Composer avec des marchés volatiles dans un contexte de hausse des droits de douane

À l’aube de 2025, nous prévoyions une incertitude politique et une volatilité des marchés accrues, un scénario qui s’est vérifié au cours du premier trimestre. Cependant, les récentes annonces relatives aux droits de douane, qui concerneraient désormais davantage de pays et seraient plus élevés, ont entraîné des perturbations encore plus importantes.

Nous pensons que la période de volatilité et d'incertitude va continuer jusqu'à ce que les États-Unis et leurs partenaires commerciaux commencent des négociations plus constructives, qui prennent généralement beaucoup de temps. Même après les négociations, nous nous attendons à ce que les droits de douane soient sensiblement plus élevés que dans l’histoire récente, ce qui nécessitera d’autres politiques de croissance compensatoires telles que les réductions d’impôts, la déréglementation et les dépenses budgétaires, afin de réduire au minimum les difficultés économiques.

Le Bureau du représentant des États-Unis au commerce (article en anglais seulement) a utilisé les déficits commerciaux par rapport aux importations pour calculer les droits de douane réciproques, ce qui, selon nous, pourrait compliquer les négociations futures, car on ne sait pas exactement ce que chaque pays peut concéder aux États-Unis afin d’obtenir des exemptions.  

« Plus les négociations seront longues, plus la période d’incertitude sera longue, avec un effet paralysant important sur les consommateurs, les entreprises et les investisseurs. »

Par conséquent, il semble que le cadre de travail sommaire que les États-Unis appliqueraient à des partenaires commerciaux plus réticents pourrait ressembler à ce qui suit : Des tarifs douaniers de rétorsion sont annoncés, Washington augmente son coefficient multiplicateur, des négociations sont entamées et, finalement, une détente/pause s'ensuit.

Plus les négociations seront longues, plus la période d'incertitude sera longue et plus l'effet paralysant sur les consommateurs, les entreprises et les investisseurs sera important. En l'absence d'un cadre politique clair, la planification peut devenir difficile. En conséquence, il est probable que moins de décisions seront prises, ce qui réduira d'autant les décisions d'achat. Cette paralysie dans les prises de décision ne fait qu'aggraver les inquiétudes concernant le ralentissement de la croissance économique aux États-Unis et dans d'autres économies, ce qui fait craindre de plus en plus une récession.

L'incertitude peut être omniprésente, mais nous rappelons aux investisseurs que les marchés défient souvent les prévisions et parviennent à franchir les murs de l'inquiétude en regardant au-delà des craintes à court terme et en recherchant des opportunités à plus long terme. Cela ne signifie pas pour autant que les investisseurs doivent faire preuve d'une complaisance à toute épreuve.

L’un de nos principaux thèmes pour 2025 est l’adoption d’une position plus défensive dans notre approche en matière de placements. À l’heure où les valorisations des actions américaines sont proches de leurs sommets, où les écarts de taux se resserrent, où l’incertitude géopolitique règne et où la croissance économique est inégale dans le monde – sans parler de l’éventualité de guerres commerciales plus ou moins graves –, il semble prudent de renforcer la résilience des portefeuilles tout en tirant parti des occasions de hausse. Pour les épargnants ayant un horizon de placement à plus long terme, nous pensons que les événements récents peuvent conduire à des occasions de placement intéressantes.  

Ce n’est pas la fin du monde, mais il est important de se protéger

Nous avons déjà vu les marchés sombrer dans la panique en mars 2020, il y a cinq ans. Comme à l’époque et dans les périodes précédentes, il est important que les investisseurs conservent une perspective plus large et s’appuient sur la diversification afin d’atténuer les effets les plus néfastes du recul des marchés. Voici comment nous envisageons l'allocation d'actifs dans le contexte actuel.

