COVID-19 : Le marché interprète-t-il bien les données?
Dans l’ensemble, il nous semble y avoir plus de raisons d’être pessimistes que d’être optimistes considérant l’état de la pandémie mondiale de coronavirus. Malgré les progrès considérables accomplis du côté des traitements et des vaccins, ils ne résoudront probablement pas tous les problèmes qu’a causés ce virus, et la dévastation économique pourrait durer plus longtemps qu’on le pense.
D’abord, les mauvaises nouvelles : l’agent pathogène parfait, un symptôme moins connu, un nombre de cas accru et des travailleurs épuisés
Selon la modélisation d’un important fabricant de produits pharmaceutiques, le nombre réel de cas à l’échelle mondiale, à la fin de juillet, était d’environ 90 millions, soit environ six fois le nombre de cas diagnostiqués. Le modèle prévoit que d’ici la fin de 2021, il y aura entre 300 millions et 2 milliards de cas, ce dernier chiffre représentant environ un quart de la population mondiale. La société estime que la situation mondiale devrait commencer à s’améliorer vers la fin de 2020, pour atteindre une certaine forme de normalité d’ici le milieu de 2021¹. Cela dit, la COVID-19 fera partie du quotidien, possiblement pendant encore de nombreuses années. Si le virus devient endémique, comme la grippe, les lymphocytes T mémoire devraient permettre de créer une certaine une immunité collective puisque ces globules blancs continuent de combattre les antigènes une fois l’infection disparue.
La facilité de transmission et les problèmes respiratoires le plus souvent associés à la COVID-19 ne sont pas les seuls problèmes. Un symptôme critique, mais peu mentionné, est l’hypercoagulation, une condition qui cause l’épaississement du sang et qui nécessite l’utilisation d’anticoagulants pour réduire l’incidence de caillots. Outre les symptômes, certains ont pu sous-estimer le fait que les travailleurs de la santé sont une ressource limitée. Le virus a épuisé le personnel infirmier, les techniciens et les médecins, au point où les décès et les cas sont probablement sous-évalués dans le secteur de la santé. Un anesthésiste américain qui a commencé à compiler le nombre de décès chez les travailleurs de la santé américains à partir de sources indépendantes en mars a recensé plus de 1 000 décès, comparativement au total officiel de 625 décès du CDC².
Pourquoi les États-Unis, qui représentent 4 % de la population mondiale, comptent-ils un quart des cas?
Sans se livrer à une analyse des complications politiques, il se peut que les comportements dangereux y soient plus tolérés que dans d’autres pays, en raison d’un manque d’application, d’obligation et d’incitatifs financiers. Par exemple, un citoyen britannique qui revient d’un voyage aux États-Unis doit signer un formulaire à son retour au pays, dans lequel il s’engage à s’isoler pendant 14 jours, mais il ne s’agit pas d’un simple régime de confiance. Des inspecteurs se rendront à son domicile au Royaume-Uni pour s’assurer qu’il respecte l’isolement et imposeront des amendes s’il ne suit pas les protocoles. L’épicerie et les autres produits essentiels devront lui être apportés.
Bientôt de meilleurs tests
Au cours des dernières semaines, BD, Quidel et Abbott Laboratories ont réalisé des progrès importants en matière de tests à antigènes. Le test de réaction en chaîne par polymérase (PCR) a été le test de dépistage standard pendant la pandémie. Il obtient d’excellents résultats pour ce qui est de sa sensibilité à détecter les cas positifs, mais il peut aussi indiquer des résultats positifs lorsque les personnes ne sont plus infectieuses, entraînant des périodes d’isolement inutiles. Les nouveaux tests à antigènes ne sont pas aussi précis pour détecter les cas positifs, mais ils sont pratiquement parfaits pour la détection des cas négatifs. Autre fait important, les tests PCR prennent souvent plusieurs jours, ce qui les rend essentiellement inutiles. Les tests à antigènes ne prennent qu’une quinzaine de minutes.
