Actions asiatiques en 2022 : occasions dans un marché divergent

Tout au long de la pandémie de COVID-19, l’an dernier et en 2021, nous avons prévu une divergence des rendements sur les marchés boursiers asiatiques. En 2020, les marchés de l’Asie du Nord-est qui ont mis en place des mesures de contrôle de la contagion plus rigoureuses et affiché des taux de vaccination relativement plus élevés ont dominé la région, tandis que les pays de l’ANASE¹ ont tiré de l’arrière en raison de leurs fortes concentrations de populations urbaines, de leur accès limité aux vaccins et de leurs infrastructures de soins de santé moins développées.

En ce qui concerne le rendement des marchés régionaux depuis le début de l’année (au 21 décembre 2021), cette dynamique a subi certains changements. Certains marchés de l’Asie du Nord, comme Taïwan, ont continué d’enregistrer des rendements supérieurs grâce à d’importantes exportations liées aux technologies. Cependant, la Corée du Sud et la Chine ont été confrontées à de plus grands défis, cette dernière pour des raisons particulières liées à une série d’obstacles réglementaires très médiatisés. L’Inde a également enregistré des résultats impressionnants en 2021, grâce à la vigueur de l’économie après une forte vague de COVID-19 au premier trimestre. Enfin, la plupart des marchés de l’ANASE (à l’exception de Singapour) sont restés à la traîne de la région en 2021, les restrictions en matière de mobilité et les crises récurrentes liées à la COVID-19 ayant empêché un rebond vigoureux.

Rendement des marchés boursiers asiatiques en 2021 (DDA)

Source : Bloomberg, au 21 décembre 2021. DDA signifie depuis le début de l’année.

Environnement macroéconomique de l’Asie – faits saillants pour 2022

COVID-19

Dans le contexte de la propagation du variant Delta, un nombre croissant d’économies asiatiques, surtout en Asie du Sud-Est, ont atteint une masse critique avec leur programme de vaccination. À mesure que l’Asie du Sud-Est adopte la stratégie visant à vivre avec la COVID-19, la sous-région pourrait également mettre en place des stratégies de réouverture. Si les gouvernements tirent profit de cette occasion et gèrent la pandémie sans confinement, cela pourrait stimuler la croissance du secteur des services et de la consommation. Il y aura des exceptions, notamment en Chine et dans la ZAS de Hong Kong, qui continueront de maintenir une stratégie d’éradication de la COVID-19.

Taux de vaccination en Asie

Cela dit, la menace de nouvelles vagues de la pandémie devrait se dissiper, car la plupart des pays et territoires de la région devraient atteindre un taux de vaccination d’environ 80 % d’ici la fin de 2021. Après deux ans de lutte contre la propagation du virus et de contrôle de celle-ci, les gouvernements de la région ont acquis une meilleure compréhension de la façon et du moment de mettre en place des restrictions à la frontière, des contrôles communautaires et un confinement. Divers gouvernements administrent des injections de rappel pour améliorer le niveau d’immunité global alors que le variant Omicron est considéré comme contagieux, mais ayant des effets moins graves. Nous espérons que les répercussions de la COVID-19 seront réduites en 2022 et que la COVID-19 se transformera au cours des prochaines années pour passer d’une pandémie à une endémie.

Réduction des mesures de relance aux États-Unis

Le resserrement de la Réserve fédérale américaine (Fed) est imminent : le processus de réduction des mesures de relance de la banque centrale américaine a commencé à la fin de 2021 et devrait prendre fin à l’été 2022. Une hausse des taux pourrait suivre à la fin de 2022 ou en 2023. La normalisation des politiques monétaires et budgétaires mérite un suivi attentif, mais n’est pas préoccupante à ce stade. Les indicateurs de stabilité macroéconomique de la plupart des économies asiatiques, comme les taux réels, les écarts de taux réels, l’inflation, le solde du compte courant et les réserves de change, sont à des niveaux qui ne constitueraient pas un risque immédiat en cas de resserrement important de la politique monétaire à court terme. En bref, la plupart des économies asiatiques se portent mieux qu’en 2013, lorsque la Fed a annoncé la réduction de son programme d’assouplissement quantitatif. À moins que ne survienne une réduction accélérée, l’Asie semble bien préparée à cette normalisation.

