Les disparités entre les rentes attribuées aux hommes et aux femmes en Asie
Un rapport de 2021 de l’Organisation de coopération et de développement économiques a révélé qu’au sein des États membres, les revenus de pension des femmes âgées de 65 ans ou plus étaient en moyenne 26 % moins élevés que ceux des hommes¹. Nous pensons qu’en Asie, cette inégalité est encore plus marquée. En partenariat avec le Sau Po Centre on Ageing de l’Université de Hong Kong², nous explorons les défis et les possibilités liés au genre à Hong Kong, en Indonésie, en Malaisie et à Taïwan.
Points à retenir
- L’inégalité des revenus de pension en Asie est attribuable à divers facteurs socioéconomiques qui varient selon les marchés.
- La participation à la population active et le salaire des femmes sont habituellement moins élevés que chez les hommes, une situation qui a été exacerbée par la pandémie de COVID-19.
- S’il faut s’appuyer sur des observations et des connaissances locales pour résoudre le problème, nous pensons tout de même que les secteurs public et privé peuvent prendre des mesures concrètes pour tenter d’éliminer ces écarts.
1 Définition des causes de l’inégalité des revenus et des rentes
Les écarts de revenus entre les genres existent presque partout dans le monde et sont généralement le résultat d’inégalités plus grandes qui affectent les femmes durant toute leur vie.
Sur le marché du travail, par exemple, les femmes sont moins présentes que les hommes, en moyenne, et elles y restent aussi moins longtemps. Lorsqu’elles intègrent ce marché, elles tendent à gagner des salaires plus bas et à faire face à davantage d’interruptions de carrière – généralement après une naissance ou pour s’occuper de personnes à charge – que les hommes. Les femmes sont également surreprésentées dans les emplois informels et précaires ou dans les secteurs où les salaires sont relativement bas, comme les emplois de soignants et du secteur des services. Elles sont par ailleurs sous-représentées dans les secteurs qui offrent des salaires relativement élevés, comme les emplois scientifiques et technologiques.
En outre, comme les régimes de retraite liés à l’employeur s’appuient généralement sur des cotisations salariales périodiques, les femmes sont susceptibles d’avoir cotisé moins – et moins fréquemment – à leur régime que les hommes. Il en résulte un revenu de retraite nettement inférieur. Mais les inégalités auxquelles les femmes sont confrontées commencent bien avant qu’elles intègrent le marché du travail et se poursuivent longtemps après la fin de leur vie professionnelle.
Les désavantages cumulatifs que subissent les femmes tout au long de leur vie
En 2018, le Programme des Nations Unies pour le développement a publié un rapport et fait une expérience en présentant des données qui démontraient comment les problèmes liés au genre s’accumulent durant toute la vie d’une personne, le tout dans le but de rompre les tendances en cause, y compris celles engendrant les inégalités auxquelles les hommes et les femmes tendent à être confrontés aux stades de l’enfance et de la jeunesse, de l’âge adulte et de la vieillesse. Comme on le note dans ce rapport, « cette perspective offre une vision plus holistique du mode d’accumulation des disparités entre les genres tout au long de la vie, elle aide à cerner les goulets d’étranglement qui freinent le progrès et elle met en relief la nécessité d’établir des stratégies d’intervention complètes. » (Bonini et Hsu, 2018)
Inégalités entre les genres qui sont présentes à toutes les étapes de la vie
2 Analyse contextuelle des inégalités structurelles en Asie
L’emploi cesse avec le mariage et la grossesse
Ces inégalités bien ancrées signifient qu’à l’échelle mondiale, les femmes sont moins susceptibles d’accéder à un emploi officiel, et qu’elles risquent d’avoir des carrières beaucoup plus courtes que leurs homologues masculins. Lorsque les femmes travaillent, elles tendent à gagner moins d’argent et elles ont moins de chances d’avoir des possibilités de faire progresser leur entreprise ou leur carrière. Selon la Banque mondiale, le taux de participation des femmes à la population active se chiffre à 46 %, contre 72 % pour les hommes. Cette statistique varie dans nos quatre marchés asiatiques, à savoir Hong Kong, l’Indonésie, la Malaisie et Taïwan, qui représentent une Asie diversifiée, mais dans tous les cas, elle est plus élevée pour les hommes.
