Évolution de la structure familiale et sécurité de la retraite en Asie
Le concept de famille a évolué et les attitudes, ainsi que la dépendance à l’égard du soutien familial, doivent évoluer en conséquence. Si les tendances démographiques de l’Asie sont généralement uniformes, différents facteurs entrent en jeu selon les taux de natalité et les objectifs démographiques de chaque pays ou marché.
Le concept de famille a évolué et les attitudes, ainsi que la dépendance à l’égard du soutien familial, doivent évoluer en conséquence. Si les tendances démographiques de l’Asie sont généralement uniformes, différents facteurs entrent en jeu selon les taux de natalité et les objectifs démographiques de chaque pays ou marché. Le défi démographique a déjà conduit à l’annonce de plusieurs politiques gouvernementales et mesures d’intervention visant à accroître les taux de natalité et à relever le nombre d’enfants. Mais nous souhaitons soulever ici d’autres questions essentielles:
- Comment devrait-on reconnaître et traiter les complexités de la structure familiale?
- Quelle incidence l’évolution de la dynamique familiale aura-t-elle sur la préparation à la retraite et la qualité de vie de la future cohorte de personnes âgées?
- Quelles sont les questions et mentalités typiques des valeurs familiales asiatiques qui devraient être adoptées en Asie?
Nous avons recueilli des données et des recherches exclusives sur les structures familiales dans les marchés que nous avons choisis : Hong Kong, l’Indonésie, la Malaisie et Taïwan. Notre objectif est de mettre en évidence l’incidence de l’évolution de la nature de la vie familiale sur la sécurité de la retraite, en particulier sur l’aide financière et essentielle aux personnes âgées, aujourd’hui et à l’avenir. Le contenu a été élaboré en partenariat avec le Centre Sau Po sur le vieillissement de l'Université de Hong Kong1
Qu’est-ce qu’une structure familiale? Il y a plus d’une dimension à prendre en compte.
En Asie, une tendance commune à la plupart des marchés observés est la diminution de la taille des familles. Et contrairement aux pays occidentaux, la plupart des personnes âgées en Asie résident toujours avec leurs enfants, même si cette proportion diminue au fil du temps.
Nous avons choisi ici d’examiner les changements familiaux dans chacun de nos quatre marchés, selon les dimensions suivantes :
- Horizontalité : déterminer comment la taille des ménages a évolué au cours des dernières décennies.
- Verticalité : prendre en compte les générations contemporaines et les conditions de logement du ménage.
Ces dimensions (taille des ménages et conditions de logement) ont été choisies parce que les concepts de « famille » et de « ménage » se recoupent. Le ménage est l’une des unités sociales et budgétaires les plus utilisées (Fan, C.C., 2022), mais les conditions de logement sont généralement un déterminant primordial du bien-être économique des personnes âgées (Tung et Lai, 2012). Les conditions de logement supposent également la disponibilité de différents types de soutien familial.
Quels changements de la taille des ménages ont été observés sur les quatre marchés?
Au cours des vingt dernières années, la taille moyenne des ménages (dimension horizontale) sur les quatre marchés asiatiques a progressivement diminué, bien que le taux de changement soit moins important en Indonésie2:
- À Hong Kong, la taille moyenne des ménages est passée de 3,3 personnes en 2000 à 2,7 personnes en 20213.
- À Taïwan, la taille moyenne des ménages est passée de 3,3 personnes en 2000 à 2,8 personnes en 20204.
- En Malaisie, la taille moyenne des ménages est passée de 4,6 personnes en 2000 à 3,8 personnes en 20205.
- Alors qu’en Indonésie, la taille moyenne des ménages domestiques est passée de 3,9 personnes en 2000 à 4,0 personnes entre 2005 et 2009, avant de revenir à 3,9 personnes entre 2010 et 2019 (données les plus récentes disponibles)6.
Selon nos observations, la diminution de la taille des familles est une tendance commune à la plupart des marchés observés. Qu’en est-il des conditions de logement?
Ce qui suit présente une comparaison internationale générale des conditions de logement sur les principaux marchés mondiaux. Comparativement aux marchés développés d’Europe et d’Amérique du Nord, les conditions de logement les plus courantes des personnes âgées en Asie sont encore le fait de vivre avec ses enfants adultes (et d’avoir un meilleur soutien financier partagé), malgré la diminution observée de la taille des familles. Il est à noter que l’Asie a également le taux le plus bas au monde de personnes âgées vivant seules.
