La banque centrale indienne émet des signaux de détente
Ces dernières semaines, les marchés avaient commencé à anticiper – prématurément, à nos yeux – la probabilité d’un resserrement prochain de la politique monétaire de la Banque de réserve de l’Inde (RBI). Certains investisseurs ont donc été surpris, la semaine dernière, par les propos expansionnistes qu’a tenus la RBI après avoir décidé de laisser les taux d’intérêt inchangés, comme s’y attendait largement le marché. Cette orientation pourrait toutefois être de bon augure pour l’économie indienne et raviver l’intérêt des investisseurs étrangers à l’égard des actifs indiens.
Globalement, après avoir notablement battu en retraite par rapport au mois de novembre, les flux de capitaux vers les marchés émergents sont restés léthargiques. Ces flux ont en fait été étranglés par le contexte moins favorable du dollar américain, la hausse des taux des obligations du Trésor américain qui a pour effet net de resserrer les écarts de taux entre les économies des marchés émergents et les États-Unis, la difficulté à maîtriser la pandémie de COVID-19 et l’escalade des tensions géopolitiques et des risques connexes. Plusieurs banques centrales du groupe des marchés émergents (Russie, Turquie, Brésil et Afrique du Sud) ont par conséquent décidé de relever leurs taux directeurs ou d’adopter un ton belliqueux ces dernières semaines. Les marchés se sont empressés d’extrapoler cette tendance à d’autres banques centrales des marchés émergents, dont la RBI. En fin de compte, ces attentes se sont révélées injustifiées.
Des déclarations transparentes et crédibles de la part de la RBI
Dans son communiqué du 7 avril¹, le gouverneur de la RBI, Shaktikanta Das, a précisé que la banque « était prête à tout » – comme l’avait indiqué l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, en faisant part de la détermination de la BCE à maintenir une politique monétaire accommodante aussi longtemps qu’il le faudrait pour asseoir la reprise économique.
En bref, la RBI a officialisé son programme d’assouplissement quantitatif en s’engageant à acheter jusqu’à 1 000 milliards de roupies indiennes d’obligations au cours du trimestre en cours pour que les coûts d’emprunt restent bas. Cette annonce est à marquer d’une pierre blanche, car c’est la première fois que la banque centrale indique un montant au titre de son programme d’achat d’obligations. La RBI a par ailleurs prolongé de six mois son plan d’opérations de prise en pension à long terme ciblé applicable selon les besoins afin de s’assurer qu’il y ait suffisamment de liquidité pour soutenir l’économie durant la période¹. Selon nous, le message du RBI aux marchés ne pouvait pas être plus clair.
Le contexte macroéconomique
Les taux des obligations d’État indiennes ont augmenté le long de la courbe ces derniers mois², malgré la mise en œuvre de multiples mesures de liquidité et l’assurance de la RBI qu’elle n’était pas pressée de normaliser sa politique monétaire. Parallèlement à cela, les derniers événements ont déjà éclipsé les perspectives optimistes présentées par la banque centrale en février : Les indicateurs à haute fréquence montrent que la demande intérieure reste anémique sur fond d’augmentation constante du nombre de nouveaux cas de COVID-19 dans les principaux États, tandis que l’aplomb de la roupie a pesé sur la demande externe. Essentiellement, la reprise des emprunts des sociétés s’est arrêtée net quand le centre de la courbe des taux (obligations d’État indiennes à moyen terme) a été frappé de plein fouet par les ventes massives sur le marché obligataire mondial.
Les obligations de 3 à 5 ans sont les principales victimes de la hausse des taux depuis le 1er janvier
Selon nous, la RBI avait suffisamment de marge pour adopter une position plus conciliante et devait le faire. L’indice des prix à la consommation de l’Inde a beau avoir rebondi, en passant de 4,1 % à 5,0 % sur 12 mois en février², le recul récent des attentes des ménages en matière d’inflation laisse penser que les pressions sous-jacentes sur les prix seront maîtrisées dans le pays et l’inflation devrait rester inférieure au plafond de 6,0 % fixé par la RBI. De plus, sur le plan externe, l’Inde est nettement moins vulnérable qu’elle ne l’a jamais été au cours de la dernière décennie – en particulier par rapport à la vague de panique de 2013. Fondamentalement, le compte courant de l’Inde est devenu légèrement excédentaire au quatrième trimestre de 2020 et les investissements directs nets ont atteint un sommet historique, tandis que la dépendance du pays à l’égard des capitaux dits « fébriles » a beaucoup diminué.
