17 janvier 2024
Mise à jour du S2 2023 : la demande sur les marchés volontaires du carbone progresse malgré l’attention des médias, tandis que la Californie et l’État de Washington échappent à la tendance baissière ou de stagnation des marchés de conformité
La poursuite de la quête de qualité alimente l’optimisme quant au marché volontaire du carbone (MVC) en 2024, tandis que les marchés de conformité ont été très réactifs aux décisions réglementaires et aux tendances macroéconomiques.
Politiques et normes des marchés volontaires du carbone
Les nouvelles politiques et normes du MVC ont commencé à devenir opérationnelles avec les candidatures des registres de compensation carbone à la procédure d’évaluation de l’ICVCM en fin d’année 2023. Les principaux acteurs du MVC ont annoncé de nouveaux efforts de collaboration qui pourraient favoriser une plus grande normalisation.
Marchés volontaires du carbone
L’offre des MVC a suivi une trajectoire baissière en raison de l’incertitude de la demande à mesure que les évaluations des nouvelles normes d’intégrité démarrent et que les contraintes de capacité des organismes de vérification et des registres persistent. Pour autant, la demande a rebondi à la fin de l’année 2023, établissant un nouveau record après l’accélération des retraits par rapport au début de l’année.
Prix des marchés volontaires du carbone
Les indices les plus importants des marchés volontaires du carbone sont restés orientés à la baisse en 2023, l’attention des médias et l’incertitude du marché pesant sur les prix des projets tous types confondus, les crédits des projets de REDD+ étant les plus touchés.
Prix des marchés de conformité
Les prix du carbone en Australie et en Nouvelle-Zélande sont restés relativement stables du fait de l’excédent d’offre des quotas et des incertitudes du marché de l’énergie. Les prix du carbone en Californie et dans l’État de Washington ont suivi une trajectoire haussière en raison de la faiblesse anticipée des quotas d’offre.
- L’Integrity Council for the Voluntary Carbon Market (ICVCM) a publié les Principes fondamentaux du carbone (Core Carbon Principles ou CCP) et un Cadre d’évaluation en 2023. Les premières émissions de crédits notés selon la méthodologie du CCP sont attendues au premier trimestre 2024.
- Le Voluntary Carbon Markets Integrity Initiative (VCMI) a annoncé un projet pilote d’élargissement de son Code de déclarations, qui définit des lignes directrices pour les crédits carbone à haute intégrité pour les activités d’atténuation au-delà de la chaîne de valeur des entreprises et en affinant ses niveaux argent, or et platine.
- L’initiative Cibles fondées sur la science, l’ICVCM, le VCMI, le Climate Disclosure Project, le Greenhouse Gas Protocol et la We Mean Business Coalition ont annoncé des efforts de coopération visant à fournir une orientation sur l’intégrité de bout en bout pour les crédits carbone lors de la COP28.
- Quatre grands registres de compensation de carbone – American Carbon Registry, Climate Action Reserve, Gold Standard et Verified Carbon Standard by Verra – se sont portés candidats pour faire évaluer l’ensemble de leur programme en vue de recevoir l’approbation du CCP avant la COP28.
- Six grands registres de compensation de carbone qui ont été approuvés pour la mise en œuvre de la phase pilote du Régime de compensation et de réduction du carbone pour l’aviation internationale (CORSIA) ont annoncé des efforts de coordination visant à renforcer l’intégrité des crédits.
- 2024 sera la première année de la première phase du programme de conformité CORSIA, ce qui devrait inciter les pays à approuver des ajustements correspondants pour les transferts internationaux de crédits. Une nouvelle bifurcation des prix pourrait en résulter, les crédits approuvés par CORSIA et ajustés en conséquence étant susceptibles de se négocier avec une prime par rapport à aux autres crédits.
- Les délégués des pays de la COP28 ne sont pas parvenus à un accord sur la mise en œuvre de l’article 6.4 de l’Accord de Paris qui vise à développer un nouveau système international de crédits carbone pour remplacer le Mécanisme pour un développement propre du Protocole de Kyoto. Toutefois, le MVC et ses progrès en matière d’intégrité et de normalisation pourraient permettre de combler les lacunes qui en résultent.