Les conditions de logement (ou la cohabitation dans certains textes) sont généralement considérées comme un indicateur indirect de la disponibilité ou du mécanisme du soutien social familial, en particulier du soutien essentiel ou émotionnel, qui est principalement assuré par la présence physique des membres de la famille.
Répartition (en pourcentage) des hommes et des femmes âgés de 60 à 79 ans et de 80 ans et plus par conditions de logement, 2010 ou après
Source : Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de la population (2017). Living Arrangements of Older Persons: A Report on an Expanded International Dataset (ST/ESA/SER.A/407). Les dernières données par pays sont accessibles ici : Household size & composition, 2022: https://population.un.org/household/#/countries/; Living arrangement for older adults, 2022: https://population.un.org/livingarrangements/index.html#!/countries/458
Conditions de logement des personnes âgées : Hong Kong, Taïwan, Malaisie et Indonésie7
Voici la diversité des conditions de logement d’une personne âgée sur nos marchés ciblés :
- La proportion de personnes âgées de Hong Kong vivant avec un conjoint et des enfants est restée inchangée à environ 30 % depuis 2006.
- Une proportion de 51,2 % des Taïwanais âgés de 65 ans ou plus vivaient avec leurs enfants.
- Une proportion de 70,1 % de la population âgée de Malaisie vivait avec des membres de sa famille ou d’autres personnes de son ménage.
- La plupart des Indonésiens de plus de 60 ans vivent encore avec leur famille élargie; près de 60 % d’entre eux vivent avec leurs enfants adultes.
Principaux résultats et nos interprétations
L’évolution de la structure familiale, qui peut être attribuée à de multiples facteurs, dont la modernisation et l’urbanisation, est un défi universel auquel les marchés de la région Asie-Pacifique ne sont pas les seuls à être confrontés. Cela s’applique également aux pays occidentaux, comme le décrit Megan Gilligan : « un changement dans la structure familiale, qui passe d’une structure pyramidale, avec plusieurs individus à la base, à une structure plus longue et plus fine qui ressemble davantage à un tuteur. (Gilligan et coll., 2018).
Cependant, contrairement aux pays occidentaux, la plupart des personnes âgées en Asie résident toujours avec leurs enfants, même si cette proportion diminue au fil du temps. Hong Kong, par exemple, est un marché aisé qui se caractérise par une proportion croissante de ménages âgés composés d’une seule personne ou d’un seul couple et qui se rapproche donc davantage de la structure familiale de type « tuteur » observée en Occident.
De plus, bien que les enfants soient généralement perçus comme d’importantes sources potentielles d’« assurance sociale » pour les personnes âgées dans la plupart des pays d’Asie, cette situation est menacée par la baisse du taux de fécondité. Peu de signes indiquent que cette tendance va s’inverser, même avec l’intervention des pouvoirs publics. Par conséquent, les générations suivantes doivent non seulement apporter un soutien à leurs parents retraités, mais aussi se préparer à une diminution du soutien familial en amont pendant la retraite et la vieillesse.
Il convient de souligner aussi que les structures familiales ont changé, tout comme les mécanismes de soutien. En d’autres termes, il existe des modèles dynamiques de soutien intergénérationnel dans chaque régime de protection sociale spécifique. Il est donc possible que le recours à des descriptions des conditions de logement établies de longue date ne représente pas bien les réseaux, les voies et la direction du soutien entre les personnes âgées et ceux qu’elles appellent leur « famille » (UNDESA, 2017). Il serait négligent d’ignorer ou d’exclure, par exemple, ce qui suit :
- Dans de nombreux pays en développement, il est de plus en plus fréquent que les enfants vivent dans des complexes multifamiliaux ou dans le même quartier que leurs parents âgés.
- Soutien potentiel des enfants ou de la famille élargie vivant dans le même canton ou la même ville que leurs parents âgés, mais ne cohabitant pas avec eux.
- Le soutien non spécifié peut se faire en amont (des enfants vers les parents âgés) ou en aval (des parents âgés vers les enfants, plus de détails dans la section suivante).