Perspectives emballantes et sans doute exagérées des vaccins
Le monde entier travaille à trouver des vaccins efficaces. Des quelque 200 vaccins en développement, nous pensons que cinq pourraient se concrétiser, dont un ou deux peut-être d’ici la fin de l’année. Le fabricant de médicaments Pfizer espère avoir un vaccin approuvé dès octobre, mais beaucoup sont sceptiques. Pour qu’un vaccin soit approuvé, il doit avoir été testé sur environ 30 000 patients à risque, et les résultats positifs obtenus jusqu’à présent ne portent que sur de petits groupes. Il est essentiel de trouver des foyers d’infection permettant de réaliser des tests efficaces afin d’obtenir des résultats valables. En règle générale, le développement de vaccins prend de cinq à sept ans – et non de cinq à sept mois – sans compter le grand nombre d’affections pour lesquelles il n’existe pas de vaccin (p. ex., le rhume et le VIH). Cependant, l’ampleur des ressources déployées pour combattre ce virus est sans précédent. Le gouvernement s’est engagé à verser 2 milliards $ à Pfizer à la conclusion d’essais de vaccins réussis, une somme qui semble raisonnable puisqu’elle équivaut à environ 40 $ par traitement.
Même si des vaccins sont approuvés, il faudra voir qu’elle en sera l’efficacité et la durée – d’aussi peu que six mois peut-être. Rappelons-nous que l’an dernier, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont mesuré l’efficacité du vaccin contre la grippe, estimée à 45 %³. À cela s’ajoute les considérations liées à la production : un vaccin à double dose pourrait nécessiter 15 milliards de doses à l’échelle mondiale. Les défis posés par la production et la distribution seront immenses.
Bonnes nouvelles en matière de traitement
L’antiviral Veklury, ou remdésivir, permet de ralentir la progression du virus et de réduire les décès. La demande pour ce médicament atteint des sommets et Gilead Sciences, son fabricant, le vend aussi vite qu’il le produit. La dexaméthasone, fabriquée par de nombreux laboratoires, dont Pfizer, aide à diminuer l’inflammation respiratoire et permet de réduire le nombre de patients devant être intubés. Les taux de mortalité aux États-Unis semblent se stabiliser à des niveaux inimaginables, mais les chiffres suggèrent que les schémas thérapeutiques se sont considérablement améliorés.
Malheureusement, le plasma de convalescent, qui avait suscité beaucoup d’espoir, n’a pas obtenu des résultats convaincants dans une étude de la Clinique Mayo, même si la FDA l’a approuvé en cas d’urgence⁴. Le Dr Scott Gottlieb, ancien chef de la FDA, a déclaré que le plasma de convalescent avait « probablement un faible effet bénéfique »5.
Répercussions économiques toujours sérieuses
Il est difficile d’imaginer comment la pandémie pourrait ne pas continuer à malmener l’économie, même si l’accès à un vaccin efficace pourrait certainement injecter une dose d’enthousiasme, si vous me permettez le jeu de mots. Apple se porte peut-être bien, mais beaucoup de clients, sans travail ou craignant de perdre leur emploi, pourraient remettre en question l’achat d’articles coûteux, comme un nouveau iPhone. Les petites entreprises continueront d’être en péril dans un avenir prévisible. Comme l’a écrit Frances Donald, économiste en chef, Monde à Gestion de placements Manuvie, « bien que le marché ait probablement évalué une certaine probabilité d’une deuxième vague d’éclosion de COVID-19, nous ne pensons pas qu’il ait correctement pris en compte une deuxième vague économique potentielle au cours des trois à six prochains mois »⁶.
1 Pour une comparaison, voir « CDC says COVID-19 cases in U.S. may be 10 times more than reported », nbcnews.com, juin 2020. 2 CBS News, août 2020. 3 cdc.gov, février 2020. 4 mayoclinic.org, août 2020. 5 Transcription de la présentation du Dr Scott Gottlieb sur le coronavirus « Face the Nation », août 2020. 6 Perspectives économiques : facteurs favorables et défavorables sur le plan macroéconomique, Gestion de placements Manuvie, 26 mai 2020.
Renseignements importants
Une crise généralisée dans le secteur de la santé, comme une pandémie mondiale, pourrait entraîner une forte volatilité des marchés, la suspension et la fermeture des opérations de change, et affecter le rendement du portefeuille. Le nouveau coronavirus (COVID-19) perturbe ainsi considérablement les activités commerciales à l’échelle mondiale. Les répercussions d’une crise sanitaire, ainsi que d’autres épidémies et pandémies susceptibles de survenir à l’avenir, pourraient avoir des conséquences sur l’économie mondiale qui ne sont pas nécessairement prévisibles à l’heure actuelle. Une crise sanitaire peut exacerber d’autres risques politiques, sociaux et économiques préexistants. Cela pourrait nuire au rendement du portefeuille, ce qui entraînerait des pertes sur votre placement.
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