En Asie, les femmes ont tendance à être sous-représentées sur le marché du travail
Participation à la population active dans nos quatre marchés clés en Asie (%)
Un autre facteur important qui empêche souvent les femmes d’accumuler un patrimoine de retraite réside dans le fait que leur vie professionnelle est régulièrement interrompue. En général, les personnes qui sont en âge de travailler peuvent s’attendre à une augmentation progressive de leurs revenus tout au long de leur vie professionnelle. Mais pour les femmes, en particulier, le fait d’avoir des enfants entraîne des interruptions de carrière qui ont des répercussions sur leur bien-être financier durant toute leur vie. Comme on l’a noté dans une étude, les femmes tendent à finir par être confrontées au défi de construire leur carrière et d’élever leur famille à la même étape de leur vie. Avoir des enfants signifie souvent que les femmes doivent mettre leur carrière en suspens, et ce, pour une durée indéterminée. Les femmes tendent également à toucher un revenu réduit après avoir donné naissance à un enfant, ce qui se traduit par des gains plus modestes tout au long de leur vie ainsi qu’une accumulation plus lente de prestations de retraite.
Les femmes tendent à finir par être confrontées au défi de construire leur carrière et d’élever leur famille à la même étape de leur vie.
L’incidence du mariage et de la maternité sur la participation des femmes au marché du travail est importante, et on l’observe à grande échelle dans nos quatre marchés clés. Par exemple, une étude qualitative réalisée en Indonésie (Diahhadi, 2014) a révélé que le mariage et le début de la maternité sont vraiment associés au risque de quitter un emploi. En particulier, les femmes qui ont un emploi de bas niveau et celles qui ont fait des études secondaires complètes ou partielles ont plus de chances de quitter leur emploi après s’être mariées. Dans les marchés vieillissants tels que celui de Hong Kong, environ 65 % des femmes qui se sont mariées (y compris celles qui le sont toujours ou qui sont veuves, divorcées ou séparées) sont actives sur le marché du travail, alors que jusqu’à 96 % de leurs homologues masculins ont toujours un emploi ou en cherchent un activement3.
Taïwan est un autre marché vieillissant qui montre comment l’état matrimonial affecte différemment les hommes et les femmes en termes de participation à la population active. Le taux de participation des femmes à cette population est nettement inférieur à celui des hommes dans tous les groupes d’état matrimonial. Aussi, la différence entre les taux de participation des hommes selon leur état civil était relativement peu importante, ce qui signifie que les répercussions du mariage varient peut-être selon que l’on est une femme ou un homme quant à la participation au marché du travail.
Le mariage et sa dissolution ont un effet disproportionné sur la participation à la population active chez les femmes
Taux de participation au marché du travail à Taiwan (%)
Les disparités salariales entravent l’accumulation de richesse en Malaisie
Dans une analyse de 2021 sur les disparités de revenus entre les genres en Malaisie, on indique qu’une étude a révélé que la participation des femmes au marché du travail malaisien a considérablement augmenté ces dernières années. Malgré cela, le taux de participation des femmes reste faible par rapport à celui des hommes. On note aussi dans la même étude qu’il est plus difficile pour les femmes d’accumuler de la richesse étant donné qu’elles touchent un revenu moins élevé durant toute leur carrière, même si les hommes et les femmes ont des emplois semblables.
En Malaisie, les domaines les plus payants ont tendance à être associés aux hommes
Salaire mensuel de base médian pour les ressortissants malaisiens ayant un emploi, par occupation et par genre
Les disparités salariales entre les genres persistent en Indonésie même si les femmes font des études plus poussées
Bien qu’en Indonésie, les femmes soient plus nombreuses à détenir un diplôme d’études supérieures que les hommes, l’enseignement supérieur n’a pas permis de réduire les disparités de revenus entre les genres. Selon ONU Femmes, les femmes en Indonésie gagnent 23 % de moins (2 454 023 roupies par mois, soit 160 $ US) que leurs homologues masculins (3 184 084 roupies par mois, soit 208 $ US). En outre, les postes les mieux rémunérés sont surtout occupés par des hommes. Si le salaire moyen des hommes et des femmes est plus élevé dans les zones urbaines d’Indonésie, les avantages de l’urbanisation, en ce qui concerne les salaires mensuels plus élevés, tendent également à profiter davantage aux travailleurs qu’aux travailleuses.