En résumé, si les structures familiales sont de plus en plus complexes et non traditionnelles, on ne peut pas nécessairement en conclure qu’elles sont brisées et que la génération plus âgée est abandonnée. Au-delà de la taille du ménage et des conditions de logement, à l’égard de l’aide aux personnes âgées, « les capacités des membres de la famille varient et des valeurs concurrentes s’imposent » (Kreager et Schröder-Butterfill, 2008). La diversité des flux de soutien intergénérationnel peut laisser entendre que les systèmes familiaux ont plus de souplesse et de capacité d’adaptation, ce pourquoi « il faut examiner de plus près la structure et le contenu des flux de soutien dans le temps, et comparer les modèles de soutien réel aux normes déclarées » (Kreager et Schröder-Butterfill, 2008).
« En résumé, si les structures familiales sont de plus en plus complexes et non traditionnelles, on ne peut pas nécessairement en conclure qu’elles sont brisées et que la génération plus âgée est abandonnée. »
Étude de cas : Hong Kong – La vie dans une région où le coût de la vie est moindre est-il une solution viable?
Pour la plupart des citoyens de Hong Kong, maintenir le même niveau de vie à Hong Kong pendant des années après la retraite semble poser un défi. Et la plupart des personnes âgées à Hong Kong sont plus susceptibles de vivre dans un ménage domestique plutôt que dans un ménage non domestique (p. ex. l’hôpital, la maison de retraite ou d’autres lieux représentent moins de 10 % du total des personnes âgées, selon le recensement de 2016 et les chiffres du ministère des Statistiques).
Mais, qu’en est-il si les retraités de Hong Kong choisissent de s’établir dans une autre ville où le coût de la vie est moins élevé, afin de pouvoir réduire les coûts tout en conservant un accès facile au système de soins de santé de qualité de Hong Kong?
Cet exemple illustre un moyen d’acquérir une résidence secondaire dans une région où les coûts sont moindres après la retraite. Les graphiques ci-dessous (en prenant Hong Kong comme ville de référence) montrent que le coût de la vie global (prix à la consommation hors loyer) dans les villes de la grande région de la Baie telles que Guangzhou, Shenzhen, Zhuhai et Dongguan peut être de 20 à 40 % inférieur à celui à Hong Kong. Le loyer est le principal facteur de différenciation. Il est estimé entre 60 et 80 % moins élevé dans ces quatre zones. Cela signifie que la retraite dans ces villes de la grande région de la Baie nécessite environ la moitié des dépenses par rapport à la retraite à Hong Kong.
Par conséquent, bien que de nombreuses personnes craignent que leurs fonds de retraite ne suffisent pas pour leur permettre de vivre une retraite de qualité, le lieu de vie à la retraite peut faire une différence notable quant au nombre d’années que peut durer leur épargne.
Coût de la vie global dans les villes de la grande région de la Baie (en prenant Hong Kong comme ville de référence)
Source : Étude de Manuvie; données de l’EIU, en date de septembre 2022.
Soutien familial intergénérationnel et sécurité de la vieillesse
Il a été constaté que les Asiatiques reçoivent la plus grande proportion de soutien financier de la famille et, surtout, un cadre utile a été proposé pour l’analyse et l’organisation des facteurs imbriqués dans les dimensions (financière et essentielle), et les directions (unidirectionnelle et bidirectionnelle).
Nous allons ensuite étudier la manière dont les personnes âgées financent leur retraite (la composition des sources de revenus) sur nos quatre marchés, ainsi que le rôle que jouent les échanges intergénérationnels (soutien) sur le plan de la sécurité de la vieillesse. Il existe essentiellement quatre grandes catégories de soutien familial (Gillen et coll., 2012, p. 4) :
- Soutien financier : Il peut s’agir de fournir des ressources financières, notamment de payer des factures, d’acheter des biens ou des services, ou d’offrir un capital ou un crédit.
- Soutien essentiel : Il comprend un large éventail d’aides, telles que les travaux ménagers, la cuisine, les courses, le transport et les soins personnels.
- Soutien émotionnel : Il peut s’agir simplement de faire preuve d’attention et de compassion à l’égard d’une personne âgée, de l’aider à composer avec ses émotions et ses expériences, ou de veiller à ce qu’elle ne se sente pas isolée et seule (ce qui est particulièrement vital pendant la vieillesse).
