Occasions arrivant à maturité : marchés du carbone et agriculture s’arriment
Les pratiques agricoles recèlent un grand potentiel pour réduire les gaz à effet de serre et augmenter le carbone stocké dans les terres cultivées. Notre équipe des ressources naturelles se penche sur l’évolution rapide des solutions agricoles pour séquestrer du carbone et des marchés connexes.
Nous croyons que les investissements agricoles peuvent avoir des incidences favorables sur trois des plus grands défis auxquels le monde sera confronté au cours de la prochaine décennie : le changement climatique, l’appauvrissement rapide de la biodiversité et l’augmentation des inégalités socioéconomiques. Les actifs forestiers peuvent constituer un puits de carbone important et une saine gestion permet la séquestration de carbone pour atténuer les changements climatiques. De plus, comme la population mondiale devrait atteindre près de 10 milliards de personnes en 2050¹, la productivité et la durabilité de l’agriculture seront essentielles pour fournir au monde des ressources alimentaires adéquates. Selon nous, investir dans l’agriculture permet aux investisseurs de rechercher des rendements boursiers, de créer de la valeur à long terme et de gérer le risque tout en faisant fructifier leur capital d’une façon qui peut donner lieu à une contribution positive à la société.
De plus en plus d’États, de sociétés et d’autres organisations s’engagent fermement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de ralentir les changements climatiques. Certains visent spécifiquement des émissions nettes nulles au cours des 10 à 20 prochaines années. L’atteinte de ces cibles nécessitera des réductions de la production directe et indirecte de GES liée à leurs propres activités, en plus d’un financement d’activités destinées à réduire les émissions de GES ou à capturer et à stocker directement le carbone de l’atmosphère au moyen de l’achat de crédits carbone ou de la mise en œuvre d’activités de compensation carbone intégrée (compensation dans la chaîne de valeur de l’entreprise).
L’initiative Science Based Targets, un partenariat entre le Carbon Disclosure Project (CDP), le Pacte mondial des Nations Unies, le World Resources Institute et le World Wide Fund for Nature, indique la suite des mesures à prendre :
- réduction à la source (élimination des émissions dans les chaînes de valeur des entreprises);
- neutralisation (retrait du carbone dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises ou compensation carbone intégrée);
- compensation (achat de crédits carbone).
Le secteur agricole peut grandement contribuer à ces mesures de neutralisation et de compensation, qui visent à atténuer les effets des changements climatiques, grâce à des pratiques opérationnelles qui réduisent les émissions de GES par unité de production ou augmentent la quantité de carbone stocké dans les sols agricoles.
Les marchés des crédits carbone du secteur agricole évoluent
Les structures des marchés se transforment rapidement pour faciliter la création, la comptabilisation, la vérification, la commercialisation, la vente et le transfert de crédits carbone agricoles. Grâce à la mise en place de marchés efficaces pour les crédits carbone liés aux terres agricoles, les entreprises à la recherche de solutions climatiques naturelles auront directement accès aux mesures d’atténuation propres à l’agriculture. L’introduction de cette nouvelle catégorie de capital basée sur les solutions climatiques pour les terres agricoles pourrait inciter les agriculteurs à accélérer leur transition vers des activités favorables au climat et des pratiques agricoles régénératrices, créant ainsi potentiellement de nouvelles sources de revenus.
« Les sols renferment environ 75 % du carbone stocké sur terre, soit plus de trois fois la quantité contenue dans les plantes et les animaux. »
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat estime que pour limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels, nous devrons atteindre l’objectif de zéro émission nette à l’échelle de la planète d’ici 2050² et supprimer l’émission d’environ 1 000 milliards de tonnes métriques de dioxyde de carbone dans l’atmosphère de 2020 et 2100³. Comme les sols terrestres stockeraient trois fois plus de carbone que l’atmosphère⁴, la modification des pratiques agricoles pour conserver et accroître le carbone piégé dans le sol est de plus en plus reconnue comme une stratégie clé pour atteindre cet objectif mondial.
Les sols renferment environ 75 % du carbone stocké sur terre, soit plus de trois fois la quantité contenue dans les plantes et les animaux⁵. Des études estiment qu’à l’échelle mondiale, les terres agricoles ont le potentiel de séquestrer de 1 à 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par année⁶.. Outre la capacité de stockage du carbone des terres agricoles américaines, les exploitations agricoles américaines contribuent aux émissions annuelles de GES dans une proportion de 10 %⁷; ainsi, la réduction des émissions pourrait donner lieu à une importante création de crédits carbone.