Une scolarité plus élevée ne réduit pas nécessairement l’écart de revenu
Les travailleuses ayant un diplôme d’études supérieures gagnent un revenu substantiellement moins élevé que leurs homologues masculins (IDR, rupiah indonésienne).
En Indonésie, les emplois les plus payants sont surtout occupés par les hommes (IDR, rupiah indonésienne)
Les risques liés à un seul sexe s’étendent aux soins plus élaborés dont les femmes ont besoin au dernier stade de leur vie
Nous avons pris acte des répercussions que le mariage et la grossesse peuvent avoir sur l’accumulation de richesse par les femmes, mais qu’en est-il des autres responsabilités familiales? Et les problèmes de santé liés au genre – comme le fait que les femmes survivent aux hommes ou ont une espérance de vie en bonne santé plus courte – engendrent-ils des défis plus importants pour les femmes en ce qui a trait aux soins dont elles ont besoin?
L’exemple de Taïwan montre comment l’inégalité entre les genres peut entraîner des disparités plus tard dans la vie. En 2020, l’espérance de vie moyenne des Taïwanais était de 84,7 ans pour les femmes et de 78,1 ans pour les hommes, ce qui signifie que les femmes vivent de 6 à 7 ans de plus que les hommes. Or, le fait de vivre plus longtemps ne se traduit pas nécessairement par une meilleure santé. En effet, l’espérance de vie moyenne en mauvaise santé était de 9,39 ans pour les femmes et de 7,64 ans pour les hommes. Dans la plupart des marchés que nous avons observés, bien que les femmes aient tendance à vivre plus longtemps que les hommes, elles présentent des taux de morbidité plus élevés et souffrent d’une qualité de vie moindre. Il n’est donc pas surprenant qu’à Taïwan, les statistiques montrent que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à recourir à des services de soins de longue durée.
Parce qu’elles vivent plus longtemps, les femmes sont plus susceptibles de dépendre des soins de longue durée au stade de la vieillesse
Utilisateurs de services de soins de longue durée, par sexe (%)
Ce sont surtout les femmes qui prennent soin des personnes âgées, et cela est un autre facteur expliquant les disparités économiques entre les genres. À Hong Kong, par exemple, les responsabilités liées à la prestation de soins sont en grande partie assumées par les femmes, ce qui a souvent pour conséquence qu’elles quittent le marché du travail et doivent faire face à des coûts accrus en matière de soins sans disposer de revenus.
Les femmes sont beaucoup plus susceptibles de quitter leur emploi pour prendre soin d’un membre de leur famille
Membres du ménage de Hong Kong ne travaillant pas et ayant quitté leur emploi pour s’occuper d’un autre membre de la famille ayant une invalidité, par groupe d’âge et par sexe (milliers)
L’inégalité est un problème qui se perpétue durant toute la vie. Pour mettre fin aux dynamiques persistantes qui sont en cause, nous devons examiner la mesure dans laquelle le fait de ne pas s’attaquer aux causes de ce problème à un stade précoce peut entraîner des privations qui changent la vie des personnes concernées. Par exemple, les enfants qui n’ont pas accès à l’éducation dès le début de leur vie peuvent être contraints de se tourner vers le marché du travail non officiel ou vivre des périodes de chômage, ce qui peut nuire à l’accumulation de richesse et mener à la pauvreté à l’étape de la vieillesse. Les personnes âgées peuvent également souffrir de maladies ou d’invalidité si elles n’ont pas accès à des soins de santé préventifs ou à des médicaments, ou elles peuvent subir des blessures liées à du travail physique, et cela peut aussi avoir un effet négatif sur leurs revenus de retraite au fur et à mesure que ceux-ci s’épuisent.
Les répercussions de la COVID-19
Au-delà des problèmes d’ordre structurel, la pandémie de COVID-19 a eu des effets négatifs disproportionnés sur la santé, le bien-être et les perspectives financières des femmes. À cet égard, on peut lire ce qui suit dans un document intitulé Global Gender Gap Report 2021 et publié par le Forum économique mondial : [traduction] « Les secteurs les plus durement touchés par les périodes de confinement et la numérisation rapide sont ceux qui emploient plus de femmes. Jumelée à la pression supplémentaire associée à la prestation de soins à domicile, la crise a freiné la progression vers la parité entre les genres au sein de plusieurs économies et secteurs. » Selon des statistiques de l’Organisation internationale du Travail, le taux d’emploi des femmes en Asie et dans la région du Pacifique a chuté de 3,8 % à cause de la COVID-19, comparativement à seulement 2,9 % pour les hommes.