- Soutien informationnel : Il consiste à offrir des conseils, des orientations ou des renseignements utiles sur un large éventail de sujets, y compris l’assistance financière, l’assistance en matière de santé ou toute autre aide numérique ou administrative.
Quels sont les facteurs qui influent sur le transfert de ressources entre les différentes générations dans les marchés observés? Voici nos conclusions qualitatives.
Une étude de portée (Wong et coll., 2020), fondée sur un cadre de solidarité intergénérationnelle, a permis de déterminer les principaux facteurs associés au transfert intergénérationnel. Dans ce contexte, les transferts intergénérationnels sont définis comme toute aide familiale des générations plus âgées aux plus jeunes ou vice versa.
- Les données démographiques telles que l’âge, le sexe, la situation matrimoniale, l’éducation et l’origine ethnoculturelle ;
- Les besoins et les possibilités, y compris l’état de santé, les ressources financières et la situation professionnelle ;
- Les structures familiales, à savoir la constitution de la famille, les relations familiales et les événements familiaux antérieurs ;
- Les structures culturelles et contextuelles, y compris les politiques publiques et les normes sociales.
L’étude de portée a permis de constater que les Asiatiques sont ceux qui recevaient la plus grande proportion de soutien financier de la part de la famille (Wong et coll., 2020), une conclusion inspirée d’une étude comparative internationale réalisée par Khan (2014). Plus intéressant encore, cette étude propose un cadre utile pour l’analyse et l’organisation des facteurs imbriqués dans les dimensions (financière et essentielle) et les directions (unidirectionnelle et bidirectionnelle). Cela contribuera à éclairer nos recherches et nos points de vue plus généraux sur le transfert de ressources entre générations sur nos quatre marchés de Hong Kong, Taïwan, la Malaisie et l’Indonésie.
Hong Kong – Accroître l’autonomie des personnes âgées
À Hong Kong, le fait de vivre avec la jeune génération avait tendance à augmenter les transferts financiers et de soins, et le nombre d’enfants était positivement associé à l’aide monétaire. Des recherches antérieures (Chou, 2008) ont révélé que, par rapport au nombre de frères et sœurs qui ont également apporté un soutien financier à leurs parents âgés, la capacité de gain des enfants adultes est un facteur prédictif plus important du montant du soutien financier fourni aux parents âgés (p. 797).
Toutefois, la baisse du taux de natalité à Hong Kong et la réduction de la taille des familles qui en découle continuent de menacer les fondements des soins familiaux. En outre, l’explosion du coût du logement et l’augmentation du coût de la vie ont contribué à aggraver la situation financière des personnes âgées. Cela a également sapé la capacité financière de la jeune génération à s’occuper de ses parents.
Face à ces nouvelles réalités familiales et socioculturelles, la population âgée de Hong Kong a été contrainte de modifier ses attentes de longue date en matière de soins filiaux (Bai, 2019) et de continuer à travailler pour financer ses besoins essentiels. Au cours de la dernière décennie, le nombre de personnes âgées actives a plus que doublé (+136,6 %), principalement en raison de l’augmentation dans la catégorie des 65 à 74 ans.
Cependant, toutes les personnes âgées ne sont pas en mesure de continuer à travailler à un âge avancé. En fait, les ménages composés uniquement de personnes âgées sans revenu d’emploi ont augmenté à un taux beaucoup plus élevé (80,6 %), le revenu mensuel médian des ménages étant passé de 3 200 $ à 5 780 $ au cours de la même période de 10 ans. Cette hausse notable du revenu des ménages composés uniquement de personnes âgées sans revenu d’emploi est en partie due à l’augmentation des prestations sociales en espèces distribuées par le gouvernement de la région administrative spéciale de Hong Kong. Ces prestations comprennent l’allocation de vieillesse, introduite en 2013, destinée à aider les personnes âgées ayant besoin d’un soutien financier (ministère du Recensement et des Statistiques, 2016). En conséquence, l’importance croissante de l’aide sociale (fonds publics) et du revenu du travail des adultes âgés à Hong Kong est toujours évidente.
