L’écart entre les indices pondérés selon la capitalization boursière et ceux à pondération égale à l’ère des Sept Magnifiques
Selon la mesure la plus courante, l’indice S&P 500 a affiché un rendement total de 15,3 % au cours des six premiers mois de 2024. Selon une autre mesure, il n’aurait produit qu’un tiers de ce résultat, soit un rendement de 5,1 %. Comment l’expliquer? Tout dépend si le rendement est mesuré par rapport à un indice pondéré en fonction de la capitalisation boursière ou à un indice à pondération égale. Comme les chiffres l’illustrent, cette simple distinction peut faire une énorme difference.
Selon la mesure la plus courante, l’indice S&P 500 a affiché un rendement total de 15,3 % au cours des six premiers mois de 2024. Selon une autre mesure, les 500 principaux titres américains n’ont produit qu’un tiers de ce gain, soit 5,1 %. Comment l’expliquer? Tout dépend si le rendement est mesuré par rapport à un indice conventionnel pondéré selon la capitalisation boursière, comme dans le cas du rendement le plus élevé obtenu, ou par rapport à un indice dit « équipondéré », dont l’usage est moins répandu.
Comme les chiffres l’illustrent, cette simple distinction peut faire une énorme différence, en particulier dans la conjoncture récente, où un segment restreint du marché a grandement influé sur le rendement des actions américaines et transformé la composition du marché. Au 30 juin 2024, seulement sept titres du secteur de la technologie (Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla), souvent appelés les Sept Magnifiques, avaient connu une croissance telle qu’ils représentaient à eux seuls 31 % de la capitalisation boursière totale de l’indice S&P 500 (S&P 500).
Avec une telle pondération attribuable à la forte appréciation de leur cours, les Sept Magnifiques comptent pour 62,2 % du rendement total de 26,3 % du S&P 500 pour l’année 2023. En excluant le rendement moyen de 104,7 % produit par ces sept titres, le rendement de l’indice tombe à seulement 9,9 %. La surpondération de ces sept titres dominant le marché s’est encore accentuée récemment, lorsqu’ils ont compté pour 79,0 % du rendement total du S&P 500 en juin 2024.
Un défi pour les méthodes traditionnelles de diversification des portefeuilles d’actions et de pondération des indices
Si les Sept Magnifiques ont attiré l’attention ces dernières années, la concentration croissante du marché, elle, n’a rien de nouveau. Au cours de la période de 10 ans qui s’est terminée en décembre 2023, la part de la capitalisation boursière globale attribuée aux 10 plus grandes actions du S&P 500 a presque doublé, passant de 14 à 27 %.
La récente domination des actions en technologie a accéléré cette tendance et soulevé des questions sur le manque de diversification des placements qu’un investisseur peut obtenir en suivant un indice d’apparence vaste, comme l’indice S&P 500. Voici trois facteurs pouvant expliquer qu’un investisseur se retrouve avec des répartitions de portefeuille qui ne correspondent plus à ses objectifs :
1 Une exposition accrue du portefeuille au secteur technologique, où les avancées en intelligence artificielle ont été à l’origine d’une grande partie des gains des Sept Magnifiques en 2023 et dans la première moitié de 2024.
2 Un plus fort recours au style axé sur les actions de croissance, c’est-à-dire des actions affichant des taux de croissance supérieurs à la moyenne et dont le prix par rapport aux bénéfices est généralement plus élevé que celui d’actions de valeur moins coûteuses.
3 Une augmentation de l’exposition à des titres du secteur de la technologie et à des titres de croissance laissant certains investisseurs relativement peu exposés aux titres de valeur. Pour ce qui est de la valeur, les bénéfices des sociétés ont tendance à être plus stables et à progresser plus lentement que ceux de leurs homologues de croissance, ce qui reflète souvent la longévité relative de leurs modèles d’affaires et de leurs sources de revenus.