Par exemple, après que des travailleurs indonésiens ont été renvoyés chez eux pendant la pandémie, la Chambre de commerce et de l’industrie de ce pays a prédit que les mises à pied entraîneraient la perte de 6,4 millions d’emplois. L’industrie indonésienne du vêtement emploie 2,1 millions de travailleurs, dont 80 % sont des femmes.
La forte augmentation de la pauvreté imputable à la pandémie aurait eu des répercussions plus importantes pour les femmes et les ménages dirigés par des femmes. Des recherches de la Banque mondiale donnent aussi à penser que 74 % des ménages dirigés par des femmes ont touché des revenus d’emploi moindres ou n’ont eu aucun revenu de ce genre durant la pandémie, et qu’un nombre considérable de travailleurs migrants sont rentrés chez eux après avoir perdu leurs revenus.
3 Améliorer la protection des rentes des femmes
Intervention des autorités publiques
Comme démontré, l’inégalité entre les genres est profondément ancrée dans de nombreux aspects de la société, et ce, à chaque étape de la vie. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, les collectivités locales tentent de remédier à l’inégalité de revenus entre les genres en appliquant une meilleure gouvernance et des mesures fiscales proactives.
En Indonésie, certains des désavantages économiques et sociaux auxquels les femmes sont confrontées sont maintenant gérés au moyen d’un processus de budgétisation tenant compte du genre et que l’on utilise afin de tenter de s’attaquer à certaines des causes de l’inégalité structurelle. En 2018, l’Indonésie a présenté sa « stratégie nationale d’accélération de l’intégration généralisée des genres par une planification et une budgétisation réactives », qui a été mise à jour en 2021 afin de l’harmoniser aux objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. On a aussi mis fortement l’accent sur l’autonomisation des femmes à l’échelle des gouvernements locaux.
En Malaisie, l’indice d’écart entre les genres (Malaysia Gender Gap Index4) a été créé pour examiner les disparités entre les hommes et les femmes dans les quatre catégories clés suivantes : participation à l’économie et possibilités économiques, niveau d’éducation, santé et survie, et autonomisation politique. La Malaisie a également été désignée comme point de mire pour une initiative des Nations Unies visant à perfectionner la formation relative aux statistiques sur les genres.
Les politiques publiques peuvent également influencer le recours à des régimes de retraite par le truchement de divers canaux. De fait, les mesures incitatives adoptées par des gouvernements et des secteurs d’activités pourraient également jouer un rôle dans l’harmonisation des règles du jeu en ce qui concerne la protection des revenus de retraite. Dans le contexte des nombreux défis auxquels les femmes font face, certains gouvernements asiatiques adoptent des politiques novatrices pour inciter davantage de femmes à se joindre à la population active et à y retourner après un accouchement.
« Dans le contexte des nombreux défis auxquels les femmes font face, certains gouvernements asiatiques adoptent des politiques novatrices pour inciter davantage de femmes à se joindre à la population active et à y retourner après un accouchement. »
La Malaisie a fait de cette question une priorité en mettant en œuvre plusieurs initiatives visant à augmenter le pourcentage de femmes ayant un emploi; par exemple, en 2019, le programme Career Comeback offrait des exonérations d’impôt individuelles annuelles aux femmes âgées de 30 à 50 ans qui réintégraient la population active après s’être tenues à l’écart du marché du travail pendant au moins deux ans. De plus, le gouvernement malaisien a ajouté des subventions pour les femmes et les employés : les femmes qui réintègrent le marché du travail recevront 500 RM par mois pendant deux ans, tandis que les employeurs toucheront 300 RM pour la même période. Ces politiques ont été renouvelées jusqu’en 2023 en vertu du budget 2020. Bien que l’on soit encore aux premiers stades de cette réforme, les premiers résultats sont positifs. Depuis la création des subventions, 855 femmes sont retournées au travail et depuis 2015, 323 employeurs ont recruté des femmes qui avaient mis leur carrière de côté.