Taiwan – Le rôle des soutiens filiaux subsiste, mais il annule l’effet des transferts publics
Taïwan devrait devenir une société « super vieillissante » au cours des dix prochaines années. À Taïwan, le soutien aux parents âgés est une obligation légale pour les enfants adultes et il est toujours considéré comme une norme sociale. En conséquence, la société taïwanaise adopte le concept de liens familiaux forts et de communautés locales, qui permettent à la population âgée de vieillir activement sur place. En 2017, le ministère de la Santé et des Affaires sociales indiquait que 98 % des personnes âgées de 65 ans et plus vivaient à domicile et que près des deux tiers vivaient avec leurs enfants ou d’autres membres de la famille, tandis que plus de 33 % vivaient dans un ménage composé de trois ou quatre générations.
Le niveau d’éducation plus élevé des enfants adultes, la présence de petits-enfants et le fait que les personnes âgées soient propriétaires d’un bien immobilier sont trois facteurs corrélés à une plus grande cohabitation des générations. Les sources de soutien financier de la population âgée sont relativement équilibrées, les enfants ou petits-enfants adultes étant la principale source de revenus d’environ un quart (24,3 %) des personnes âgées de plus de 65 ans. Néanmoins, une tendance à la baisse a été observée plus récemment, en partie parce que le gouvernement taïwanais a redoublé d’efforts pour mettre en place un système de soins de longue durée, qui comprend une couverture accrue des pensions et des assurances pour la population âgée.
Malaisie – Une enquête indique un soutien intergénérationnel global aux personnes âgées
En Malaisie, on estime qu’il incombe aux enfants de s’occuper de leurs parents. Une enquête nationale a montré qu’un soutien global est apporté aux personnes âgées par les jeunes générations. La plupart des personnes âgées (95,3 %) reçoivent une aide sous forme d’assistance financière, de préparation et de distribution des repas, de tâches ménagères, de compagnie et d’accompagnement lors de sorties et de visites. Alors que les enfants de sexe masculin ont tendance à apporter un soutien financier, les enfants de sexe féminin sont censés fournir un soutien à leurs parents (et beaux-parents) sous la forme de produits de première nécessité et de nourriture (NPFDB, 2016)8.
Mais comme aucune donnée sur les sources de revenus n’a été communiquée, il est plus difficile de déterminer la proportion d’aide et donc de savoir s’il existe des lacunes. La plupart des études sur le soutien familial ont tendance à se concentrer sur la diversité parmi les principaux groupes ethniques ou dans une perspective sexospécifique.
Indonésie – Cohabitation et envoi de fonds par les enfants adultes
En Indonésie, comme dans d’autres pays en développement de la région, le soutien aux personnes âgées provient principalement de réseaux familiaux ou de proches (Park, 2003; Huangfu et Nobles, 2022). La cohabitation constitue un mécanisme important de soutien familial (Witoelar, 2012). En outre, l’aide financière prend souvent la forme d’envois de fonds de la part d’enfants adultes qui ont émigré. Pour ces migrants, « l’envoi de fonds est synonyme de soins ». (Hoang et Yeoh, 2015, p. 3).
Les transferts d’enfant à parent ne sont pas très liés au revenu ou au patrimoine des parents, et les montants transférés ont tendance à augmenter avec l’âge des parents. Les mères veuves étaient plus susceptibles de recevoir des transferts plus élevés de la part de leurs enfants que les autres parents. (Park, 2003).
Une recherche du Compte national de transfert indique que les personnes âgées en Indonésie se caractérisent par les conditions suivantes :
- Des périodes de travail plus longues après l’âge de la retraite, en particulier pour les travailleurs indépendants.
- Dépendance à l’égard des actifs pour la retraite.
- Être du côté « donneur » plutôt que du côté « receveur » du transfert intergénérationnel, les flux nets descendants de richesse se prolongeant souvent très tard dans la vie.
Des chercheurs (Kreager et Schröder-Butterfill, 2008) ont également souligné que le soutien intergénérationnel au sein des familles a tendance à être assuré selon un arrangement fluide d’échange entre les groupes familiaux. Pour les membres âgés de la famille, la force du soutien apporté par les enfants adultes est souvent « une question d’incertitude considérable » (p. 1785).
Néanmoins, les transferts familiaux d’une génération à l’autre semblent être axés sur les besoins et multidirectionnels en Indonésie.
