À la recherche de valeur en période de volatilité des marchés

La publication en continu de nouvelles concernant la propagation du coronavirus et son incidence sur les marchés des capitaux a manifestement ébranlé les investisseurs. Même si nous sommes dans une période d’incertitude et s’il est difficile de savoir quand elle prendra fin, nous pensons qu’il est important de prendre du recul et de nous rappeler nos objectifs d’investisseurs à long terme. Dans des moments comme celui-ci, nous croyons, peut-être même par-dessus tout, qu’il est essentiel de s’en tenir aux processus établis qui ont fait leurs preuves au fil du temps.

En tant qu’investisseurs chevronnés, notre approche en matière de constitution de portefeuilles est la même depuis plus de 23 ans. Nous nous concentrons sur le prix que nous payons chaque titre, et nos objectifs quant aux cours d’achat et de vente nous permettent de mesurer le risque de baisse, tout en optimisant les occasions de hausse de chaque placement. Selon nous, le risque peut souvent être mesuré avec beaucoup plus de précision en examinant les sociétés sous-jacentes ainsi que leur potentiel de création de valeur et de conservation de cette valeur. Par conséquent, le risque que représente une société est mesuré par ses activités, son équipe de direction et sa structure de capital, et non par la volatilité de son cours sur le marché des actions.

Comme nous l’avons mentionné dans notre article publié récent sur les placements en fin de cycle, nous définissons le risque non pas par la volatilité d’un cours boursier, mais plutôt par une perte permanente de capital subie par l’entreprise sous-jacente. À notre avis, les principaux risques dont les investisseurs devraient être conscients concernent notamment le levier d’exploitation, l’endettement, la concentration du risque d’entreprise ainsi que le risque d’évaluation. Nous croyons que la façon la plus efficace de constituer un portefeuille est d’évaluer la rentabilité sous-jacente des sociétés de même que leur risque d’entreprise, puis de chercher à les combiner avec des profils de bénéfices et des risques d’entreprise qui sont différents et non corrélés.

C’est ce que nous appelons un portefeuille de type conglomérat. Chaque action est traitée comme une division du conglomérat et est analysée en fonction de son potentiel de hausse et de son risque de baisse. Une fois que les objectifs quant aux cours d’achat et de vente ont été établis en fonction du rapport risque-rendement, les investisseurs peuvent être en position non seulement de mieux tolérer une grande volatilité des marchés boursiers (parce qu’ils comprennent bien les raisons qui les ont menés à choisir chacune des actions de leur portefeuille), mais également de se concentrer sur la recherche de niveaux de valorisation attrayants qui détermineront s’il est temps d’acheter ou de vendre l’action.

Nous soutenons que cette approche peut donner aux investisseurs la possibilité de tirer profit de la volatilité du marché puisqu’elle permet aux spécialistes de la sélection de titres d’investir dans des actions de valeur et de grande qualité qui pourraient avoir été mal évaluées parce que les fluctuations des cours boursiers vont dans tous les sens.

L’une des composantes essentielles de la sélection des actions pour la constitution du portefeuille de type conglomérat est une compréhension approfondie des sociétés dans lesquelles nous investissons. Il est essentiel que nous comprenions d’où proviennent les bénéfices de chaque société et les facteurs fondamentaux qui peuvent influer sur ces flux de bénéfices. Cette approche s’est révélée d’une aide inestimable dans des conditions de marché tumultueuses comme celles dans lesquelles nous vivons actuellement. Il s’agit là d’une autre raison pour laquelle nous avons tendance à être plus prudents à l’égard des sociétés dont les bénéfices sont considérablement influencés par les événements et conditions macroéconomiques, sur lesquels nous n’avons aucun contrôle et qui sont extrêmement difficiles à prévoir. Les actions du secteur de l’énergie, par exemple, seront probablement toujours tributaires du prix du pétrole, dont les fluctuations peuvent rendre difficile l’évaluation de la viabilité des flux de bénéfices sous-jacents de chacune des sociétés du secteur de l’énergie.

Nous croyons que cette approche, combinée à l’accent que nous mettons sur la diversification du risque d’entreprise, peut contribuer à élaborer un portefeuille qui serait touché de façon minimale par les événements et conditions macroéconomiques, de sorte qu’un effondrement des prix du pétrole ne pourrait avoir une incidence négative disproportionnée sur l’ensemble du portefeuille.

De plus, nous sommes d’avis qu’un portefeuille neutre sur le plan sectoriel, dont les sociétés et les secteurs sont évalués non pas en fonction de leur appartenance à un certain indice ou à une région donnée, mais en fonction de leur capacité à créer de la valeur selon des critères rigoureux mais adaptables, générera un rendement supérieur dans l’ensemble des conjonctures.

Les investisseurs canadiens cherchant à diversifier leur portefeuille pourraient envisager d’investir dans les titres de l’indice de référence, soit l’indice composé S&P/TSX. Toutefois, trois secteurs constituent à eux seuls environ les deux tiers de l’indice S&P/TSX : les services financiers, l’énergie et les matières premières. Comme nous l’avons vu récemment, en cas de repli majeur d’un secteur (l’énergie, par exemple), l’incidence sur l’indice global peut être importante. Cependant, en recherchant des sociétés capables de générer d’importants bénéfices à long terme, les investisseurs peuvent s’attendre à ce que, quelles que soient les fluctuations à court terme du marché, les données fondamentales de ces sociétés ne se détériorent pas nécessairement dans le sillage de l’indice dans son ensemble.

Dans un contexte de panique liée aux nouvelles diffusées en continu, nous croyons qu’il est important de reconnaître les signes importants malgré tout le tapage ambiant, et de tenir compte surtout de l’évaluation du risque que représente une société et non uniquement du cours de son action. Selon notre expérience, le fait de continuer de se concentrer sur les sociétés affichant une valeur à long terme démontrable et de se pencher sur les risques d’entreprise sous-jacents peut aider les investisseurs à supporter la volatilité et, grâce à des cours cibles d’achat et de vente fondés sur le rapport risque-rendement de l’entreprise, les investisseurs avertis pourraient utiliser la volatilité du marché à leur avantage, en tirant profit de la fluctuation marquée des cours boursiers pour investir dans des actions de valeur et de grande qualité qui ont été mal évaluées.