La demande d’émissions volontaires de carbone a rebondi à la fin de l’année 2023, après une trajectoire baissière de l’offre tout au long de l’année
Offre (émissions) et demande (retraits) de crédits des marchés volontaires du carbone (en millions de crédits carbone)- Au total, 248 millions de crédits ont été émis en 2023, soit 10 % de moins qu’en 2022 (277 millions de crédits). Vingt millions de crédits ont été émis en moyenne chaque mois, soit trois millions de moins par mois que l’année précédente. Les tendances en matière d’émission sont le reflet de la persistance des inefficiences des projets des registres et de leur vérification, dans un contexte d’incertitude accrue des MVC au cours d’une année de transition pour les orientations et les normes en matière de qualité de crédit. Certains porteurs de projets pourraient avoir décidé de reporter la vérification de leur projet en attendant que les normes de qualité soient précisées et mises en œuvre.
- Au total, 164 millions de crédits ont été retirés en 2023, soit 15 % de plus qu’en 2022 (154 millions de crédits). Quatorze millions de crédits ont été retirés en moyenne chaque mois, soit 820 000 de moins par mois que l’année précédente. Malgré la volatilité des retraits tout au long de l’année 2023, le mois de décembre a permis de clôturer l’année en beauté avec un record mensuel historique de 37 millions de crédits retirés. Le record précédent des deux dernières années avait été atteint en décembre 2022 avec le retrait de 25 millions de crédits. Le mois de décembre est généralement celui où les entreprises effectuent leurs achats de crédits de fin d’année pour clôturer leurs rapports annuels sur les émissions.
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La part des solutions axées sur la nature dans la demande totale de crédit a augmenté, tandis que leur part dans l’offre totale de crédits a diminué en 2023 par rapport à 2022
Émissions et retraits mensuels de crédits du marché volontaire du carbone par type de projet (en millions de crédits carbone)
- Par rapport à 2022, les émissions de crédits de projets d’énergie renouvelable ont gagné une plus grande part de marché, tandis que la part des émissions de solutions axées sur la nature (NBS) a diminué. Sur les 248 millions de crédits émis en 2023, 59 % étaient des crédits d’énergie, 28 % des crédits NBS et 6 % étaient d’autres types de crédit (notamment des projets de destruction du méthane ou de gaz industriels).
- Les retraits de crédits NBS ont gagné du terrain en 2023 par rapport à la part des crédits d’énergie demandés. Sur les 164 millions de crédits retirés en 2023, 47 % étaient des crédits d’énergie, 38 % des crédits NBS et 13 % étaient d’autres types de crédits (destruction de méthane et de gaz industriels).
- En 2023, les nouvelles émissions de NBS ont atteint en moyenne un peu moins de 6 millions de crédits par mois, soit 23 % de moins qu’en 2022. Cette baisse pourrait être le reflet des inefficiences persistantes des registres et des processus de vérification, mais pourrait aussi être le fait de retards intentionnels d’émission par les propriétaires de projets en raison des incertitudes du marché.
- Les retraits de NBS se sont élevés en moyenne à plus de 5 millions de crédits par mois, soit 35 % de plus qu’en 2022. Cette augmentation pourrait être imputable à la préférence croissante des entreprises acheteuses pour les crédits NBS dans le cadre de leur engagement en faveur de l’action climatique.
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Tendance à la baisse des prix des marchés volontaires du carbone en 2023
- Les indices des MVC sont restés sur leur trajectoire baissière en 2023, reflétant la prudence et l’incertitude des acheteurs, ainsi que l’abondance de l’offre de crédits de millésimes plus anciens. La préférence pour les crédits de meilleure qualité s’impose comme un facteur important de la demande et des prix.
- L’indice des prix de Gold Standard et Verra a chuté de 58 % en 2023, tandis que les crédits basés sur la nature et la foresterie chutaient de 49 %, l’indice Allied Offsets 500 de 35 %, les projets nord-américains de 36 % et les crédits de projets CAR et ACR de 35 %.