L’agriculture comme stratégie de séquestration du carbone
La santé des sols est essentielle à la productivité agricole à long terme et la gestion durable des actifs agricoles doit inclure des engagements à l’égard de la conservation de l’eau, de l’agriculture régénératrice et du stockage de carbone.
Les pratiques agricoles régénératrices qui peuvent réduire les émissions de GES et augmenter la quantité de carbone piégé dans les terres agricoles comprennent le semis direct, les cultures de couverture, la diversification et la rotation des cultures⁷ et la modification des sources d’engrais et des méthodes d’épandage⁸. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a reconnu que l’agriculture adaptée au climat concourt à l’atteinte des objectifs de développement durable⁹ des Nations Unies.
La séquestration du carbone dans le sol renvoie à l’extraction du dioxyde de carbone de l’atmosphère par les plantes et à son stockage sous forme de matière organique dans le sol. Les deux pratiques agricoles régénératrices les plus répandues, soit le semis direct et les cultures de couverture*, peuvent accroître le taux de séquestration du carbone par rapport aux pratiques agricoles traditionnelles⁷. Déjà utilisées sur des millions d’acres de terres agricoles aux États-Unis, elles offriraient aussi potentiellement des avantages plus concrets aux agriculteurs en dehors de leurs effets sur le carbone. Selon l’emplacement, le semis direct a le potentiel de restreindre l’érosion du sol et le ruissellement, en plus de favoriser une meilleure rétention de l’humidité dans le sol. Les cultures de couverture, elles, peuvent prévenir l’érosion, améliorer la résilience physique et biologique du sol, apporter des nutriments, supprimer les mauvaises herbes, améliorer la disponibilité de l’eau dans le sol pour les cultures primaires et, par le fait même, accroître le rendement des cultures tout en modérant le coût des intrants¹⁰. The Nature Conservancy estime que chaque pour cent des terres de cultures annuelles ayant recours au semis direct, aux cultures de couverture et à la rotation des cultures aux États-Unis se traduit par une valeur sociétale annuelle de 226 millions de dollars, réalisée par l’augmentation de la capacité de rétention d’eau du sol, une baisse de l’érosion et de la perte d’éléments nutritifs dans l’environnement et une chute des émissions de GES¹¹.
Aux États-Unis, le semis direct est pratiqué sur 202 millions d’acres, soit les deux tiers du total des terres en culture, tandis que les cultures de couverture sont utilisées sur seulement 5 % d’entre elles (15 millions d’acres)¹². Bien qu’elles puissent s’appliquer à une vaste gamme de cultures en rangs et permanentes, ni l’une ni l’autre de ces techniques ne convient à toutes les fermes. L’adéquation de l’une ou l’autre de ces pratiques agricoles régénératrices dépend d’une combinaison de facteurs, notamment le sol, le climat et les conditions de croissance environnantes. Toutefois, les techniques agricoles régénératrices favorables au climat aux États-Unis devraient gagner en popularité grâce au soutien des secteurs public et privé. Le Natural Resources Conservation Service du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), comprend des programmes qui offre des incitatifs financiers pour laisser les terres agricoles en jachère dans le but de protéger les terres fragiles, comme celles caractérisées par des pentes abruptes ou vulnérables aux inondations, et l’administration Biden devrait affecter une partie de ces fonds aux producteurs employant des méthodes agricoles qui séquestrent le carbone¹³. Simultanément, des sociétés et des organismes privés pourraient participer à la mise sur pied de marchés du carbone agricoles à participation volontaire afin de créer une option viable pour atteindre leurs objectifs de réduction du carbone.
Les marchés du carbone à participation volontaire, stimulés par le privé
Les programmes régis par la loi pour réduire les émissions de GES, comme ceux de l’Union européenne, de la Californie et de la Nouvelle-Zélande, ont joué un rôle clé dans l’établissement des paramètres et des structures des marchés mondiaux de compensation carbone. Cependant, les progrès proviennent récemment de plus de plus d’initiatives volontaires du secteur privé. Alors qu’on assiste à une conscientisation accrue de la population aux changements climatiques, de nombreuses grandes sociétés, organisations et entités sans but lucratif aux États-Unis et à l’échelle mondiale se sont de leur propre gré engagées à réduire leur empreinte carbone et ont annoncé leurs plans pour y arriver.