Cela dit, la reprise de l’Inde demeure fragile et le comité de la RBI chargé de fixer les taux hésitera à retirer son soutien trop rapidement. Dans son récent rapport sur la situation économique, la banque centrale a déclaré qu’il était impossible que l’économie puisse résister à une hausse des taux d’intérêt dans son état actuel. Elle a ajouté que l’économie se redressait, mais qu’elle n’était assurément pas encore tirée d’affaire³. Nous sommes bien d’accord.
La vulnérabilité externe de l’Inde a beaucoup diminué
Accent sur la croissance
Les investissements étrangers nets ayant fléchi, les actions indiennes restent en retrait de l’ensemble des marchés émergents depuis la mi-février². Les flux de capitaux étrangers vers les obligations indiennes se sont redressés récemment, mais demeurent en territoire négatif4. L’engagement résolu de la RBI à maintenir une politique monétaire de détente pendant une période prolongée alors que venait d’être présenté le budget exceptionnellement expansionniste de l’Union ne devrait laisser aucun doute quant à la synchronisation des politiques monétaire et budgétaire en vue d’assurer le potentiel de croissance future de l’Inde, ce qui devrait raviver l’appétit des investisseurs étrangers pour les actifs indiens.
Selon nous, le potentiel de croissance future de l’Inde repose sur les facteurs suivants :
- L’Inde reste l’une des économies les plus florissantes du monde. (Le Fonds monétaire international prévoit un taux de croissance de 11,5 % en 2021)⁵.
- D’ici 2030, l’Inde devrait compter parmi les plus grandes puissances économiques du monde (aux taux de change du marché)⁶.
- La politique « Fabriquer en Inde » du gouvernement met l’accent sur l’autosuffisance et le développement de l’industrie dans le pays de façon à ce que la part du secteur manufacturier dans le PIB passe de son niveau actuel de 17,0 % à 25,0 % à moyen terme⁷; l’Inde devient une destination de choix pour les investissements dans le secteur manufacturier.
- Le coût de la main-d’œuvre reste concurrentiel en Inde.
- Le pays jouit d’un avantage démographique – environ la moitié de sa population est âgée de moins de 25 ans et l’Inde continuera d’avoir l’une des populations les plus jeunes du monde jusqu’en 2030⁸.
- Le revenu moyen des ménages devrait tripler au cours des deux prochaines décennies et la tranche aisée de la population connaît un essor des plus rapide; l’Inde devrait être la cinquième économie de consommation en importance au monde d’ici 2025⁶.
- L’Inde est relativement à l’abri des tensions géopolitiques qui pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement, compte tenu de sa moindre exposition à la demande externe (les exportations représentent environ 10,0 % du PIB⁴) et sa croissance repose nettement plus sur la demande intérieure.
- Ses émissions pourraient être incluses dans l’indice obligataire mondial à l’avenir, ce qui attirerait plus de capitaux.
Conclusion
Selon nous, la RBI a raison de ne pas emboîter le pas aux autres banques centrales des marchés émergents qui ont amorcé le processus de normalisation de leur politique monétaire. La situation a beau rester incertaine, en exprimant clairement, avec transparence, sa volonté de renforcer sa politique expansionniste, la banque centrale a posé les jalons de ce qui pourrait être une reprise économique dynamique en Inde.
1 « Governor’s Statement », Banque de réserve de l’Inde, 7 avril 2021. 2 Bloomberg, au 6 avril 2021. 3 « RBI BULLETIN: State of the Economy », Banque de réserve de l’Inde, 19 mars 2021. 4 Banque de réserve de l’Inde, Macrobond, au 6 avril 2021. 5 Mise à jour des perspectives de l’économie mondiale, www.imf.org, 26 janvier 2021. 6 « World Economic League Table 2021 », Centre for Business Economics and Research, décembre 2020. 7 makeindia.com, mars 2021. 8 UNFPA India, mars 2021.
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