Un verre à moitié plein : il y a plusieurs années que les obligations n’avaient offert de valeurs aussi intéressantes qu’à l’heure actuelle
Il est indéniable que 2022 a malmené les marchés obligataires. Pratiquement tous les segments ont subi des baisses importantes : l’aversion pour le risque des investisseurs a fait diminuer les écarts, tandis que la hausse des taux d’intérêt a fait chuter les titres sensibles aux taux d’intérêt.
Ultimement, l’indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond a perdu un peu plus de 13 %, soit seulement la sixième année civile de perte de toute son histoire et la pire année des obligations depuis la Grande Dépression1. Avec les dommages subis, deux questions importantes demeurent toutefois pour les investisseurs : qu’est-ce qui a causé un tel effondrement et, plus important encore, comment les investisseurs devraient-ils réagir?
Le rythme des hausses de taux a été particulièrement soutenu
Ce serait un euphémisme de dire que les deux volets du double mandat de la Réserve fédérale américaine (Fed), soit le plein emploi et la stabilité des prix, ne nécessitent pas toujours une attention égale. Le marché du travail postpandémie aux États-Unis a été, et demeure, exceptionnellement vigoureux, avec un taux de chômage qui a récemment atteint son plus bas niveau en 53 ans. L’inflation, bien sûr, a été une autre histoire.
Lorsque la Fed a commencé son cycle de resserrement actuel en mars 2022, l’inflation avait déjà augmenté de plus de 8 % sur 12 mois, et avait augmenté durant 10 des 12 mois précédents, après avoir franchi le seuil de 2 % en mars 2021. Avec le recul, la Fed a manifestement tardé à relever les taux et a probablement encore du rattrapage à faire. La trajectoire des hausses le confirme; même en 1994, le rythme des hausses de taux d’intérêt n’a pas été aussi soutenu.
Le cycle de resserrement actuel de la Fed a fait grimper les taux plus rapidement
Bien entendu, la rapidité et l’ampleur du resserrement ont directement contribué au revers des investisseurs en 2022. Les obligations n’ont tout simplement pas eu le temps de produire suffisamment de revenus pour compenser les baisses de prix qu’elles ont subies. Les taux de rendement étaient si exceptionnellement bas lorsque la Fed a commencé son cycle de resserrement – l’obligation du Trésor américain à 10 ans offrait un peu plus de 2 % – que les pertes étaient presque inévitables.
À quoi devons-nous nous attendre? Bien que nous ne tentions pas de faire des prévisions, nous imaginons qu’avec une augmentation des taux de 475 points de base déjà bien sentie, la Fed en est actuellement soit à la fin de son cycle de resserrement ou s’en approche. Bien que l’inflation se soit établie à 6 % en février, elle a ralenti chaque mois depuis juin 2022, et d’autres facteurs pourraient contribuer à la freiner. Nous ne serions pas surpris si les turbulences actuelles dans certains segments du secteur bancaire se traduisaient par des conditions de crédit plus strictes, ce qui pourrait avoir un effet de resserrement sur la masse monétaire. Même s’il reste encore une ou deux hausses de taux pour la Fed, à ce stade du cycle, nous ne pensons pas qu’éviter tout risque de durée puisse offrir beaucoup d’avantages.
Il est peu probable que les obligations à court terme produisent le même rendement que l’an dernier
Bien que la catégorie ait encore enregistré des pertes en 2022, les obligations à court terme ont été parmi les segments à revenu fixe les plus performants l’an dernier. Compte tenu de la rapidité à laquelle les investisseurs ont réduit le risque et à laquelle les taux d’intérêt ont augmenté de façon générale, ce n’est pas surprenant. Toutefois, nous croyons peu probable que le rendement relatif supérieur des titres à court terme persiste. Si l’on se reporte aux quatre derniers cycles de resserrement, la Fed a attendu entre 7 et 15 mois entre sa dernière hausse et sa baisse de taux subséquente. Même s’il est toujours possible que la situation actuelle soit différente, la Fed est rarement passée d’emblée d’une politique de resserrement à une politique d’assouplissement.
Durant ces plateaux entre les changements de politique lorsque les taux sont relativement stables, l’histoire montre que les obligations à moyen terme surpassent nettement celles à court terme. Et lorsque les taux commencent à baisser, bien sûr, ce modèle de rendement supérieur s’est généralement poursuivi : la durée aide.