Exposition à la croissance de la Chine

Il convient de noter qu’à mesure que l’économie de la Chine ralentit, les économies les plus exposées aux variations de sa croissance, comme Taïwan et la Corée du Sud, devraient ressentir des effets plus importants, car la demande des marchés développés passera simultanément des biens aux services. Cela dit, dans la foulée de la réouverture des marchés en 2021, les dépenses de consommation dans les pays développés ont commencé à se rééquilibrer, passant des biens aux services, un processus qui marque le début de la normalisation de la croissance du commerce mondial. Nous en tiendrons compte lorsque la Chine commencera à assouplir sa politique pour atténuer le ralentissement.

Les politiques de décarbonisation de la Chine, ainsi que les perturbations causées par les conditions météorologiques, ont fait grimper les prix de l’énergie, ce qui présente des risques de hausse de l’inflation. Les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement ont également duré plus longtemps que prévu, ce qui a exercé des pressions sur l’approvisionnement et le coût des biens. Face à cette situation, certaines banques centrales adoptent un ton plus ferme, mais nous n’en sommes pas à une stagflation. De plus, l’Asie du Sud-Est a toujours la capacité d’absorber l’inflation induite par la demande, la menace d’une inflation galopante étant relativement faible.

Croissance

Il est important de mettre les choses en perspective. Les trois facteurs macroéconomiques susmentionnés représentent sans aucun doute des obstacles à la croissance en Asie. Cependant, leurs répercussions devraient être ressenties différemment en Asie du Nord et en Asie du Sud-Est. Ainsi, nous nous attendons à ce que la croissance du PIB ralentisse en Chine, passant de 8 % en 2021 à environ 5 % en 2022, ce qui est inférieur aux prévisions de croissance en Asie du Sud-Est. Nos perspectives encourageantes à l’égard de l’Asie du Sud-Est sont renforcées par une croissance prévue de 6 % à 7 % en Inde.

La croissance économique de l’ANASE devrait surpasser celle de la Chine en 2022

Source : Bloomberg, au 21 décembre 2021. Les données de 2021 et de 2022 sont des estimations consolidées de Bloomberg.

Notre optimisme à l’égard de l’Asie du Sud-Est est renforcé par les taux réels plus élevés offerts par les principales économies de la région, à savoir l’Indonésie et l’Inde, qui attirent les capitaux.

Taux réels en Asie (%) 

Source: Bloomberg, au 18 décembre 2021. 

Rôles stratégiques de l’Asie du Sud-Est et perspectives pour 2022

Nous croyons que l’Asie du Sud-Est sera un bénéficiaire stratégique des tensions précédentes entre la Chine et les États-Unis, du moins à moyen terme, car des investissements directs étrangers pourraient être réalisés dans certains secteurs. Il s’agit notamment des fournisseurs de batteries en Indonésie, des fabricants d’automobiles en Thaïlande et de la chaîne d’approvisionnement des technologies de l’information (TI) en Malaisie.

Bien que l’intégration physique de l’ANASE ait été décevante, l’intégration numérique au sein du bloc est plus encourageante. À l’heure actuelle, plus de 30 grandes licornes technologiques devraient être inscrites, et ce processus devrait s’étendre aux technologies financières, aux fournisseurs de services logistiques et aux acteurs du commerce électronique.

Ces sociétés ont certaines caractéristiques en commun :

1. Les secteurs d’activité de bon nombre de ces licornes s’adapteront plus facilement à la régionalisation.
2. Contrairement aux secteurs traditionnels, le commerce électronique, Internet et les jeux en ligne sont moins réglementés.
3. Les gouvernements de l’ANASE sont moins préoccupés par la réglementation des grandes sociétés technologiques.

Les perspectives à court terme de l’ANASE devraient s’améliorer à mesure que les économies rouvriront, la plupart des pays du bloc assouplissant leurs restrictions en matière de déplacements et de voyage, quoique graduellement. Sur le plan stratégique, l’Asie du Sud-Est devrait jouer un rôle important dans la trajectoire économique de l’Asie après la pandémie. L’initiative « China Plus One » a encouragé les sociétés multinationales à diversifier leurs secteurs d’activité et leurs bases de production dans les marchés régionaux.

En Indonésie, la hausse des prix des marchandises (charbon et huile de palme) sera soutenue par une consommation intérieure plus saine. En tant que quatrième fournisseur mondial de nickel, l’Indonésie est également bien positionnée dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques. En outre, l’économie numérique du pays connaît une forte croissance interne, avec une hausse de la demande de fournisseurs de technologies financières, d’entrepôts de logistique et de services connexes.

