actifs. Des investisseurs en quête de diversification au-delà des actions et des obligations recherchent des sources de revenus diversifiées et un potentiel de rendement total moins fortement liés aux marchés publics.

Ces stratégies intègrent plusieurs catégories d’actif alternatives dans un même fonds, lequel bénéficie souvent d’un assouplissement des exigences en matière de placement minimum, permettant ainsi aux détenteurs de fonds communs et de fonds négociés en bourse d’investir dans des actifs réels. En sélectionnant un fonds multiactifs réel, les épargnants n’ont pas à choisir une catégorie d’actif alternative au détriment d’une autre.

« La volatilité des marchés boursiers force les clients à trouver de nouvelles solutions pour atténuer cette instabilité. Ils se tournent donc vers des actifs qui présentent une corrélation beaucoup plus faible avec les titres à revenu fixe et les actions », explique M. Menzer.  

Combler le fossé de connaissances 

Les actifs réels sont des biens matériels. Il s’agit d’éléments d’actif physiques et palpables qui constituent une part intégrante des infrastructures mondiales. Cette catégorie comprend les immeubles de bureaux commerciaux, les immeubles résidentiels, les terres agricoles où l’on cultive notamment des amandes, des noix, des canneberges et des pistaches, ainsi que les terrains forestiers où la croissance des arbres est une mesure observable du rendement des placements. Sur le plan des infrastructures, les actifs réels englobent les services publics réglementés, les réseaux de transport, les parcs d’énergie renouvelable éoliens ou solaires et les centres de données. 

Bon nombre d’épargnants savent que l’immobilier est un instrument de placement. Cependant, comme le fait remarquer M. Menzer, s’aventurer dans des secteurs tels que le bois d’œuvre, les terres agricoles et les infrastructures les plonge dans un nouvel univers. Prenons l’exemple des terres agricoles, lesquelles peuvent générer des occasions exceptionnelles, comme les cultures vivrières permanentes (pommes et pistaches), les cultures en rangs (maïs et pommes de terre) et les cultures de matières premières (le maïs destiné à la production de biocarburant ou de coton pour les vêtements). 

M. Menzer souligne l’importance pour les conseillers et les clients de connaître non seulement les caractéristiques de ces catégories d’actifs, mais les particularités inhérentes à ces structures de placement, leurs modalités, conditions et options de liquidité.  

Atténuer les effets de l’inflation

L’intérêt des actifs réels réside dans le fait que les biens tels que le bois d’œuvre, les terres agricoles, l’immobilier et les infrastructures présentent des caractéristiques de nature à combattre l’inflation. Ce mécanisme se manifeste de différentes manières : les placements dans les infrastructures comprennent souvent des clauses contractuelles qui assurent explicitement un rajustement en fonction de l’inflation, tandis que l’immobilier profite de la tendance des revenus locatifs à augmenter en fonction de l’inflation. De même, le prix du bois et des terres agricoles peut augmenter parallèlement à celui des produits de base et des coûts de construction, les terrains forestiers étant directement touchés par les variations du marché du bois d’œuvre. 

Le potentiel de protection qu’offrent ces actifs contre l’inflation, indique M. Menzer, a bien été observé en 2022. Cette année fut marquée par une forte poussée de l’inflation et par les résultats positifs de ces placements.  

Bien que l’inflation ait amorcé sa décrue après avoir atteint un sommet et que les taux d’intérêt se soient stabilisés, les actifs réels continuent de servir de rempart contre les effets de l’inflation. Leurs revenus sont, dans bien des cas, liés à l’indice des prix à la consommation et présentent des profils de rendement différents appréciables quand les taux d’intérêt sont moindres. De plus, comme ils sont habituellement constitués de produits et de services essentiels, les actifs réels peuvent potentiellement présenter une volatilité inférieure à celle des actifs traditionnels.

« L’an dernier, nous avons fait face à un contexte d’hyperinflation qui a connu un ralentissement cette année. Cela dit, se protéger contre l’inflation sera toujours un besoin dont il faudra tenir compte », déclare M. Menzer.  

Les actifs réels dans le marché actuel

Le marché actuel présente des perspectives mitigées. Le secteur de l’immobilier, en particulier les espaces de bureau, se heurte à des facteurs défavorables à court terme en raison des ajustements d’évaluation. Néanmoins, selon M. Menzer : « Les secteurs comme les infrastructures d’énergie renouvelable sont portés par des vents favorables, propulsés par des incitatifs d’investissement dans l’énergie éolienne et solaire. Par ailleurs, de nombreuses occasions se pointent à l’horizon pour les centres de données. Lorsqu’on s’intéresse à la demande en matière de stockage de données, d’infonuagique et d’intelligence artificielle, on constate que d’autres occasions d’investir se présenteront. Bien qu’ils connaissent des difficultés temporaires, les marchés du bois d’œuvre et des terres agricoles présentent un potentiel à long terme, alors que les pratiques de construction durable gagnent en importance. » 

En ce qui concerne le secteur immobilier en particulier, M. Menzer ne voit pas d’occasions propices investir, mais il surveille de près cette catégorie d’actifs à mesure que les évaluations se stabilisent. Il se montre plus optimiste quant aux occasions à saisir du côté des infrastructures, notamment des énergies renouvelables.

Dans le contexte actuel, où les taux d’intérêt élevés génèrent des résultats et les revenus fixes à court terme sont très intéressants, les épargnants sont plus enclins à miser sur le court terme. Cependant, insiste M. Menzer, les épargnants qui adoptent une perspective à long terme, qui ne se limitent pas aux actions et aux obligations, voudront peut-être faire une place aux actifs réels. La mise en place d’une répartition stratégique reposant sur des actifs réels peut procurer l’avantage immédiat d’une meilleure diversification, en plus de positionner les portefeuilles en vue de la réussite à long terme.