Élections américaines : répercussions sur les sociétés minières et les grandes sociétés énergétiques
Au moment de la rédaction de cet article, Joe Biden est sur le point de devenir le 46e président des États-Unis, un pays qui devrait reprendre la lutte mondiale contre les changements climatiques. Quelle incidence cela aura-t-il sur le secteur des ressources à l’échelle mondiale?
Même si nous ne saurons pas avant janvier 2021 quel parti politique sera majoritaire au Sénat, les implications d’une administration Biden sur les secteurs de l’énergie et des ressources sont déjà visibles dans le pays, révélant de profondes divisions sur les enjeux énergétiques et climatiques.
En l’absence d’une vague bleue, c’est-à-dire d’une situation dans laquelle le parti démocrate détiendrait la majorité à la Chambre et au Sénat, en plus de s’installer à la Maison-Blanche, l’administration Biden rencontrera probablement des difficultés pour mettre en place des politiques de décarbonation à l’échelle fédérale. Cela dit, le président des États-Unis dispose de pouvoirs exécutifs et il peut demander aux organismes fédéraux de remettre en vigueur la réglementation environnementale qui a été supprimée au cours des quatre dernières années et soutenir les actions entreprises par les États et le secteur privé.
Les deux principaux éléments suivants concernant les ressources et les changements climatiques seront, selon nous, d’une grande importance pour les marchés :
1 Les États-Unis réintégreront probablement l’Accord de Paris
Bien que les États-Unis se soient officiellement retirés de l’Accord de Paris le 4 novembre 2020, le pays pourrait réintégrer le groupe dès le premier trimestre de l’année prochaine – une décision qui n’exige pas la ratification du Sénat. Cependant, toute tentative de légiférer sur les politiques de tarification du carbone sera probablement bloquée par un Sénat divisé, comme ce fut le cas lorsque l’administration Obama a présenté le projet de loi Waxman-Markey en 2010.
Selon nous, pour réduire efficacement les émissions de carbone, il est nécessaire d’établir des objectifs ambitieux dans les domaines de l’électricité, des transports et de la fabrication, qui nécessiteront des investissements publics de plusieurs milliards de dollars. Bien qu’il soit peu probable que le Sénat adopte de telles propositions dans leur forme actuelle, l’administration Biden pourrait utiliser ses pouvoirs exécutifs pour mettre en œuvre de nouvelles mesures réglementaires. Cela ne tient pas compte des initiatives mises en œuvre par les États.
2 Il est peu probable que le plan énergétique de Biden soit adopté tel que proposé
Le plan de 2 000 milliards de dollars US du président élu pour lutter contre le réchauffement de la planète est ambitieux – il vise à investir 1 700 milliards de dollars US sur 10 ans pour développer la production d’énergie renouvelable et encourager les consommateurs à adopter les véhicules électriques au moyen de crédits d’impôt. Le plan vise également à soutenir les efforts de recherche et de développement dans le domaine des technologies propres, y compris le stockage de l’énergie électrique à grande échelle dans des batteries, le captage du carbone et la minimisation des émissions, ainsi que la modernisation des infrastructures. Selon nous, ces propositions ne seront pas promulguées dans leur intégralité, même si le parti démocrate devient majoritaire dans les deux chambres du Congrès.
Incidence sur le secteur de l’énergie – pétrole, gaz et énergies renouvelables
Nous croyons que sous une administration Biden, davantage de mesures encourageant l’utilisation des énergies renouvelables et dissuadant l’utilisation et la production de combustibles fossiles seront mises en œuvre. Comme il est indiqué sur la page de sa campagne, le président élu aimerait que les États-Unis deviennent une économie consommant uniquement de l’énergie propre et à zéro émission nette de carbone d’ici 2050 – un objectif qui oriente également son plan concernant les infrastructures. Il est essentiel de noter que les plans de l’administration Biden visent davantage à encourager l’adoption des énergies renouvelables qu’à punir l’utilisation des combustibles fossiles. Néanmoins, ses plans prévoient plusieurs règlements qui pourraient nuire à la production de pétrole et de gaz, notamment :
- exiger des limites d’émissions de méthane plus strictes pour les activités pétrolières et gazières, qu’elles soient nouvelles ou existantes;
- restreindre ou compliquer les demandes de nouveaux permis d’exploitation de gisement de pétrole et de gaz sur les terres et dans les eaux fédérales;
- mettre en œuvre des politiques plus restrictives concernant les pipelines;
- modifier les redevances pour tenir compte des coûts climatiques.
Même si accélérer de la transition du pays vers les énergies renouvelables est louable, les investisseurs doivent comprendre que ces efforts nécessiteront beaucoup de capitaux et de temps, ainsi que des investissements considérables dans les énergies renouvelables de la part des principaux acteurs du secteur de l’énergie.
En 2019, les énergies renouvelables représentaient environ 6 % de la consommation d’énergie primaire aux États-Unis, contre 71 % pour le pétrole et le gaz naturel1. Compte tenu du faible niveau de départ, le taux de croissance et d’adoption des énergies renouvelables devrait être considérable au cours des 10 à 20 prochaines années. La réduction des coûts, l’augmentation du soutien offert par les politiques et le coût du capital extrêmement généreux devraient favoriser une plus grande pénétration. Nous pensons qu’il est utile d’évaluer si une politique trop restrictive à l’égard du pétrole et du gaz conventionnels pourrait avoir pour conséquence indésirable de faire grimper les prix du pétrole et de l’essence – en raison de la pénurie de l’offre – à court et à moyen terme, si la demande de pétrole augmente lorsque nous en aurons fini avec la COVID-19.