Bien qu’il n’existe pas d’approche unique, les études menées sur chacun de nos quatre marchés montrent clairement qu’en Asie, la sécurité financière des personnes âgées ne peut plus être assurée par une seule source de revenus. Pour que les personnes puissent jouir d’un niveau de vie acceptable pendant leur vieillesse, nous pensons que la diversification des revenus doit également jouer un rôle essentiel. D’autres sources de revenus, y compris les transferts familiaux ainsi que les prestations gouvernementales et les initiatives d’aide sociale, peuvent être utilisées pour aider à surmonter les changements sociétaux et démographiques qui remodèlent la structure familiale.
« Bien qu’il n’existe pas d’approche unique, les études menées sur chacun de nos quatre marchés montrent clairement qu’en Asie, la sécurité financière des personnes âgées ne peut plus être assurée par une seule source de revenus. »
Enjeux et occasions sur les quatre marchés
Dans notre dernière partie, nous examinons les défis liés à l’évolution de la structure familiale, au soutien intergénérationnel et à la préparation à la retraite présents sur nos quatre marchés. Nous nous penchons également sur toutes les idées et occasions pertinentes et exploitables.
Hong Kong – L’importance croissante de la planification du décaissement
À Hong Kong, avec le déclin du soutien financier familial, plus des deux tiers des personnes âgées de 35 à 64 ans ont préparé leur retraite financièrement, l’accumulation d’épargne privée (55,5 %) étant le moyen le plus courant (Chou et coll., 2016).
Au cours des décennies à venir, une croissance continue de l’épargne dans le Fonds de prévoyance obligatoire et de l’épargne-retraite privée est prévue, et « des mesures sont nécessaires pour faciliter le décaissement de cette épargne après la retraite, tout en réduisant à la fois la menace que l’augmentation de la longévité fera peser sur la sécurité des revenus des retraités et les risques associés aux investissements » (Chou et coll., 2016, p. 14).
Les solutions de marché peuvent-elles offrir un plus grand choix?
Une étude portant sur la demande de rentes à Hong Kong a montré que les personnes âgées qui ne s’attendaient pas à recevoir un soutien financier de leurs enfants adultes étaient plus susceptibles de choisir d’acheter une rente que celles qui s’attendaient à ne pas en recevoir (Lee et coll., 2019).
En observant l’incidence de la motivation du leg sur la demande de rentes, la même recherche a aussi révélé que celle-ci opère (principalement comme un obstacle) au cours de la première phase de la retraite – (10 à 20 premières années) – et diminue par la suite. Il est donc très probable que, pendant la période de préretraite, les jeunes générations aient encore besoin d’aide (comme les coûts liés à l’éducation de leurs propres enfants). Le plan de décaissement des avoirs de retraite au cours de cette période serait donc toujours touché par l’état d’esprit du retraité en matière d’aide familiale.
Il faut également prendre en compte le facteur sexospécifique. Un rapport récent publié par le Hong Kong Deposit Protection Board (2021) a révélé que parmi les couples qui ont des objectifs et des pratiques d’épargne communs, l’épargne est généralement gérée par l’épouse. La recherche suppose que le décaissement serait parfois aussi une décision collective prise par le ménage plutôt que par une seule personne. Par conséquent, une approche sexospécifique permettrait de mieux comprendre la planification financière et les comportements des ménages à Hong Kong.
Taiwan – Approches globales de la retraite
Face à ces défis, une évolution politique récente à Taïwan a donné l’exemple d’une approche plus globale de la protection de la retraite. Parmi les exemples d’initiatives et de réformes gouvernementales, on peut citer :
- La réforme des pensions publiques et militaires (2018) : amélioration de la viabilité du système de retraite de Taïwan.
- Le Plan 2.0 pour les soins de longue durée (2017) : une initiative visant à rendre le système de soins de longue durée accessible aux personnes dans le besoin et à réduire la charge financière associée aux soins.
- La loi sur la promotion de l’emploi des personnes d’âge moyen et des personnes âgées (2019) : qui vise l’amélioration des services d’emploi pour les travailleurs âgés et la promotion d’un environnement favorable aux personnes âgées en encourageant les employés à soutenir et à retenir les travailleurs âgés.
- Le livre blanc sur les politiques globales pour la société des personnes âgées (2021) : qui vise le renforcement de la collaboration entre tous les ministères afin de fournir un soutien plus complet aux personnes âgées.