Actions

• Nous avons réduit notre surpondération de longue date des actions, afin de passer à une légère sous-pondération; cependant, nous pensons qu’il pourrait y avoir une occasion d’accroître le risque associé aux actions en cas de nouvel affaiblissement des marchés.
• Parmi les actions américaines, les sociétés de haute qualité continuent à être privilégiées, en particulier dans les secteurs des produits financiers et des soins de santé. Cela ne signifie pas que nous abandonnons les grandes capitalisations de croissance, en particulier les sociétés technologiques, qui bénéficient toujours d'avantages séculaires. Au sein des marchés développés, nous pensons que le Japon représente une occasion de croissance de qualité, avec d’excellentes données fondamentales et des valorisations raisonnables, et qu’il pourrait bénéficier des réformes positives en cours en matière de gouvernance d’entreprise. 
• En outre, nous continuons d’observer une amélioration à court terme du rendement des actions européennes grâce à de nouvelles initiatives de dépenses publiques et au redéploiement des actifs des épargnants dans la région après l’avoir évitée pendant des années.
• Bien que nous demeurions neutres vis-à-vis des actions asiatiques en raison des incertitudes persistantes relatives aux droits de douane, nous voyons des occasions dans la région. Selon nous, la restructuration de la chaîne d’approvisionnement continue de créer des occasions pour certains marchés nationaux, notamment la Chine continentale. L’Inde reste l’un des pays à la croissance la plus rapide et la récente contre-performance offre la possibilité de redéployer les actifs vers les actions indiennes.

Titres à revenu fixe 

• Concernant les titres à revenu fixe, les écarts de taux nous incitent à faire une pause. Nous pensons que les obligations à rendement élevé n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre si des nouvelles négatives inattendues surviennent. Nous continuons à sous-pondérer les titres de créance à rendement élevé au profit de leurs homologues de première qualité. Parmi les secteurs plus risqués des titres à revenu fixe, nous préférons les obligations des marchés émergents libellées en dollars américains.
  
• À plus long terme, le profil risque/rendement des titres à revenu fixe traditionnels semble attrayant ; toutefois, nous sommes préoccupés par la sous-évaluation de la prime de terme dans la partie la plus éloignée de la courbe de rendement. Aux niveaux actuels des taux d'intérêt, nous voyons des opportunités dans la partie la plus courte de la courbe des taux, compte tenu de l'incertitude macroéconomique. Dans l’ensemble, notre position demeure neutre vis-à-vis de la durée.

Or et actifs réels 

• L’or reste attrayant malgré son récent rebond. Nous pensons que le métal précieux continuera à bénéficier d’une dynamique favorable de l’offre et de la demande, soutenue par la demande structurelle des marchés émergents tels que la Chine et l’Inde et par une augmentation de la demande des banques centrales mondiales. 
• Les actifs réels, tels que l’immobilier privé et les infrastructures, continuent de jouer un rôle important de diversification dans les portefeuilles.

« Il est rare de pouvoir prédire le rendement des marchés, même dans les meilleures périodes ; cependant, nous disposons d’outils qui peuvent nous guider. »

Écouter ce que l’histoire nous enseigne

Bien qu’il soit probable que la volatilité des marchés diminue à mesure que Washington s’engage dans des conversations plus constructives avec ses partenaires commerciaux, nous prévoyons que le processus sera long. Cela dit, il convient de garder à l'esprit que tout n'a pas à être résolu avant que les marchés ne commencent à prendre une direction positive, même si certains signes avant-coureurs peuvent être observés.

Il est rare de pouvoir prédire le rendement des marchés, même dans les meilleures périodes ; cependant, nous disposons d’outils qui peuvent nous guider. Les données historiques indiquent que les marchés boursiers se redressent souvent après des périodes de forte volatilité et que ces rebonds sont généralement brutaux, soutenus et rapides, ce qui souligne l’importance de conserver ses placements.

Indice S&P 500 : les 10 pires jours de bourse et ce qui se passe après (%)

Par ordre décroissant

Source : Gestion de placements Manuvie, au 7 avril 2025. Les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs. L'indice S&P 500 suit la performance de 500 des plus grandes sociétés cotées en bourse aux États-Unis. Il n'est pas possible d'investir directement dans un indice. Les performances passées ne garantissent pas les résultats futurs.

Selon nous, adopter une approche active en matière de placements est plus judicieux qu'une approche réactive à l'heure actuelle. Il est plus constructif de faire preuve de prudence et de réflexion, tout en veillant à ce que les décisions relatives à la répartition restent conformes aux objectifs à long terme. Si des opportunités peuvent se présenter dans un contexte de volatilité, il est tout aussi important d’avoir la vigilance nécessaire pour les saisir.

Les semaines, voire les mois à venir, s'annoncent mouvementés et les conditions sur les marchés pourraient bien mettre à l’épreuve même les investisseurs les plus chevronnés. Mais dans des périodes comme celle-ci, nous pensons qu’il est encore plus important de maintenir une diversification, de faire preuve de souplesse et, surtout, de conserver ses placements.

1 Bloomberg, au 8 avril 2025.