Nous aimerions aussi beaucoup que les employeurs de nos quatre marchés cibles – et du reste de l’Asie – adoptent des outils favorisant la transparence du processus de rémunération. Les politiques sur la transparence du processus de rémunération et la mise en correspondance des salaires constituent un moyen prometteur de mettre en relief les écarts salariaux structurels au sein des organisations. À l’heure actuelle, 18 des 38 membres de l’OCDE ont adopté des lois obligeant les employeurs du secteur privé à rendre compte périodiquement de l’écart salarial entre les genres (OCDE, 2021). Ces mesures ont permis d’encourager les employeurs à lutter contre les inégalités salariales, de fournir aux employés les renseignements nécessaires pour combattre la discrimination salariale et d’aider les gouvernements et les institutions à recenser et à élaborer des pratiques exemplaires.
Initiatives du secteur privé
L’économie du travail à court terme ouvre également de nouveaux horizons aux femmes. En Malaisie, le pourcentage de femmes travaillant à leur compte a presque doublé, passant de 11,6 % en 2010 à 19,5 % en 2020, ce qui indique que l’économie du travail à court terme pourrait accroître la participation des femmes à la population active, même si ces emplois sont peu susceptibles de donner droit à des prestations de retraite. En Indonésie, les premiers résultats d’un sondage donnent à penser qu’il y a une forte participation des femmes dans les secteurs de l’économie du travail à court terme, en particulier chez les jeunes travailleurs.
Si le travail à court terme recèle des possibilités, il pose également des problèmes, notamment en ce qui concerne la sécurité et le bien-être des femmes. Certaines entreprises sont en train d’adopter de nouvelles politiques pour gérer cette situation. Grab, l’une des plus grandes applications en ligne d’Asie du Sud-Est, propose des services de voiturage ainsi que de livraison de nourriture et de produits dans toute l’Asie émergente. Cette application a aussi créé de nouvelles politiques visant à favoriser l’emploi des femmes et à apaiser leurs craintes en matière de sécurité après des échecs antérieurs. En Indonésie, les femmes ont la possibilité de livrer des marchandises et de la nourriture plutôt que de transporter des passagers. Grab a également installé des caméras de télévision en circuit fermé sur des motos en Malaisie afin de renforcer les mesures de sécurité. Certaines entreprises ont également créé des services de transport de passagers réservés aux femmes, tels que LadyJek, afin que les employées se sentent plus en sécurité pendant qu’elles s’acquittent de leurs fonctions.
Expérience de Gestion de placements Manuvie
Si l’écart entre les gains et l’épargne-retraite des femmes est structurel, les incitatifs offerts en vertu de politiques publiques et les innovations numériques provenant d’entreprises peuvent contribuer à combler cet écart, comme le démontrent notre expérience et nos données.
- À Hong Kong, le gouvernement a annoncé la mise sur pied d’un régime de cotisations volontaires déductibles d’impôt en 2019 pour aider les particuliers à suppléer aux cotisations obligatoires des entreprises. Ce régime a connu un succès remarquable, en particulier chez les femmes. Selon les données de Gestion de placements Manuvie, les femmes comptent pour une proportion importante des adhérents au nouveau régime volontaire, en particulier celles qui se trouvent entre la fin de la trentaine et le milieu de leur vie, une période critique pour accumuler de l’épargne à long terme en prévision de la retraite; il semblerait donc que l’offre d’incitatifs fiscaux ciblés représente une façon de régler le problème.
- L’utilisation d’outils numériques pour attirer les investisseurs et personnaliser l’expérience est un autre moyen de mobiliser les gens. En 2019, Gestion de placements Manuvie a lancé iFunds, une plateforme de placement à guichet unique destinée aux fonds établis à Hong Kong (InvestChoice de Manuvie); cette plateforme a aussi fait l’objet d’un lancement à l’échelle régionale en Malaisie, en Indonésie et aux Philippines. À Hong Kong, nos données montrent que les femmes investisseuses, en particulier celles âgées de plus de 35 ans, font et gèrent un nombre élevé d’investissements en ligne alors que nous traversons une période de volatilité accrue. En Malaisie, beaucoup de jeunes femmes âgées de 20 à 30 ans commencent à utiliser des outils d’investissement ainsi que des outils numériques. Si les divergences d’ordre démographique observées dans ces deux marchés peuvent s’expliquer par de nombreux facteurs (structure d’âge des marchés, etc.), la disponibilité et la maîtrise des outils Internet pourraient également contribuer à expliquer la diversité des gens qui les utilisent en Asie.