À un niveau plus personnel, comme l’a souligné le Topical Report on Income Security (rapport thématique sur la sécurité des revenus) [CUHK Jockey Club Institute of Ageing, 2020], « les pensions sociales peuvent renforcer l’estime de soi et la dignité des personnes, en garantissant que leur retraite s’appuie sur une source de revenus fiable et régulière et sur l’amélioration des liens sociaux grâce au partage de ressources supplémentaires ». Les pensions sociales peuvent également favoriser le développement économique global en stimulant la consommation des ménages en matière d’alimentation et de soins de santé » (p. 19).
Malaisie – Un accouchement tardif peut avoir des conséquences plus tard dans la vie
Une étude réalisée par Abdullah et coll. (2021) montre l’incidence d’un accouchement tardif en citant les données de l’enquête « Fifth Malaysian Population and Family Survey » MPFS-5. L’étude révèle que 11 % des femmes mariées âgées de 40 ans et plus ont des enfants de moins de sept ans. Cela signifie que de nombreux hommes (qui ont en moyenne quatre ans de plus que leurs épouses) devraient encore subvenir aux besoins de leurs enfants scolarisés lorsqu’ils prendront leur retraite. Les données de l’enquête MPFS de 2014 ont également montré qu’environ 1 personne sur 10 âgée de 60 ans et plus apportait encore une aide financière à ses enfants. Ce chiffre devrait augmenter rapidement à l’avenir.
Il est donc difficile d’établir un budget pour répondre aux besoins de la famille. La recherche montre que les futures cohortes de retraités pourraient être confrontées à des responsabilités et des rôles différents de ceux des retraités actuels. Ces dépenses devront être soigneusement budgétisées.
Alors que des ménages plus grands laissent supposer généralement un soutien potentiel plus important pour les personnes âgées, une étude de cas de 2017 intitulée « Determinants of Retirement Wealth Adequacy in Malaysia » (Déterminants de l’adéquation du patrimoine de retraite en Malaisie) a révélé que la taille du ménage avait un lien négatif avec l’adéquation du patrimoine de retraite (défini dans l’étude comme « le revenu de retraite provenant soit d’un régime à prestations définies, soit d’un régime à cotisations définies »). En d’autres termes, les ménages comportant plus de membres sont souvent confrontés à une adéquation financière moindre en raison de dépenses plus élevées et d’une épargne plus faible (Alaudin et coll., 2017).
Indonésie – Les pensions sociales nécessitent un supplément
L’Indonésie étant la seule région « jeune » parmi les quatre marchés et ayant un taux de fécondité encore supérieur au seuil de remplacement, les changements de structure familiale qu’elle connaît actuellement semblent suivre un schéma différent; toutefois, la longévité croissante des générations plus jeunes risque encore de toucher la disponibilité des pratiques traditionnelles de soutien familial dont peuvent profiter les générations plus âgées.
Par rapport aux pays disposant d’une meilleure couverture de retraite, des ressources financières suffisantes pour les personnes âgées peuvent « dépendre en grande partie du rendement individuel sur le marché du travail et de la réussite de l’investissement de l’épargne » (Ahmad et coll., 2022). Par conséquent, en particulier dans les régions où l’aide sociale de l’État est moins importante et où les ménages sont plus petits, une combinaison d’un régime obligatoire à cotisations définies plus solide et d’une meilleure connaissance de la planification de la retraite est nécessaire pour garantir qu’une plus grande proportion de la population âgée mène une vie confortable à la retraite.
En outre, une étude réalisée en 2022 montre que « les fonctionnaires, les militaires et les policiers indonésiens ne pourront maintenir leur niveau de vie d’avant la retraite que si l’épargne accumulée pendant leurs années de travail est investie avec un taux de rendement d’au moins 9,0 % par an et continue de l’être pendant la retraite » (Ahmad et coll., 2022). Les résultats indiquent que même les membres de la société qui ont la chance de recevoir une pension officielle de l’État devront trouver des sources de supplément de leurs ressources financières pour la retraite.
Le gouvernement indonésien doit donc continuer à s’efforcer d’améliorer les pensions sociales, tout en facilitant et en encourageant l’accumulation des ressources pour la protection de la retraite de sa population active actuelle.
L’évolution à venir
Comme le montrent les études menées sur nos quatre marchés, l’évolution de la structure familiale « traditionnelle » a compliqué la situation financière des familles d’aujourd’hui. Les ménages multigénérationnels sont aujourd’hui beaucoup plus fragmentés, chaque génération choisissant (à des degrés différents) de vivre de manière indépendante.
