Placements dans des terres agricoles : les effets de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine
Points à retenir
- La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis a eu pour effet de modifier les alliances traditionnelles d’échanges de produits agricoles un peu partout dans le monde.
- Par exemple, les exportations de soya américain vers la Chine ont presque cessé, et le Brésil a accru sa part du commerce mondial du soya aux dépens des États-Unis.
- Les investisseurs dans des terres agricoles seraient bien avisés de songer à se diversifier sur plusieurs plans, d’accroître leurs placements dans différentes régions parmi divers types de cultures et d’expédier leurs produits vers de multiples marchés finaux à l’échelle mondiale.
Depuis le printemps 2018, la politique commerciale internationale des États-Unis a connu un changement de paradigme, évoluant vers une approche plus conflictuelle qui s’est traduite par une intensification des barrières au commerce. La première salve de tarifs douaniers a été lancée en mars 2018 par les États-Unis. Elle visait les importations d’acier (droits de 25 %) et d’aluminium (droits de 10 %) en provenance de tous les pays à l’exception de l’Argentine, de l’Australie, du Brésil, du Canada, du Mexique, des membres de l’Union européenne et de la Corée du Sud. En mai 2018, les tarifs sur les métaux ont été étendus au Canada, au Mexique et aux pays de l’Union européenne. Ces droits de douane ont rapidement été suivis d’une série de tarifs de représailles visant des exportations américaines, notamment des produits agricoles. Parmi les restrictions commerciales imposées sur les produits agricoles des États-Unis, nous tenons à souligner la surtaxe de 25 % appliquée par la Chine au soya américain, du fait de son importance et de ses répercussions jusqu’à maintenant. Mise en place le 6 juillet 2018, cette mesure a déjà suscité des changements dans les alliances traditionnelles dans le domaine du commerce mondial de produits agricoles. Les investisseurs actuels et potentiels dans des terres agricoles auraient tout intérêt à prêter attention aux conséquences de cette évolution. La diversification pourrait être l’une des meilleures lignes de défense.
Les représailles tarifaires sur les produits agricoles américains ont réduit certaines voies commerciales et en ont élargi d’autres
Les barrières commerciales de 2018 ont été érigées dans un contexte de marché déjà difficile pour le secteur agricole américain, qui était confronté à la force du dollar américain par rapport aux devises de la plupart des autres pays exportateurs de produits agricoles. Certains produits agricoles d’une région donnée, en particulier les céréales et les oléagineux, peuvent être extrêmement vulnérables à une substitution de l’offre, puisqu’ils sont souvent interchangeables avec des récoltes provenant d’autres régions.
Le commerce mondial joue un rôle important dans le secteur agricole américain
En 2017, les États-Unis ont occupé le premier rang mondial des exportateurs de produits agricoles, avec des exportations de 138 milliards de dollars US représentant plus de 20,0 % de toute la production agricole du pays1. Entre 2000 et 2017, les exportations agricoles des États-Unis ont crû à un rythme annuel composé de 6,4 %, surpassant la croissance de la production totale¹. En 2017, les principales catégories d’exportations, d’après la valeur, étaient les suivantes : le soya, le maïs, les noix, le bœuf et le porc².
Les exportations de soya américain ont donné le ton en 2017
Principales exportations agricoles américaines en 2017
Source : Service du commerce extérieur du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), 2018.
Parmi les principaux clients des exportations américaines figuraient le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon, l’Union européenne et la Corée du Sud. Avant 2018, la Chine était la destination des exportations agricoles américaines connaissant la plus forte croissance, du fait de la hausse du revenu par habitant et de l’évolution successive du régime alimentaire vers une plus grande consommation de viande et de produits frais. L’Accord de libre-échange nord-américain et le traité qui le remplacera, soit l’Accord États-Unis–Mexique-Canada, assurent déjà la liberté des échanges pour la plupart des produits agricoles. Toutefois, l’absence d’un accord commercial en vigueur entre la Chine et les États-Unis a permis l’application en 2018 de droits de douane sur des produits d’une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars.
Sur le plan de la valeur et du pourcentage des exportations, le soya et les noix sont deux catégories de produit fortement exposées aux chocs de politique commerciale. Le principal marché du soya américain est la Chine. En 2017, les exportations de soya américain vers la Chine (12,3 milliards de dollars US) ont représenté 32 % de tout le soya cultivé aux États-Unis (38,6 milliards de dollars US)³ et 60 % de l’ensemble des exportations américaines de soya⁴. Les noix sont une catégorie de produit moins importante en termes de volume, mais elles représentent, kilo pour kilo, une culture de luxe à valeur élevée avec des exportations totalisant 8,5 milliards de dollars US en 2017. Les principaux marchés des noix sont l’Europe de l’Ouest et Hong Kong, où les tarifs douaniers ne s’appliquent pas.
Les principaux clients des exportations agricoles des États-Unis comprennent le Canada, la Chine et le Mexique
Croissance des exportations agricoles des États-Unis (milliards de dollars US)
Source : Service du commerce extérieur du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), 2018.
Depuis le 6 juillet 2018, date à laquelle le gouvernement chinois a imposé les droits de douane, les exportations de soya américain vers la Chine ont presque cessé. Habituellement, les exportations sont réalisées en majeure partie aux troisième et quatrième trimestres de chaque année, mais les données de cette année ont montré une déviation abrupte par rapport à la tendance récente. La Chine a déjà modifié son comportement d’achat pour soutenir ses secteurs d’élevage en croissance. Des changements marqués sur le plan du commerce sont en cours, la Chine augmentant ses importations du Brésil pour remplacer l’approvisionnement américain alourdi par des tarifs. La demande intérieure de soya aux États-Unis risque aussi de pâtir des tarifs douaniers chinois sur les produits de bétail américains, car ces tarifs devraient entraîner une baisse des exportations de bétail et pourraient avoir un effet d’entraînement sur la demande intérieure de fourrage, incluant les produits à base de soya.