- Enfin, notre expérience montre l’importance de l’éducation et de la formation des investisseurs à tous les niveaux. Bien qu’une rémunération et une épargne accrues soient nécessaires, de nombreuses ressources (agents d’assurance, gestionnaires de patrimoine et contenu numérique) peuvent aider en éduquant et en habilitant davantage les femmes investisseuses pour qu’elles puissent comprendre leur propre situation ainsi que leurs objectifs d’investissement à long terme. Pour servir une Asie diversifiée, il est nécessaire de recourir à une approche à plusieurs volets.
« Bien qu’une rémunération et une épargne accrues soient nécessaires, de nombreuses ressources (agents d’assurance, gestionnaires de patrimoine et contenu numérique) peuvent aider en éduquant et en habilitant davantage les femmes investisseuses pour qu’elles puissent comprendre leur propre situation ainsi que leurs objectifs d’investissement à long terme. Pour servir une Asie diversifiée, il est nécessaire de recourir à une approche à plusieurs volets. »
Il reste beaucoup de chemin à parcourir
Il est indiscutable que les disparités de revenus et de rentes entre les sexes ne sont pas imputables à un seul facteur : elles sont plutôt influencées par un ensemble de questions complexes et interreliées. Cela est vrai en Asie comme dans le reste du monde. Par conséquent, le chemin qui mène à la parité hommes-femmes sera long et passera par une réforme structurelle de grande ampleur dans de nombreuses sphères de la société, dont l’éducation ainsi que le droit et les pratiques en matière d’emploi, et la participation des pouvoirs publics aux processus de réglementation et de surveillance sera aussi requise.
Les écarts entre les hommes et les femmes sont présents à toutes les étapes de la vie et il faut donc en tenir compte pour établir des politiques. Toutefois, pour atteindre l’objectif de développement durable no 5 (« Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles »), il faudra accorder une attention particulière à l’éducation des enfants des deux sexes ainsi qu’aux choix qui s’offrent aux jeunes femmes actives, notamment lorsqu’elles prennent des décisions financières qui les aideront à assurer leur avenir et à améliorer leurs perspectives de retraite.
Si la mise en œuvre d’une réforme tenant compte de la question du genre peut sembler être une tâche colossale, la réforme des rentes est un bon point de départ. La prise de mesures efficaces visant à protéger le droit des femmes à l’emploi — et à leur procurer un revenu qui leur permettra de subvenir à leurs besoins au stade de la vieillesse, — peut les aider à sortir du cycle d’inégalité qui a été présent durant toute leur vie, tel que cela a été démontré.
1 Towards Improved Retirement Savings Outcomes for Women, OECD Publishing, Paris, mars 2021, https://doi.org/10.1787/f7b48808-en. 2 Gestion de placements Manuvie a fait appel au Sau Po Centre on Ageing de l’Universitéde Hong Kong à titre de consultant (moyennant des frais de consultation) pour lesservices-conseils liés à la série portant sur une Asie diversifiée. 3 Census and Statistics Department, 2021 et Conseil législatif de Hong Kong, 2019. 4 Le MGGI a été produit en suivant la méthodologie du Global Gender Gap Index (GGI) publiée par le Forum économique mondial à l’aide de données pouvant être obtenues auprès du ministère de la Statistique de la Malaisie.
Renseignements importants
Une crise généralisée dans le secteur de la santé, comme une pandémie, pourrait entraîner une forte volatilité des marchés, la suspension ou la fermeture des opérations de change, et affecter le rendement du portefeuille. Le nouveau coronavirus (COVID-19), par exemple, perturbe considérablement les activités commerciales à l’échelle mondiale. Les répercussions d’une crise sanitaire, ainsi que d’autres épidémies et pandémies susceptibles de survenir à l’avenir, pourraient avoir des conséquences sur l’économie mondiale qui ne sont pas nécessairement prévisibles à l’heure actuelle. Une crise sanitaire peut exacerber d’autres risques politiques, sociaux et économiques préexistants. Cela pourrait nuire au rendement du portefeuille, ce qui entraînerait des pertes sur votre placement.
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