Parmi les grandes sociétés qui ont fait part d’ambitions audacieuses en matière de décarbonisation, citons Disney, Alphabet (société mère de Google), Microsoft et Shell¹⁴. Ces initiatives d’entreprise sont étroitement alignées sur l’Accord de Paris conclu en 2015 et elles misent sur les crédits compensatoires pour atteindre les cibles de réduction des émissions de GES associées à l’étape clé de la réduction directe des émissions. Par conséquent, le financement de projets de compensation carbone et l’achat de crédits carbone se sont avérés être des moyens efficaces pour atteindre ces objectifs de réduction volontaire du carbone.
Depuis 2008, plus de 130 millions de crédits de compensation volontaire ont été émis et environ 40 millions ont été retirés¹⁵. (Les crédits de carbone « retirés » sont supprimés du marché et ne sont plus échangés.) Pour soutenir ce marché, la Climate Action Reserve fournit des protocoles, des lignes directrices et des outils; à l’heure actuelle, 19 protocoles ont été avalisés aux États-Unis et plus de 400 projets de compensation enregistrés. Par ailleurs, son protocole d’enrichissement des sols, adopté en septembre 2020, donne des directives sur la façon de quantifier des pratiques agricoles destinées à améliorer la concentration de carbone dans le sol, d’en assurer le suivi et la vérification et de voir à la production des rapports connexes¹⁶.
Si les participants aux marchés volontaires du carbone ne sont pas tenus de se conformer aux exigences législatives imposées par les programmes de conformité sur les émissions de carbone de la Californie ou de l’Union européenne, la plupart des organisations veulent que leurs projets de compensation carbone respectent les normes et les protocoles reconnus. En se soumettant aux exigences des programmes sur les marchés réglementés pour faire certifier et valider leurs efforts de réduction des émissions de carbone et en arrimant leurs efforts à de grands projets d’atténuation des changements climatiques, les participants au marché volontaire du carbone auront davantage de chances de vendre leurs crédits carbone et pourront mieux gérer leur portefeuille de crédits carbone. L’infrastructure opérationnelle conçue pour soutenir les mesures législatives prises par la Californie pour réduire les émissions de carbone fournit un modèle institutionnel pour l’échange des crédits carbone sur le marché volontaire, facilitant la croissance du marché de la compensation carbone volontaire.
La réaction croissante du secteur privé aux répercussions négatives potentielles des changements climatiques a concouru à l’augmentation de la demande sur les marchés des crédits carbone à participation volontaire, ainsi qu’en matière de compensation carbone intégrée et de projets de crédits compensatoires, et cet essor de l’activité a eu une incidence sur le prix du carbone. Le prix par tonne des quotas d’émission sur les marchés de l’Union européenne, de la Nouvelle-Zélande et de la Californie a grimpé, passant de moins de 15 $ US la tonne au milieu des années 2010 à 15 $ US à 30 $ US la tonne au début de 2020.
Le prix du carbone a augmenté depuis l’Accord de Paris
Prix de la tonne de carbone (en $ US)
Source : Partenariat International d’Action sur le Carbone, 11 mars 2020.
Selon une analyse de scénarios demandée par les Principes pour l’investissement responsable (PIR) des Nations Unies, le prix du carbone devrait passer de 40 $ US à 80 $ US/tCO2 d’ici 2030, ouvrant la voie à d’autres occasions d’investissement dans des solutions climatiques naturelles, comme les terres agricoles. Pour contrebalancer l’imprécision pouvant découler de l’absence de conformité, des avancées scientifiques touchant le carbone séquestré dans le sol ou d’erreurs de calcul, seule une fraction du total des crédits carbone générés est vendue, ce qui réduit le revenu potentiel des propriétaires de terres agricoles.
« De nouvelles sources de revenus liées au carbone pourraient entraîner un changement de paradigme au chapitre des placements agricoles. »
La hausse du prix du carbone, combinée à l’acceptation croissante des crédits carbone agricoles, pourrait se traduire par des revenus supplémentaires pour les agriculteurs, ce qui élargirait les options en matière d’exploitation de propriétés agricoles et augmenterait potentiellement la valeur des terres agricoles. Ces nouvelles sources de revenus liées au carbone pourraient entraîner un changement de paradigme au chapitre des placements agricoles. L’accent mis actuellement sur le rendement des récoltes et le rendement financier des cultures pourrait s’élargir pour inclure de nouvelles stratégies visant un captage et un stockage du carbone le plus économique possible, afin d’atteindre les objectifs environnementaux des investisseurs.