En plus des soucis de diversification, la domination des Sept Magnifiques a accentué les écarts de rendement dans le contexte de placement actuel; dans bien des cas, les fonds affichant une surpondération dans ce petit groupe de titres au cours de la dernière année ou des deux dernières années ont probablement surpassé ceux qui étaient sous-pondérés dans certaines ou dans l’ensemble de ces sept valeurs. Il est primordial de tenir compte de la conjoncture du marché pour analyser les récents rendements, et cela souligne l’importance d’approfondir les recherches afin de comprendre les facteurs qui sont en jeu. La sous-performance d’un fonds d’actions ou d’un autre placement est-elle principalement due à sa surexposition à des segments de l’univers des placements n’ayant pas pleinement profité de la récente poussée des Sept Magnifiques? Si un roulement s’opère au chapitre du rendement et que l’élan de ces titres récemment attrayants vient à ralentir, comment le portrait global changera-t-il?
L’approche conventionnelle : l’indexation pondérée selon la capitalisation boursière
De nombreux portefeuilles affichent aujourd’hui une forte pondération dans le secteur technologique et le style axé sur les actions de croissance en raison de la méthode de pondération selon la capitalisation boursière traditionnellement employée pour les indices boursiers. Avec cette approche, l’incidence de chaque action détenue sur le rendement global de l’indice dépend de la capitalisation boursière de celle-ci, c’est-à-dire la valeur d’une société déterminée par le cours du marché de ses actions ordinaires émises et en circulation.
Par conséquent, la société ayant la plus grande capitalisation boursière dans un indice tel que le S&P 500 influence davantage le rendement global de l’indice que celle qui occupe le 500e rang de cet échantillon. (Au 30 juin 2024, Microsoft détenait la position de tête, avec une pondération de 7,0 % dans le S&P 500 et une capitalisation boursière d’environ 3,3 billions de dollars dans un indice dont la capitalisation boursière totalise 48,2 billions de dollars; à l’autre extrémité du classement, une poignée de sociétés étaient à peu près à égalité, avoisinant des pondérations d’environ 0,01 %.)
Du point de vue sectoriel, la part des technologies de l’information du S&P 500 est passée à 32,4 % (au 30 juin). Avec des rendements totaux de 57,8 % en 2023 et de 27,8 % au premier semestre de 2024, qui sont les plus élevés du marché, cette pondération est de loin la plus importante des 11 secteurs.
La pondération en fonction de la capitalisation boursière est la méthode la plus courante de structurer des indices, et elle est conçue pour refléter avec précision les changements dans la composition du marché. Ainsi, lorsque l’évolution du cours des actions se traduit par un changement de la valeur d’un segment du marché, la composition de l’indice le reflétera et les pondérations seront ajustées. Les placements passifs qui cherchent à suivre un tel indice s’ajustent sans que l’investisseur ait besoin de les rééquilibrer.
Toutefois, une telle approche pourrait ne pas correspondre aux objectifs du portefeuille d’un investisseur, qu’il use de placements passifs ou qu’il adopte une approche active visant des rendements supérieurs. Quoi qu’il en soit, un rééquilibrage périodique peut s’avérer nécessaire pour rétablir la répartition en fonction des paramètres établis pour correspondre à la tolérance au risque et aux objectifs de placement à long terme de l’investisseur.
Une option moins connue : l’indexation équipondérée
Pour contrer d’éventuels écueils tels que la concentration du marché, les valorisations élevées et les biais sectoriels, la pondération égale s’avère une option intéressante. Beaucoup moins utilisés que leurs pairs pondérés selon la capitalisation boursière, les indices équipondérés visent la neutralité sur le plan de la taille des sociétés. Dans un tel indice, les actions sont les mêmes que pour un indice pondéré selon la capitalisation boursière, par contre, plutôt que d’être proportionnelle à leur capitalisation boursière : la pondération sera la même pour chacune des actions qui le compose. Étant donné que grandes et petites capitalisations comptent à parts égales dans les indices équipondérés, l’exposition relative aux petites sociétés est supérieure à celle des indices pondérés selon la capitalisation boursière. Ainsi, la pondération d’un portefeuille dans des sociétés à faible valorisation augmente, tout comme l’exposition à des secteurs moins représentés par rapport à un indice pondéré selon la capitalisation boursière.