L’économie de la Malaisie s’oriente également vers une réouverture progressive, d’où l’élan observé dans le secteur local des technologies. Même si la hausse des salaires nuit aux bénéfices des sociétés, elle peut stimuler la demande intérieure. Par ailleurs, en Thaïlande, les taux d’infection et d’hospitalisation diminuent. L’annonce de voyages sans quarantaine montre que la reprise des activités touristiques demeure essentielle pour l’économie thaïlandaise, qui est actuellement soutenue par le secteur des exportations.

L’Inde demeure une solution de placement local et ascendant où la réglementation est stable. Nous nous attendons à ce que l’activité économique continue de s’améliorer à mesure que les taux de vaccination augmentent. La reprise du pays est bien soutenue par une foule de réformes structurelles, y compris un faible taux d’imposition des sociétés, des réformes fiscales indirectes et la loi sur la faillite. Ces progrès, combinés aux politiques gouvernementales en matière de formalisation, de numérisation et de relance du secteur manufacturier, devraient entraîner une croissance à long terme. La substitution des importations jouera un rôle important dans la politique « Fabriqué en Inde » en 2022 et, par conséquent, elle offrira des occasions de placement. Ces sociétés devraient également profiter de la reprise économique en cours et de la délocalisation de la production hors de la Chine.

Les facteurs de croissance structurelle de l’Asie du Nord pourraient s’accentuer en 2022

Les facteurs de croissance structurelle en Asie évolueront autour de deux thèmes clés :

• L’augmentation de la consommation et les plans de décarbonisation de la Chine
  Comme nous l’avons mentionné, nous pensons qu’il y aura un ralentissement de la croissance à court terme en Chine à mesure que les modèles d’affaires s’harmoniseront avec les objectifs du gouvernement en matière de prospérité commune. En général, nous nous attendons à ce que les bénéfices des sociétés disposant d’une marque réputée et d’un pouvoir élevé de fixation des prix dans le secteur des exportations surclassent ceux des sociétés exposées uniquement à la demande intérieure. En ce qui concerne l’augmentation de la consommation, nous croyons que les gagnants seront ceux qui peuvent s’adapter rapidement aux goûts du marché local. Nous avons vu des marques locales acquérir les parts de marché de marques étrangères dans de nombreuses catégories, comme les vêtements de sport, les soins de la peau et les cosmétiques. De la valeur émerge de quelques grands noms du secteur d’Internet, et une grande partie du risque réglementaire lié à ce secteur est actuellement prise en compte. Par ailleurs, nous continuons de privilégier les sociétés qui tirent parti des plans de décarbonisation de la Chine. Nous repérons de bonnes occasions de placement dans le secteur de l’énergie renouvelable, qui jouit d’une priorité stratégique en matière de financement public. La construction de systèmes éoliens et photovoltaïques a déjà été accélérée, grâce au rythme élevé des obligations gouvernementales et au soutien politique favorable. Cependant, nous serons plus sélectifs à l’avenir, car la hausse des prix des matières premières pour l’énergie de remplacement pourrait freiner le rythme des investissements dans ce secteur. 
  
• L’augmentation de la demande liée aux TI, qui conduira à une migration vers les puces de pointe 
  La Corée du Sud et Taïwan devraient continuer de générer de la valeur dans la chaîne d’approvisionnement technologique. Avec le déploiement de la technologie 5G et l’adoption croissante des voitures électriques, les puces devront être plus puissantes, plus rapides et mieux résister à la chaleur. Par conséquent, nous nous attendons à ce que la demande évolue et passe des puces mémoires DDR4 aux puces mémoires DDR5. À Taïwan, nous observons des changements dans la façon dont les caractéristiques des puces peuvent être améliorées, grâce à l’utilisation de nouveaux matériaux et aux emballages de pointe. Par ailleurs, la croissance des sociétés technologiques en Corée du Sud sera favorisée par la demande structurelle à long terme d’une mémoire et d’une puissance de traitement informatique plus élevées, et par le passage structurel aux batteries de véhicules électriques et aux services de technologie financière. 

1 « ANASE » s’entend de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, une union économique composée de 10 États membres en Asie du Sud-Est. « ANASE-5 » s’entend de l’Indonésie, de la Malaisie, des Philippines, de la Thaïlande et du Vietnam.