Titres de créance asiatiques : trois thèmes qui contribueront à propulser les rendements
L’accélération de la dynamique au cours du premier semestre de 2024, en raison de la solidité des facteurs techniques tels qu’une offre restreinte, associée à une croissance économique robuste et à des mesures de relance supplémentaires en Chine, ont contribué à renforcer cette catégorie d’actif. Dans ce billet sur l’investissement, Murray Collis et l’équipe panasiatique des titres à revenu fixe cernent trois thèmes qui, selon eux, devraient continuer à soutenir les titres de créance asiatiques au second semestre, offrant ainsi des occasions attrayantes aux investisseurs.
Les titres de créance asiatiques ont enregistré des gains importants au cours du premier semestre de 2024, malgré l’incertitude entourant le rendement des titres du Trésor américain et les événements liés au marché, comme les élections régionales. Compte tenu des rendements globaux attrayants, les investisseurs se sont empressés d’augmenter la pondération dans les titres de créance asiatiques afin de profiter d’occasions de revenu favorables, contribuant ainsi à un resserrement généralisé des écarts de taux dans toute la région.
Les obligations asiatiques à haut rendement se sont particulièrement distinguées, avec une hausse de 11,83 % depuis le début de l’année, soit un rendement nettement supérieur à celui d’autres secteurs à revenu fixe1. Cette performance a été favorisée par l’amélioration notable de l’optimisme du marché après l’annonce par le gouvernement chinois d’une série de programmes de soutien.
Rendement des titres de créance asiatiques, depuis le début de l’année
L’aide ciblée au secteur immobilier, associée à une politique monétaire plus accommodante et à des mesures de relance de la consommation, a propulsé les rendements. Une plus grande stabilité sur les marchés frontaliers a également contribué à ces résultats. En effet, ces pays sont sortis de la crise du crédit grâce au soutien du Fonds monétaire international (FMI) et des créanciers extérieurs pour restructurer leur dette.
Par ailleurs, les obligations asiatiques de première qualité ont continué à faire preuve de résilience, ayant gagné 3,84 % sur la même période en raison du resserrement des écarts de taux et d’un catalyseur technique fort sous la forme d’une offre obligataire limitée1.
Second semestre de 2024 : trois thèmes en appui aux titres de créance asiatiques
Selon nous, jusqu’à la fin de l’année 2024, les titres de créance asiatiques sont bien placés pour continuer de composer avec un contexte macroéconomique incertain en raison de trois thèmes incontournables :
- Des données fondamentales résilientes et des taux de défaillance plus faibles
- Des changements structurels positifs dans l’univers de placement, qui conduisent à des occasions de marché plus diversifiées
- Des rendements supérieurs corrigés du risque pour la catégorie d’actif par rapport aux pairs à l’échelle mondiale
Données fondamentales résilientes et taux de défaillance plus faibles
Les titres de créance asiatiques ont fait preuve de résilience au cours des dernières années malgré les nombreux défis auxquels ils ont été confrontés, notamment l’incidence de la COVID-19 et la crise du secteur immobilier en Chine. Bien que ces événements aient marqué les années 2022 et 2023, nous pensons que le cycle du crédit dans la région a atteint son point le plus bas et qu’il offre désormais des occasions intéressantes pour les investisseurs.
Les données économiques fondamentales robustes à l’échelle régionale maintiendront la dynamique de la catégorie d’actif à l’avenir. La croissance de l’Inde et de l’Indonésie, stimulée par le déplacement des chaînes d’approvisionnement mondiales et la délocalisation croissante de l’industrie manufacturière, est convaincante. Elle devrait favoriser la dynamique régionale et mener à des révisions à la hausse de la note de crédit, malgré les inquiétudes économiques persistantes en Chine.