Les tarifs chinois sur les noix (actuellement de 50 % sur les amandes, de 45 % sur les pistaches et de 65 % sur les noix de Grenoble) ont eu des répercussions plus modérées que ceux sur le soya, puisque Hong Kong est le principal point d’entrée des exportations de noix vers l’Asie. Les exportations de noix américaines vers Hong Kong n’étant pas assujetties aux tarifs, elles résistent mieux que les exportations de soya américain vers la Chine. Même si la vaste majorité des noix américaines sont exportées, leur sensibilité au marché de la Chine continentale est relativement limitée, et les possibilités de remplacement par d’autres produits ou d’autres régions d’approvisionnement sont plus restreintes. De plus, les noix sont moins sensibles aux prix que le soya, qui est principalement utilisé pour nourrir le bétail.
Les exportations de soya américain vers la Chine ont presque cessé
Volumes des exportations hebdomadaires de soya américain vers la Chine, de 2015 à 2018 (tonnes métriques)
Source : Rapport sur les ventes à l’exportation, Service du commerce extérieur du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), HNRG Research, au 30 septembre 2018.
Des conséquences durables pourraient se faire sentir pendant une période prolongée
Les investisseurs institutionnels dans des terres agricoles américaines qui produisent des cultures annuelles comme le soya pourraient, dans une certaine mesure, être à l’abri des conséquences directes des perturbations initiales des marchés engendrées par les récents tarifs. Le modèle d’exploitation dominant pour les investisseurs institutionnels dans des cultures annuelles aux États-Unis consiste à louer des terres agricoles à des fermes indépendantes, plutôt qu’à les exploiter directement. La plupart des terres de culture annuelle détenues aux États-Unis par des investisseurs institutionnels sont louées à des exploitants sur une base pluriannuelle, ce qui procure une certaine protection contre les effets d’une instabilité à court terme des marchés des produits de base. Nous sommes d’avis que le contexte difficile dans d’importants marchés d’exportation et les déclins des prix des produits de base qui en découleront engendreront tôt ou tard des pressions à la baisse sur les prix des loyers, mais les changements pourraient se produire sur une longue période, ce qui permettra au marché de s’ajuster.
Le marché a commencé à s’adapter aux changements dans les alliances mondiales
Les marchés ont déjà commencé à s’adapter aux tarifs douaniers. Les exportations de soya américain vers l’Argentine étaient nulles depuis 2009⁵, mais elles ont commencé à croître rapidement en 2018 à la suite de l’imposition des tarifs chinois sur le soya américain, et les exportations de soya vers le Brésil ont également augmenté. Au troisième trimestre de 2018, l’Argentine est devenue le plus important importateur de soya américain.
Les statistiques finales sur les exportations de soya brésilien vers la Chine pour le troisième trimestre ne sont pas encore disponibles, mais nous croyons que les tarifs douaniers accéléreront la tendance de longue date vers un accroissement de la part occupée par le Brésil dans le commerce mondial du soya. Quand les États-Unis et la Chine seront en mesure de s’entendre sur un nouvel accord commercial et supprimeront les tarifs douaniers, les États-Unis reprendront sans doute leurs exportations vers la Chine ; toutefois, nous ne prévoyons pas un retour immédiat aux niveaux antérieurs. Même si un accord est conclu, les pays resteront sensibles au risque d’être fortement dépendants d’un seul pays pour leur approvisionnement d’un produit de base important.
Les tarifs chinois sur les noix ont eu des répercussions plus modérées que ceux sur le soya
Exportations américaines d’amandes, de pistaches et de noix de Grenoble vers la Chine et Hong Kong, de 2014 au troisième trimestre de 2018 (milliers de livres)
Source : Service de recherches économiques du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), au 30 septembre 2018.
Les investisseurs dans des terres agricoles devraient songer à se diversifier sur plusieurs fronts
La récente volatilité des prix attribuable aux tarifs douaniers sur les marchés de produits agricoles renforce la nécessité pour les investisseurs en terres agricoles d’envisager de diversifier leurs avoirs parmi différents types de cultures et différentes régions, pas seulement à l’intérieur des États-Unis, mais à l’échelle mondiale. Cela signifie d’envisager un portefeuille mondial de propriétés hors des frontières américaines, notamment dans des endroits comme l’Australie, le Brésil, le Canada, le Chili et la Nouvelle-Zélande. Un portefeuille diversifié de propriétés agricoles mondiales pourrait offrir une certaine protection contre les perturbations commerciales qui sont causées par des facteurs de politique et qui, en ce moment, se font surtout sentir dans des segments comme les exportations de soya américain.
Le Brésil accroît sa part du commerce mondial du soya aux dépens des États-Unis
Part des exportations mondiales de soya (%)
1 Service du commerce extérieur du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), fas.usda.gov/data/percentage-us-agricultural-products-exported, 2018. 2 Service du commerce extérieur du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), fas.usda.gov/data/top-us-agricultural-exports-2017, 2018 et fas.usda.gov/data/percentage-us-agricultural-products-exported, 2018. 3 Statistiques sur les revenus et la richesse agricoles, Service de recherches économiques du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), ers.usda.gov/data-products/farm-income-and-wealth-statistics/, au 30 novembre 2018. 4 Service du commerce extérieur du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), apps.fas.usda.gov/psdonline/app/index.html#/app/advQuery, 2018. 5 Service du commerce extérieur du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA), fas.usda.gov/, 2018.
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