Qui participe à l’évolution des marchés du carbone agricole?
Plusieurs sociétés agissent comme pionnières en mettant en place des mécanismes de marché qui font le lien entre les acheteurs de crédits carbone et des exploitants agricoles précis qui réduisent les émissions de GES ou augmentent la rétention du carbone dans leurs sols. Elles établissent des partenariats individuels avec des exploitants agricoles qui acceptent de modifier leurs pratiques pour adopter des techniques éprouvées pour accroître le captage du carbone, mais les mécanismes de paiement et de tarification de même que la structure contractuelle sont encore en train d’être mis au point.
Les grands détaillants de produits alimentaires ont été les premiers à se lancer dans le secteur du carbone agricole, établissant proactivement leur réputation environnementale en bénéficiant d’une grande visibilité. Danone et PepsiCo ont mis en place des initiatives en 2017 et en 2018, respectivement. Les fournisseurs de technologies et d’intrants agricoles (Bayer, Indigo, Nutrien) et, dernièrement, des sociétés axées sur le carbone (Truterra, Nori, CIBO) leur ont emboîté le pas.
Expansion du marché du carbone et de l’agriculture dans le temps
Source : « Danone North America Expands the Most Comprehensive Regenerative Agriculture Program in the Dairy Industry », Danone North America, 21 décembre 2020. PepsiCo Sustainability Overview, 2021. Indigo Ag, 2021. Nori Resources: frequently asked questions, Nori, 22 janvier 2021. « Bayer takes steps to make carbon sequestration a farmer’s newest crop opportunity », Bayer, 21 juillet 2020. CIBO: frequently asked questions, CIBO, 24 février 2021. Gradable Carbon, Gradable, 23 février 2021. Sustainable Ag, Nutrien Ag Solutions, 2 mars 2021. « Land O’ Lakes Sustainability Business Truterra Launches TruCarbonTM, the First Farmer-Owned Carbon Program », Truterra, 2 mars 2021.
Danone Amérique du Nord compte 82 000 acres inscrits aux États-Unis et au Canada, y compris des cultures en rangs et d’amandes. La taille actuelle des participants au marché du carbone agricole varie grandement, certains ayant une clientèle existante correspondant à des millions d’acres. Or, à mesure que les marchés de compensation carbone du secteur agricole s’établiront, nous risquons d’assister à leur concentration, ce qui réduira le nombre d’intervenants. Méthode fiable et facilité de transaction s’imposeront comme des facteurs clés qui distingueront les futurs chefs de file des marchés vers lesquels les propriétaires fonciers, les agriculteurs et les acheteurs de crédits carbone se tourneront.
Échantillon de sociétés du marché du carbone et de l’agriculture en mars 2021
Source : voir le tableau précédent.
Modèles d’affaires actuels
La volonté des détaillants de produits alimentaires de créer leur propre programme de séquestration du carbone repose sur certains motifs clairs : favoriser l’atteinte de leur objectif de carboneutralité, s’assurer du profil environnemental des agriculteurs faisant partie de leur chaîne d’approvisionnement et améliorer leur image publique. Pour les fournisseurs du secteur, tels que Bayer ou Nutrien, la promotion d’activités à bilan carbone positif est bonne pour leur image, mais elle leur permet aussi d’offrir un service à leur clientèle d’agriculteurs en leur facilitant l’accès aux avantages potentiels des marchés de crédits carbone du secteur agricole. Par exemple, Peoples Company, une importante société de courtage et de gestion immobilière en milieu rural, vise à inscrire 20 000 acres en 2021 à titre de service à valeur ajoutée pour ses clients¹⁷.
Selon divers agriculteurs interviewés par le Wall Street Journal, les programmes de crédits carbone en agriculture actuels versent de 7 $ US à 40 $ US l’acre aux agriculteurs par année¹³. Cela dit, vu la hausse du prix carbone, les estimations à long terme vont de 68 $ US à 90 $ US l’acre environ par année¹⁸.
Le défi : comment quantifier les crédits carbone?
Les principales considérations relatives aux crédits carbone du secteur agricole comprennent la vérification, la certification par des tiers, l’additionnalité et les fuites, et des démarches en cours s’attachent à normaliser l’évolution de tous ces aspects :
- La vérification du respect des pratiques en matière de crédits carbone et de la teneur en carbone dans le sol peut tout de même se révéler coûteuse et imprécise.