En effet, l’Inde a enregistré le plus fort taux de croissance parmi les grandes économies du monde en 2023, soit 7,2 %. La croissance économique de l’Asie reste la plus performante par rapport aux autres grandes régions, bien qu’elle devrait ralentir légèrement pour atteindre 4,3 % en 2025. Mais surtout, l’Asie contribue à environ 60 % du PIB mondial et demeure la région économique la plus dynamique du monde.
De plus, les taux de défaillance, historiquement élevés, devraient continuer de suivre une tendance à la baisse. L’augmentation des défaillances et l’abaissement des notes de crédit au cours des dernières années a été largement concentrée dans le secteur immobilier chinois et dans le segment des véhicules de financement des gouvernementaux locaux, tandis que le reste de la région a connu des niveaux de difficulté nettement inférieurs2.
Le taux de défaillance des obligations asiatiques à haut rendement a diminué par rapport à son niveau le plus élevé
Enfin, les économies frontalières de la région se sont quelque peu stabilisées après avoir connu des difficultés. Nous sommes d’un optimisme prudent à l’égard de ces marchés qui renouent progressivement avec la croissance. Toutefois, le retour à la normale reste semé d’embûches.
Le Sri Lanka ne devrait plus être exposé au défaut de paiement sur sa dette publique à court terme grâce au soutien du FMI et aux accords conclus avec les créanciers pour restructurer sa dette extérieure en juillet. Si la situation économique, grâce à une reprise du tourisme, s’est nettement améliorée, l’incertitude demeure à l’approche des élections présidentielles de septembre et alors que des réformes structurelles difficiles doivent être mises en place pour maintenir le programme du FMI sur la bonne voie.
Pendant ce temps, le gouvernement pakistanais nouvellement élu met en œuvre ses propres réformes structurelles afin de relever les défis budgétaires et d’obtenir un soutien supplémentaire du FMI et d’autres prêteurs bilatéraux. Toutefois, les défis politiques et les chocs extérieurs pourraient générer de la volatilité, ce qui entraverait les progrès des réformes et retarderait la mise en œuvre du programme du FMI.
Des changements structurels positifs dans l’univers de placement devraient conduire à des occasions de marché plus diversifiées
L’univers des titres de créance en Asie a connu d’importants changements structurels au cours des deux dernières années. Bien que la Chine reste le pays le plus représenté, sa pondération globale dans l’indice J.P. Morgan Asia Credit Index a été réduite à environ 34 % en raison de l’offre limitée de la Chine et des rachats nets totaux effectués par les émetteurs au cours des dernières années.
Bien que le pays doive encore jouer un rôle clé à l’avenir, d’autres économies régionales telles que l’Inde, l’Indonésie et la Corée du Sud contribueront à un marché du crédit plus diversifié3.
L’évolution de l’univers des titres de créance asiatiques
En outre, le Japon et l’Australie, des marchés traditionnellement développés, ont gagné en importance auprès des investisseurs asiatiques, notamment depuis l’introduction de l’indice J.P. Morgan Asia Credit Asia-Pacific Index en 2023. Ces titres offrent un profil économique différent de celui des autres pays de la région, ce qui permet d’accroître les possibilités de diversification.
Des rendements supérieurs corrigés du risque par rapport aux pairs à l’échelle mondiale
L’Asie est sortie de la volatilité des dernières années en préservant sa thèse d’investissement à long terme. Le marché du crédit de la région continue d’offrir des rendements corrigés du risque supérieurs à ceux des autres marchés mondiaux du crédit, ce qui rend la catégorie d’actif attrayante4.
Comparaison des rendements corrigés du risque des titres de créance mondiaux
Actuellement, les obligations asiatiques de première qualité et à haut rendement offrent également un écart de taux décent par rapport aux titres de créance américains et mondiaux, ce qui devrait permettre d’amortir la volatilité attendue des taux américains.
Sur le plan des revenus, les titres de créance asiatiques de première qualité et à haut rendement, dont les rendements sont supérieurs à 5 % et 10 % respectivement, devraient demeurer attrayants pour les investisseurs, d’autant plus que les taux à court terme devraient baisser dans le courant de l’année si la Réserve fédérale américaine procède à des réductions de taux en septembre, conformément aux attentes du marché.