Répercussions sur le secteur minier – métaux précieux, de base et industriels
Peu importe la composition ou l’orientation du prochain gouvernement américain, nous pensons que l’or sera l’un des bénéficiaires à long terme. La vague actuelle de COVID-19 suggère que d’autres mesures de relance budgétaire seront nécessaires pour maintenir l’économie américaine à flot, même si le déficit budgétaire fédéral des États-Unis a atteint un record de 3 000 milliards de dollars US en 2020. Ceci est un déficit, et non la dette publique qui s’élève maintenant à environ 21 000 milliards de dollars US, soit 102 % du PIB américain actuel.
Le déficit actuel de 3 100 milliards de dollars US a dépassé le déficit de 1 400 milliards de dollars US atteint en 2009 et il est trois fois plus élevé que le déficit de 984 milliards de dollars US enregistré l’an dernier, et ce, avant même que l’administration Biden ne mette en place d’autres mesures de relance budgétaire ou un plan énergétique. Cela ne tient pas compte des mesures de relance économique résultant de la stimulation monétaire non conventionnelle, qui a fait doubler le bilan de la Réserve fédérale des États-Unis au cours des six derniers mois, le faisant passer de 4 100 milliards de dollars US en février à 7 100 milliards de dollars US en novembre2.
Selon nous, la pression qui pèse sur le dollar américain devrait demeurer en raison de la faiblesse persistante des taux d’intérêt, qui sont presque nuls, de l’alourdissement du bilan des banques centrales et de l’augmentation du déficit budgétaire. Ce contexte soutiendra les prix de l’or qui, à notre avis, pourraient continuer de grimper au cours des prochaines années, toutes choses étant égales par ailleurs.
Le plan de Biden visant à construire des infrastructures durables qui encourageront l’adoption de l’énergie propre pourrait être favorable à un certain nombre de métaux de base et de métaux industriels.
En supposant qu’il obtienne l’appui du Congrès, le plan de Biden visant à construire des infrastructures durables qui encourageront l’adoption de l’énergie propre pourrait être favorable à un certain nombre de métaux de base et de métaux industriels. L’utilisation généralisée du cuivre dans la construction, pour le câblage, la tuyauterie et le transport de l’électricité, en fait un métal essentiel au renouvellement des infrastructures civiles. La popularité croissante des véhicules électriques – qui contiennent environ quatre fois plus de cuivre que les véhicules ordinaires – et la construction de l’infrastructure de recharge connexe – pourraient contribuer à une augmentation nette de la consommation annuelle de 3,1 millions à 4 millions de tonnes d’ici 20353, l’offre ne pouvant y répondre qu’en partie. Par ailleurs, les sociétés d’extraction de lithium pourraient également dégager de bons résultats puisque le métal blanc est essentiel à la fabrication des batteries pour les véhicules électriques.
De retour aux métaux précieux : le prix de l’argent, déjà à un sommet de six ans en raison de la hausse de la demande de placements sûrs et du resserrement de l’offre, pourrait être en plus soutenu par un facteur moins connu – la hausse de la demande dans l’industrie des panneaux solaires. Le prix de ce métal, aussi utilisé dans les panneaux solaires, devrait augmenter, car les gouvernements cherchant à stimuler la croissance économique et à ralentir les changements climatiques vont injecter plus d’argent dans les technologies de production d’énergie propre. Dans ce scénario, les mineurs canadiens, en particulier, pourraient dégager de bons résultats, puisque le pays produit 14 des 19 métaux et minéraux nécessaires à la fabrication des panneaux solaires, et que le Québec abrite l’une des 10 plus grandes mines de lithium au monde.
Dernières remarques
Il est normal de présumer que l’administration Biden pourrait mettre en œuvre un plan énergétique plus écologiquement ambitieux si le parti démocrate prend le contrôle du Sénat en janvier prochain. Cela accélérera probablement la transition énergétique dans le secteur du pétrole et du gaz, particulièrement au sein des sociétés du secteur intermédiaire et en amont.
Cela dit, nous nous attendions déjà à des progrès en ce qui concerne les énergies renouvelables ainsi qu’à la transition énergétique du secteur intermédiaire l’an prochain, quel que soit le résultat des élections. Les promesses des sociétés concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la neutralité carbone assorties de dates d’échéance précises, les investissements dans les énergies renouvelables et les efforts pour cibler les solutions les plus simples – comme la réduction des émissions de méthane – sont toutes envisageables. Les sociétés du secteur intermédiaire sont sur le point d’accélérer le rythme de cette transition. Cela dit, elle n’aura pas lieu du jour au lendemain – le pétrole et le gaz continueront de faire partie des sources d’énergie dans un avenir prévisible et une certaine forme d’investissement dans ces secteurs sera nécessaire.
Ce scénario sera probablement aussi de bon augure pour le secteur minier. Selon nous, la demande de métaux industriels comme le minerai de fer, le cuivre, le zinc, l’argent et l’aluminium devrait augmenter sous l’effet des mesures de relance axées sur le consommateur et la multiplication des investissements dans les infrastructures, y compris dans les technologies vertes. Bien que ces sociétés devront être de plus en plus conscientes de leur empreinte écologique et carbone, la demande de matières premières nécessaires à la transition – dans les domaines de la production d’énergie et des transports – des combustibles fossiles à d’autres sources plus respectueuses de l’environnement offrira des conditions favorables à long terme à certains secteurs et produits de base au cours des années à venir.
1 « Energy: Upcoming Election and Potential Energy Impacts », Simmons Energy (une division de Piper Sandler), 29 septembre 2020. 2 Réserve fédérale des États-Unis, novembre 2020. 3 Copper: Demand to 2030, 2e édition, Roskill, novembre 2020.
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