Il est de plus en plus difficile d’établir un budget pour les besoins de la famille, en particulier lorsque certains membres de la famille sont âgés. Par conséquent, la réponse des citoyens et de l’État doit évoluer de manière à tenir compte de la plus grande dispersion de la structure familiale. L’approche proposée semble être une combinaison de régimes obligatoires à cotisations définies plus solides pour les personnes en phase d’accumulation de l’épargne-retraite, ainsi qu’une meilleure connaissance de la planification de la retraite pour éduquer les personnes de tous âges sur le besoin humain intrinsèque d’une vie confortable à la retraite, où les personnes disposent à la fois d’une source de revenus fiable et sûre, ainsi que d’interactions sociales humaines précieuses et importantes.
1 Gestion de placements Manuvie a engagé le professeur Vivian Lou du Centre Sau Po sur le vieillissement de l’Université de Hong Kong, en qualité de consultante (moyennant des frais de consultation) pour les projets de leadership éclairé de Diverse Asia. 2 Les renseignements fournis ici ont été compilés et vérifiés au mieux de nos connaissances, mais aucune garantie n’est donnée quant à leurs exhaustivité, exactitude et actualité. 3 C&SD, HKSAR : C&SD : Tableau 5 : Statistics on Domestic Households (censtatd.gov.hk). 4 Statistical Bureau, Taiwan. Données extraites de https://www.stat.gov.tw/public/Data/1112144316VT5YTOVB.pdf. 5 Khazanah Research Institute, 2018; The State of Households 2018: Different Realities. Kuala Lumpur: Khazanah Research Institute. Données du recensement de 2020 extraites du site Web de DOSM. 6 Données 2000-2015 extraites de https://www.bps.go.id/dynamictable/2015/09/07/849/rata-rata-banyaknya-anggota-rumah-tangga-menurut-provinsi-2000-2015.html. Données 2019 citées de BPS-Statistics Indonesia. (2020). Statistical Yearbook of Indonesia 2020. p.93, données appuyées par les Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de la population (2022). Database on Household Size and Composition 2022. UN DESA/POP/2022/DC/NO. 8. 7 Hong Kong: Census and Statistics Department, 2016, latest available data. Taiwan: Census data in 2020, latest available data. Malaysia: Fifth Population and Family Life Survey, 2014, latest available data. Indonesia: United Nations Department of Economic and Social Affairs, 2019. 8 Source : National Population and Family Development Board (NPFDB). (2016). Report on Key Findings FIFTH MALAYSIAN POPULATION AND FAMILY SURVEY [MPFS-5] 2014. Malaisie.
Renseignements importants
Les placements comportent des risques, y compris le risque de perte du capital. Les marchés des capitaux sont volatils et peuvent considérablement fluctuer sous l’influence d’événements liés aux sociétés, aux secteurs et à l’économie, à la politique, à la réglementation et aux marchés. Les renseignements fournis ne tiennent pas compte de la convenance des placements, des objectifs de placement, de la situation financière, ni des besoins particuliers d’une personne donnée.
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Une crise sanitaire généralisée, comme une pandémie, pourrait entraîner une forte volatilité des marchés ou la suspension ou la fermeture des opérations de change et influer sur le rendement du portefeuille. La nouvelle maladie à coronavirus (COVID-19), par exemple, a considérablement perturbé les activités commerciales mondiales. Les répercussions d’une crise sanitaire, ainsi que d’autres épidémies et pandémies susceptibles de survenir à l’avenir, pourraient avoir des conséquences sur l’économie mondiale qui ne sont pas nécessairement prévisibles à l’heure actuelle. Une crise sanitaire peut exacerber d’autres risques politiques, sociaux et économiques préexistants. Cela pourrait nuire au rendement du portefeuille, ce qui entraînerait des pertes sur votre placement.
Le présent document n’a été soumis à aucun examen, de la part d’un organisme de réglementation des valeurs mobilières ou autre, et il n’a été déposé auprès d’aucun organisme de réglementation. Il peut être distribué, s’il y a lieu, par Gestion de placements Manuvie et ses filiales et sociétés affiliées, qui comprennent la marque John Hancock Investment Management.
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