Quels facteurs influent réellement sur les perspectives des banques américaines? Principaux paramètres à surveiller
Le 31 juillet, la Réserve fédérale américaine (la « Fed ») a réduit son taux directeur d’un quart de point pour l’amener juste en dessous de 2,25 % – sa première baisse en plus d’une décennie – afin de stimuler l’économie américaine au moment où apparaissaient les premiers signes de ralentissement mondial.
Le revenu net d’intérêts est un important moteur de croissance du revenu pour le secteur bancaire américain qui profite de plusieurs catalyseurs positifs, malgré la baisse des taux d’intérêt
L’évolution du contexte des taux d’intérêt – dans lequel on ne s’attend plus à des hausses de taux d’intérêt, mais plutôt à des baisses – a entraîné un revirement certain du niveau de confiance à l’égard des perspectives des banques américaines. À notre avis, le marché croit à tort que le secteur bancaire américain est susceptible de voir ses revenus diminuer en raison de la baisse des taux et de la réduction des marges nettes sur les intérêts des banques, soit un important paramètre financier qui permet de calculer la différence entre le revenu en intérêts qu’une banque tire de ses activités de prêt et le montant des intérêts versés aux déposants, comparativement au montant de ses avoirs productifs. Des taux supérieurs auraient certes favorisé les bénéfices des banques, mais les données fondamentales de ces dernières demeurent solides, selon nous, et nous nous attendons à ce que le secteur affiche une croissance des bénéfices variant entre 5 % et 9 % en 2019 et 2020. Malgré une croissance du bénéfice par action supérieure à celle du marché en général, mesurée par l’indice S&P 500, les titres du secteur bancaire se négocient à des cours nettement inférieurs aux cours historiques et à ceux du marché en général.1
Lien étroit entre les bénéfices des banques et les taux d’intérêt
De 2009 à 2015, le taux des fonds fédéraux a avoisiné 0 %, et les banques n’étaient pas tellement incitées à couvrir les variations futures des taux. Cette réalité a eu des répercussions sur les bilans de l’ensemble du secteur, qui sont devenus sensibles à l’actif; autrement dit, l’actif d’une banque bénéficiait davantage de la hausse des taux que son passif. Depuis 2015, les bénéfices des banques ont été augmentés par la décision de la Fed de renoncer à sa politique de taux d’intérêt zéro. Bien que le secteur demeure sensible à l’actif, le récent changement de politique monétaire a incité les banques à couvrir leurs bilans, et bon nombre d’entre elles ont commencé à réduire cette sensibilité en ajoutant des couvertures de taux d’intérêt. De plus, après avoir augmenté les taux d’intérêt créditeurs dans un contexte de hausse des taux, les banques ont maintenant la possibilité de les réduire. Nous pensons que ces deux décisions contribueront à protéger les marges nettes sur les intérêts des banques et les perspectives de ces dernières, ce qui atténuera les effets négatifs des baisses de taux.
En comparant à long terme la moyenne des marges nettes sur les intérêts de l’ensemble du secteur bancaire américain au taux des fonds fédéraux, il est évident que la moyenne s’est accrue et que le secteur a gagné du terrain après que la Fed a relevé ses taux en 2015 pour mettre un terme à sa politique de taux d’intérêt zéro, qui était en vigueur depuis une longue période. Il faut également souligner qu’il n’existe pratiquement aucune corrélation entre les marges nettes sur les intérêts du secteur bancaire et l’évolution du taux des fonds fédéraux à long terme, car les banques visent généralement une position plus neutre sur le plan de l’actif, comme elles l’ont fait récemment.
Compte tenu du changement apporté à la politique monétaire par la Fed, il est utile d’examiner l’incidence que la baisse des taux a eue par le passé sur le revenu net d’intérêts du secteur bancaire. (Le revenu net d’intérêts, qui constitue un indicateur de mesure clé de la croissance des revenus des banques, correspond au revenu d’intérêts qu’une banque touche sur son actif moins les frais d’intérêt qu’elle paie sur son passif.)