Si nous considérons ces segments du point de vue du rendement total potentiel, nous préférons actuellement les titres à haut rendement, plutôt que les titres de première qualité. En effet, les valorisations qui ont cours semblent plus attrayantes par rapport aux niveaux historiques5.
Les obligations asiatiques à haut rendement à des niveaux historiquement attrayants par rapport aux obligations de première qualité
Les écarts sur les obligations à haut rendement se sont considérablement resserrés depuis que le gouvernement chinois a mis en place des mesures de soutien au secteur immobilier en octobre 2023. Cependant, l’écart de taux par rapport aux obligations de première qualité est resté à environ 500 points de base à la fin du mois de juin, ce qui demeure historiquement élevé5.
Plus précisément, en ce qui concerne le segment à haut rendement, les obligations extraterritoriales émises par le secteur immobilier chinois ont enregistré un rebond important depuis le début de l’année, à la suite des mesures prises par le gouvernement pour stabiliser le secteur. Des taux de défaillance moins élevés et une pondération beaucoup plus faibles du secteur immobilier dans l’univers des titres à haut rendement devraient avoir un effet moins défavorable sur les rendements à l’avenir. De nouvelles mesures de relance devraient également soutenir d’autres secteurs non liés à l’immobilier dans le segment à haut rendement de la Chine.
De plus, nous pensons que les obligations perpétuelles sélectionnées en Asie sont avantageuses. Elles sont prêtes à bénéficier d’un cycle de réduction des taux américains et d’un fort accès des émetteurs à des financements alternatifs sur les marchés locaux. Selon nous, les obligations perpétuelles pourraient se redresser, car il devient plus économique pour les émetteurs de les rembourser, tandis que leurs prix au comptant plus bas et leurs rendements actuels élevés offrent une certaine protection contre les baisses pour les investisseurs.
Pour l’avenir, plusieurs catalyseurs positifs annoncent une hausse potentielle, tels qu’une amélioration de la note de crédit souverain en Inde et dans les marchés frontaliers. Des facteurs techniques favorables, ainsi qu’une offre raisonnable de nouvelles obligations, devraient également donner un coup de pouce à la catégorie d’actif.
Trois thèmes clés pour contribuer à stimuler les rendements des titres de créance, les obligations à haut rendement en tête
Les trois thèmes centraux abordés, notamment la résilience des données fondamentales de la région et la baisse des taux de défaillance, les évolutions structurelles positives et les rendements corrigés du risque attrayants des titres de créance asiatiques, devraient continuer à alimenter le rendement au cours du second semestre de 2024.
Le segment à haut rendement est particulièrement convaincant. En effet, les valorisations demeurent attrayantes avec un potentiel élevé d’excellents rendements au cours des six à douze prochains mois, en raison de la dynamique technique favorable du marché et de la baisse attendue des taux de défaillance. Le segment de première qualité est également bien positionné pour offrir aux investisseurs un revenu stable et demeurer résilient grâce à la vigueur économique de la région.
Enfin, l’élargissement de l’univers de placement aux marchés traditionnellement développés offre de nouvelles possibilités de diversification et de construction de portefeuille. Ces catalyseurs ne sont pas seulement attrayants pour les investisseurs asiatiques, mais aussi pour de nombreux fonds mondiaux qui attendent depuis longtemps qu’une reprise durable de la catégorie d’actif se concrétise.
1 Bloomberg, J.P. Morgan Asia Credit Index, au 31 juillet 2024. 2 Bank of America Global Research, ICE Data Services, au 30 juin 2024. 3 J.P. Morgan Asia Credit Index, au 30 juin 2024. 4 Bloomberg, analyse de Gestion de placements Manuvie, au 30 juin 2024. 5 Bloomberg, au 30 juin 2024.
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