Par exemple, l’indice S&P 500 pondéré selon la capitalisation boursière a une variante équipondérée, l’indice S&P 500 Equal Weight Index (EWI). D’autres fournisseurs d’indices proposent également des versions à pondération égale de leurs indices d’actions largement suivis, et les approches peuvent varier. Par exemple, FTSE Russell propose une série d’indices équipondérés qui, plutôt que d’attribuer simplement une part égale à chaque composant d’un indice, pondère de manière égale chaque secteur au sein de l’indice, puis pondère également les sociétés à l’intérieur de chacun des secteurs.
Faiblesses potentielles des placements suivant un indice équipondéré
Bien que certains investisseurs se soient tournés vers des méthodes de placement à pondération égale pour accroître leur diversification, celles-ci ne reflètent pas la réalité, à savoir que certaines actions valent plus que d’autres ou que les marchés fluctuent. Qui plus est, pareille approche peut comporter son propre lot de risques. Ces dernières années, la sous-performance a été un ennui fréquent, l’indice S&P 500 ayant toujours été supérieur à sa version équipondérée.
Au cours des dix dernières années, l’indice S&P 500 a constamment surpassé sa version équipondérée
Le rendement total annuel moyen de l’indice S&P 500 par rapport à celui de l’indice S&P 500 équipondéré (EWI) au 30 juin 2024 (%)
Par ailleurs, les approches à pondération égale peuvent entraîner une exposition accrue (et peut-être involontaire) aux petites capitalisations, puisqu’elles occupent une part équivalente à celle accordée aux grandes capitalisations dans l’indice. De plus, cette surexposition aux petites capitalisations peut entraîner une certaine négligence de facteurs comme le momentum et la qualité. Le facteur du momentum privilégie les actions ayant récemment enregistré de bons résultats, en partant du principe que le rendement a tendance à persister, le cours d’une action continuant ensuite d’augmenter ou de baisser. De son côté, le facteur de la qualité met plutôt l’accent sur les sociétés résilientes ayant déjà enregistré de bons résultats malgré des conjonctures de marché difficiles grâce à des caractéristiques comme la solidité du bilan et la pérennité des bénéfices.
L’important : savoir dans quoi vous avez placé votre argent
Qu’ils optent pour une approche conventionnelle pondérée selon la capitalisation boursière ou une approche moins répandue à pondération égale, les investisseurs doivent être conscients des risques et des avantages potentiels liés aux deux options et savoir dans quoi ils investissent. La récente domination des Sept Magnifiques a placé sous la loupe la pondération traditionnelle selon la capitalisation boursière, mais, comme pour tout placement, d’autres approches comme la pondération égale peuvent présenter leurs propres risques, qui ne sont pas toujours évidents.
Renseignements importants
L’indice S&P 500 suit le rendement de 500 des plus grandes sociétés aux États-Unis. L’indice S&P 500 équipondéré (EWI) est la version à pondération égale de l’indice S&P 500. Il se compose de la même manière, mais au rééquilibrage trimestriel, chaque société de l’indice EWI se voit attribuer une pondération équivalente (ou 0,2 %) du total de l’indice. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice. Les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs. La capitalisation boursière est la valeur d’une société déterminée par le cours du marché de ses actions ordinaires émises et en circulation. La diversification ne garantit pas de profit et n’élimine pas le risque de perte.
Les placements comportent des risques, y compris le risque de perte du capital. Les marchés des capitaux sont volatils et peuvent considérablement fluctuer sous l’influence d’événements liés aux sociétés, aux secteurs, à l’économie, à la politique, à la réglementation et aux marchés. Ces risques sont amplifiés dans le cas des placements effectués sur les marchés émergents. Le risque de change est le risque que la fluctuation des taux de change ait un effet négatif sur la valeur des placements détenus dans un portefeuille.
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