Les données historiques montrent l’existence d’une relation non linéaire entre le revenu net d’intérêts du secteur et sa marge nette sur les intérêts moyenne. En fait, les banques américaines ont constamment accru leur revenu net d’intérêts dans les années 1990 et au début des années 2000, malgré la baisse des marges nettes sur les intérêts.2 Durant cette période, les investisseurs du secteur bancaire ont obtenu des rendements élevés; l’indice composé S&P 1500 des banques a en effet affiché un rendement annualisé de 19,3 % de mars 1994 à mars 2001, période au cours de laquelle la marge nette sur les intérêts du secteur a reculé de 115 points de base.3
Au lieu de nous pencher uniquement sur l’incidence que le taux des fonds fédéraux et les marges nettes sur les intérêts auront sur les revenus des banques américaines, il faut, selon nous, évaluer la forte corrélation entre le revenu net d’intérêts et la croissance du total des prêts pour analyser cette incidence sur la croissance des revenus. Depuis 1985, la seule fois où le revenu net d’intérêts a baissé remonte à la période consécutive à la crise financière de 2007-2008, lorsque les entreprises et les consommateurs ont réduit leur niveau d’endettement et que le total des prêts a diminué.2 Cette tendance s’est poursuivie jusqu’en 2011, lorsque les emprunteurs et les banques ont finalement recommencé à investir après avoir joué la carte de la prudence après la crise. La relation entre ces deux éléments s’est maintenue, si bien que, quand le total des prêts a augmenté, le revenu net d’intérêts s’est remis à progresser. L’effet de capitalisation des prêts sur le bilan des banques constitue une source de revenus très prévisible et stable, ce qui a toujours été, à notre avis, un facteur clé dans l’évaluation des banques.
À court terme, nous ne prévoyons pas de scénarios dont l’ampleur serait équivalente à celle de la crise financière de 2007-2008. Historiquement, les graves récessions freinant la croissance du total des prêts et du revenu net d’intérêts ont été extrêmement rares : la seule qui a pu être observée au cours des 100 dernières années s’est produite pendant la Grande Dépression, lorsque le revenu net d’intérêts du secteur a diminué sur une longue période.2 Selon nous, la politique monétaire de la Fed, qui consiste à réduire les taux d’intérêt dans une économie déjà vigoureuse, devrait contribuer à prolonger la période d’expansion actuelle et, par conséquent, à soutenir la croissance des prêts. La croissance sectorielle des prêts a été solide récemment : elle s’est établie en moyenne à 5 % sur douze mois depuis la fin de 2016.2 Nous estimons qu’il s’agit d’une croissance saine compte tenu de la conjoncture économique et qu’elle pourra se poursuivre tant que l’économie continuera de croître.
Principal paramètre à surveiller : revenu net d’intérêts
Bien évidemment, un environnement dans lequel les marges nettes sur les intérêts sont en hausse est plus attrayant pour nous qu’un environnement dans lequel elles sont en baisse. Toutefois, nous croyons que les investisseurs devraient s’intéresser au revenu net d’intérêts, un important moteur de croissance des revenus des banques américaines. De nombreux catalyseurs positifs sous-tendent les perspectives des banques américaines : une croissance solide des prêts dans un contexte de crédit stable, la volonté de contrôler les dépenses et de créer un levier d’exploitation, et le maintien d’une saine gestion du capital, qui comprend notamment le rachat d’actions et les dividendes.
Conclusion
Compte tenu de ces facteurs, le secteur devrait continuer, selon nous, à affiche une croissance du bénéfice par action de 5 % à 9 % en 2019 et en 2020. Le secteur bénéficie toujours d’un avantage structurel, étant donné la tendance à long terme à la consolidation, les activités de fusions et d’acquisitions continuant de profiter largement aux investisseurs du secteur bancaire, à notre avis. Les banques américaines ne sont pas à l’abri des risques actuels, comme les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et le récent ralentissement de l’économie mondiale, ni du fait que les taux d’intérêt américains demeurent relativement faibles par rapport aux taux historiques. Cependant, nous croyons que les banques américaines peuvent offrir une occasion de placement intéressante, compte tenu de leurs données fondamentales solides et de leur sous-valorisation actuelle par rapport à leurs propres données historiques et à l’ensemble du marché.
La volatilité accrue des marchés boursiers pourrait persister en raison du contexte géopolitique actuel et des préoccupations macroéconomiques mondiales. Cela dit, nous sommes d’avis qu’il est toujours important de centrer notre attention sur l’économie nationale, car elle stimule à la fois la croissance des prêts et les frais de crédit. À notre avis, l’expansion aux États-Unis devrait se poursuivre, ce qui favorisera le secteur bancaire américain au cours des prochaines années.
1 SNL Financial, FactSet, août 2019. 2 Federal Reserve Bank of St. Louis, août 2019. 3 FactSet, Gestion de placements Manuvie, août 2019. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice.
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