Les obligations à moyen terme ont toujours dominé en période de stabilité relative des taux directeurs
Cycle de hausse des taux de la Réserve fédérale américaine | Taux des obligations du Trésor américain à 10 ans à la date de la dernière hausse des taux |
Taux des obligations du Trésor américain à 10 ans à la date de la première baisse de taux subséquente | Nombre de jours entre la dernière hausse et la première baisse | Variation du taux des obligations du Trésor américain à 10 ans (pb) | Rendement cumulatif, indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond | Rendement cumulatif, indice Bloomberg 1–3 Year U.S. Aggregate Bond |
1994–1995 | 7,66 % | 6,05 % | 155 | –161 | 10,35 % | 5,25 % |
1999–2000 | 6,43 % | 5,14 % | 232 | –129 | 11,32 % | 6,59 % |
2004–2006 | 5,22 % | 4,50 % | 446 | –72 | 9,92 % | 7,82 % |
2015–2018 | 2,79 % | 1,90 % | 224 | –89 | 7,29 % | 3,33 % |
Source : Morningstar Direct, au 31 mars 2023. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice. Cent points de base (pb) correspondent à 1 %. Voir les notes d’accompagnement pour obtenir une définition des indices. Les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs.
Si l’on se fie au passé, quel que soit l’avantage d’atténuation du risque offert par les obligations à court terme, il sera probablement de courte durée.
Un autre facteur de risque, un peu moins apprécié, se profile pour les investisseurs à court terme : le risque de réinvestissement. Si l’économie américaine entre en récession et que la Fed est forcée de commencer à réduire les taux, les investisseurs à court terme devront constamment réinvestir le produit des titres venant à échéance à des taux de moins en moins élevés, ce qui n’est certes pas attrayant. Il est également utile de souligner la rapidité avec laquelle les marchés ont évolué cette année, surtout à court terme. L’obligation du Trésor américain à 2 ans s’est négociée à 5,05 % le 8 mars; le lendemain de la dernière réunion de la Fed (le 23 mars), elle était tombée à 3,76 %. Il s’agit d’une importante fluctuation en un peu plus de deux semaines. Une baisse de taux plus précoce que prévu de la Fed créerait probablement des difficultés supplémentaires pour les investisseurs qui devaient réinvestir le capital des titres à court terme arrivant à échéance. En fin de compte, une durée plus courte dans ce contexte ne signifie pas nécessairement moins de risque.
Les taux initiaux ont toujours été un facteur important du rendement total
Bien que nous soyons convaincus de la valeur de la gestion active, certains adages s’appliquent au marché en général. L’un d’eux affirme que, toutes choses étant égales par ailleurs, des taux initiaux plus élevés sont corrélés avec des rendements totaux prévisionnels plus élevés. C’est une bonne nouvelle pour les investisseurs qui disposent de liquidités : les taux actuels dans le secteur des obligations à rendement élevé sont comparables aux creux qu’ils ont atteints en 2020, tandis que le segment des obligations de première qualité offre des taux inégalés depuis 2008. Nous croyons que ces niveaux représentent des points d’entrée extrêmement attrayants compte tenu de la vigueur de l’économie sous-jacente. Même s’il est tout à fait possible que l’économie sombre dans une récession au cours des 12 prochains mois, le ralentissement de la croissance n’a historiquement servi qu’à soutenir davantage les obligations de grande qualité, les investisseurs se détournant des actifs plus risqués.
Bien qu’en fin de compte, 2022 ait été une année historiquement difficile pour les obligations, on ne peut pas aller de l’avant en regardant dans le rétroviseur, et c’est certainement vrai pour les placements. Cela dit, nous croyons qu’il est peu probable que l’histoire se répète en 2023. Compte tenu des taux nettement plus élevés et d’un contexte économique raisonnablement solide, les obligations à moyen terme des secteurs de base et de base Plus semblent plus attrayantes aujourd’hui qu’elles ne l’ont été depuis des années, surtout par rapport aux options à court terme ou plus risquées sur le marché.
1 Bloomberg, au 31 mars 2023.
Remarque concernant les taux et les rendements totaux : La comparaison des rendements totaux prévisionnels et le taux de départ pour l’indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond au moyen de l’analyse de régression sur des périodes mobiles de 60 mois depuis 1976 révèle qu’environ 89 % de ces rendements totaux dépendent du taux de départ : plus le taux est élevé au moment du placement, plus le rendement total sur cinq ans tend à être élevé.
Définition des indices : L’indice Bloomberg 1–3 Year U.S. Aggregate Bond suit les obligations à moyenne et grande capitalisation cotées en bourse d’États américains, d’obligations de sociétés de première qualité et d’obligations internationales de première qualité libellées en dollars américains dont les échéances se situent entre un an et trois ans. L’indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond suit le rendement des obligations américaines de première qualité des marchés des titres d’État, des titres adossés à des actifs et des titres de créance de sociétés. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice.
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