- L’indice des prix nord-américains, qui reflète pour l’essentiel les projets enregistrés auprès du CAR et de l’ACR, a maintenu une prime mensuelle moyenne de 4,60 $ par rapport à l’indice des prix du Gold Standard et de Verra en 2023.
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Les prix du marché de conformité ont augmenté dans l’ouest des États-Unis, mais ont eu tendance à baisser en Australie et en Nouvelle-Zélande
Prix du carbone des marchés de conformité, de janvier 2023 à décembre 2023 ($/tonne)- California Air Resources Board (CARB): les prix des unités d’émission de carbone de la Californie (CA Allowances) ont eu tendance à augmenter tout au long de 2023, commençant à 30,33 $/tonne en février et finissant à 38,73 $ en novembre, soit une augmentation de 22 %. L’année 2023 a été l’occasion du premier échange de crédits compensatoires ayant un bénéfice environnemental direct (BED) (CA CC08 DEBs) – qui fournissent des BED à l’État de Californie – avec des prix jusqu’à deux fois supérieurs à ceux des compensations sans BED (CA CC08 Non-DEBs) tout au long de l’année. Les augmentations de prix des quotas d’émission de carbone au cours du second semestre 2023 ont été influencées par les ateliers informels de réglementation organisés par le CARB, qui ont laissé entrevoir des réductions à venir des budgets de plafonnement et d’échange d’émissions et de fortes augmentations des prix des unités d’émission de carboned’ici à 2040.
- Programme de plafonnement et d’investissement de Washington (Washington) : la première enchère de quotas de carbone dans l’État de Washington s’est soldée par un prix de 48,50 dollars en février 2023, après une période de découverte des prix après le lancement du programme. Les transactions au comptant sur le marché secondaire se sont négociées bien au-dessus des prix du premier et second niveau de la réserve de stabilisation (51,90 $ et 66,68 $ respectivement) pendant la majeure partie du premier semestre de l’année. Le ministère de l’Écologie de l’État de Washington a proposé de modifier la réglementation et a organisé deux enchères d’urgence afin de contrôler les prix, se préparer à un éventuel lien avec le programme californien de plafonnement et d’échange et pour augmenter l’offre de quotas. Ces changements ont calmé le marché et pourraient avoir dissuadé les spéculateurs d’y participer.
- Fonds d’échange de quotas d’émission d’Australie (AU ERF) : au cours du premier semestre de 2023, les prix des crédits carbone australiens ont augmenté pour se fixer dans une fourchette de 24 à 25 dollars après l’approbation du « Safeguard Mechanism » (mécanisme de sauvegarde), l’approche de l’Australie en matière d’objectifs et d’allocations de réduction des émissions et après l’adoption des recommandations à la suite de l’examen indépendant réalisé par Chubb. À partir du mois de juillet, les prix ont commencé à évoluer à la baisse entre 19,50 et 21 dollars, en raison de l’arrivée sur le marché d’importants volumes de crédits et d’une baisse de la demande.
- Système néo-zélandais d’échange de quotas d’émission (NZ ETS) : au début de 2023, les prix des unités d’émission néo-zélandaises (NZU) ont commencé à baisser, le gouvernement ayant décidé de ne pas augmenter le prix de déclenchement de la réserve des réductions de dépenses du système d’échange (cette réserve est constituée d’un volume déterminé de NZU devenant disponible lorsqu’un prix de déclenchement est atteint). Ce faisant le gouvernement a suivi la recommandation de la commission sur le changement climatique et le prix des NZU est tombé à 28,86 dollars en juillet. Au cours de l’année, aucune des ventes aux enchères trimestrielles de NZU organisées par le gouvernement n’a atteint le prix de réserve confidentiel, si bien que près de 15 millions de NZU n’ont pas été négociés et ont été annulés par la suite. Les prix ont commencé à augmenter en août, mais le marché est resté prudent en raison de l’incertitude liée aux élections d’octobre, ou le Parti national de Nouvelle-Zélande a remporté la majorité des sièges. La législation relative au système d’échange de quotas d’émission ne devrait guère être modifiée à court terme.
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