Principaux points à retenir de la trêve commerciale décrétée au G20

Le président des États-Unis, Donald Trump, et le président chinois, Xi Jinping, ont convenu de reprendre les négociations commerciales à la suite d’une réunion qui a eu lieu lors du sommet du G20 au Japon. Notre économiste en chef et chef, Stratégie macroéconomique, Frances Donald, présente les principaux points à retenir des discussions de dimanche. 

Les discussions au sommet du G20, qui s’est tenu à Osaka, ont produit un certain apaisement des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Bien que nous avons peu de détails sur ces discussions, les nouvelles sont les suivantes :

• Les négociations commerciales reprennent entre les États-Unis et la Chine.
• L’imposition de droits de douane supplémentaires sur les produits chinois est reportée.
• Les droits de douane existants sur les produits chinois demeurent.
• Les États-Unis assoupliront les exigences imposées actuellement aux fournisseurs américains de produits Huawei.

L’effet de ces nouvelles combinées semble être légèrement supérieur aux attentes, bien que l’absence de détails ou d’un échéancier de négociation n’a pas vraiment rassuré les investisseurs des marchés de titres à risque1. De façon générale, ces résultats sont conformes à notre analyse actuelle du marché et nous prévoyons que le dollar américain, plutôt sensible aux échanges commerciaux, demeurera cantonné dans une fourchette limitée. 

1. Les consommateurs américains devraient rester généralement à l’abri des tensions commerciales. Les importations américaines en provenance de la Chine sur lesquelles des droits de douane sont actuellement perçus comprennent peu de biens de consommation. Cependant, si des droits de douane avaient été perçus sur les 300 milliards de dollars américains de biens exemptés, l’effet sur les prix de détail aurait probablement été plus marqué. Nous craignions que cela finisse par peser lourdement sur la confiance des consommateurs, l’un des rares indicateurs positifs de l’économie américaine. Pour le moment, la résilience de ce secteur devrait se maintenir (à moins de pertes d’emploi) et nos préoccupations sont dissipées.
2. Un apaisement des tensions commerciales devrait améliorer la confiance des entreprises aux États-Unis, en Chine et à l’échelle mondiale qui battait de l’aile selon les récents sondages. Or, nous remarquons que les perspectives demeurent incertaines et que les sociétés touchées par ces tensions devraient continuer d’exercer leurs activités à capacité réduite2, d’autant plus que les discussions au G20 n’ont donné lieu à aucun échéancier de négociation et à peu de précisions. Nous espérons que d’autres nouvelles positives contribueront à améliorer les statistiques d’embauche et d’investissement des entreprises. Il est trop tard pour en voir les répercussions sur les données de juin, et peut-être même sur les données de juillet, mais nous surveillerons les preuves, même marginales, que l’apaisement survenu au G20 a été suffisant pour soutenir l’économie réelle. Il est probable que la Réserve fédérale (la « Fed ») surveillera les mêmes données.
3. La croissance aux États-Unis évitera le pire scénario envisagé. Nos prévisions concernant le PIB continuent d’indiquer une croissance faible et inférieure à son niveau potentiel en 2020, mais le report de l’imposition de nouveaux droits de douane dissipe nos pires craintes à l’égard du PIB. Les États-Unis connaissent toujours un ralentissement important, mais, d’après les indicateurs actuels, l’économie ne se dirige pas vers une récession technique.
4. Bien que nous croyons que la Fed réduira tout de même les taux de 50 points de base (pb) d’ici la fin de l’année, nous ne prévoyons pas une baisse de 50 pb à la suite de sa réunion du 31 juillet. De plus, une baisse de 25 pb serait même étonnante si une amélioration significative des données économiques américaines survenait en juillet. Selon nous, la Fed réagit au ralentissement cyclique de la croissance aux États-Unis, qui a été exacerbé par l’incertitude entourant les activités des entreprises, en particulier les dépenses et l’embauche. Ce mal est fait et suggère que la politique monétaire est trop restrictive dans ce contexte.
5. Le volume d’échanges commerciaux à l’échelle mondiale pourrait atteindre un creux, ce qui renforce notre conviction à l’égard des actifs à risque européens et des marchés émergents. Cependant, l’amélioration de la confiance à l’égard du commerce entre les États-Unis et la Chine ne devrait que favoriser cette tendance et la réduction des restrictions imposées aux fournisseurs américains de produits Huawei est de bon augure, en particulier pour les actions du secteur technologique des marchés émergents.
6. Autrement, nous nous attendons toujours à un assouplissement à très court terme de la part de la Chine pour stabiliser les taux interbancaires, stimuler l’inflation et soutenir la croissance qui semble chancelante3. Comme la Fed, la Banque populaire de Chine devra réparer les dommages. already created in the economy from uncertainty.

Les discussions au sommet du G20 laissent entendre un certain apaisement des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ce qui a fait réagir les marchés de manière positive. Cependant, nous continuons d’insister sur le fait que les négociations sur les tarifs douaniers sont distinctes du thème plus général du découplage économique entre les États-Unis et la Chine qui persistera probablement, peu importe qui assure le leadership politique aux États-Unis. Les tensions commerciales ont donné le coup d’envoi à la tendance au dédoublement des chaînes d’approvisionnement, au déménagement des lieux de production, à la hausse des droits de douane à l’échelle mondiale et à une démondialisation généralisée. Il s’agit d’un changement de paradigme important par rapport aux 90 dernières années de mondialisation. Il s’agit également d’un choc de productivité négatif qui laisse présager un potentiel de croissance à long plus faible (pour tous).

1 Bloomberg, au 1er juillet 2019. 2 Indice de confiance des entreprises, Organisation de coopération et de développement économiques, au 31 mai 2019. 3 Private survey of China’s factory activity in June shows lowest reading since January, CNBC, 30 juin 2019.