- La certification des méthodes et des résultats s’effectue à l’interne et à l’externe; les acheteurs de crédits carbone passent actuellement en revue plusieurs normes pour évaluer l’empreinte carbone de pratiques agricoles particulières dans des domaines distincts.
- Un autre obstacle majeur commun à l’ensemble des projets de compensation carbone intégrée est l’additionnalité. Autrement dit, l’initiative doit apporter un changement lié au carbone qui n’aurait pu eu lieu normalement. Il est, par exemple, possible qu’un plus grand nombre d’agriculteurs optent pour des cultures de couverture afin de réduire l’érosion du sol et d’améliorer la rétention de l’eau, peu importe les paiements carbone.
- Enfin, les sociétés cherchent aussi à garantir la longévité du captage de carbone. Si les pratiques agricoles changent, causant des émissions de carbone, ou si le courtier de crédits carbone ferme, l’effet obtenu peut ne pas répondre aux objectifs et aux attentes du marché du carbone.
Les sociétés s’efforcent de surmonter les défis à relever sur le plan de la mesurabilité et de la mise en œuvre pour, d’une part, vérifier la réduction des émissions et la séquestration du carbone dans le sol et, d’autre part, permettre la certification par des tiers. Pour y parvenir, des besoins s’imposent, dont celui d’ententes juridiques pluriannuelles et de systèmes de suivi à long terme permettant de veiller à ce que les pratiques respectent les engagements. La tenue rigoureuse des dossiers de gestion agricole avant et après l’établissement du crédit carbone est aussi indispensable. De plus, des échantillons de sol représentatifs doivent être analysés pour établir la teneur en carbone de référence et vérifier la conformité aux ententes. Ces processus seront complexifiés par le caractère variable de la quantité de matière organique (carbone) présente dans le sol de différents champs et sites d’une même propriété. Étant donné que les frais juridiques et les frais de tests sont fixes à l’acre, des prix carbone plus élevés pourraient être nécessaires pour compenser les frais d’administration, de transaction et de suivi requis pour gagner la confiance des investisseurs.
La chaîne de valeur des crédits carbone dans le secteur agricole
À titre indicatif seulement.
Bien que ces programmes représentent une occasion pour les agriculteurs de profiter d’avantages financiers et environnementaux, ils restreignent aussi les options en ce qui concerne les activités agricoles et l’usage des terres pendant plusieurs années, obligeant les propriétaires de terres agricoles à renoncer à une partie de leurs droits immobiliers. Pour le propriétaire de terres agricoles, la conclusion d’ententes de crédits carbone s’accompagne de certains des inconvénients associés à une servitude de conservation à plus petite échelle et à plus court terme. Il est donc particulièrement important de tenir compte des coûts et des avantages si les terres agricoles peuvent être converties en terres de plus grande valeur (p. ex., plantation permanente ou utilisation non agricole). Les ententes auront éventuellement une incidence sur la transférabilité et la liquidité des terres agricoles si le propriétaire ou l’exploitant change.
La qualité des crédits carbone est habituellement certifiée par des programmes d’enregistrement à but non lucratif comme Gold Standard¹⁹, Climate Action Reserve²⁰ et Verra²¹, ainsi que des organisations du domaine de la science des sols, comme l’organisme sans but lucratif Soil Health Institute²². Le statut indépendant de ces intervenants permet aux sociétés du marché du carbone de quantifier et de certifier l’empreinte carbone prévue des pratiques agricoles, de mesurer la teneur en carbone de référence et de surveiller la concentration de carbone et les registres des exploitations agricoles pour assurer la conformité. Compte tenu des obstacles que les coûts et les délais administratifs posent aux petits émetteurs de crédits carbone du secteur agricole, certaines sociétés, comme Nori, ont décidé d’adopter leurs propres méthodologies exclusives.
Le marché du carbone stocké dans le sol continue donc d’évoluer sur le plan scientifique et structurel, et le renforcement de la confiance à l’égard des estimations de carbone retiré dépendra de l’utilisation de méthodes de mesure rigoureuses; l’échantillonnage de référence s’avère clé pour estimer le carbone séquestré et la réduction des émissions de GES.
Un important moteur de création de valeur
Alors que les pays et les entreprises prévoient réduire leurs émissions de 1 000 milliards de tonnes d’ici 2100 en vue d’un avenir décarboné, les crédits carbone compensatoires deviennent un outil précieux. Il y a donc tout lieu de croire que l’agriculture, une solution centrée sur des ressources naturelles, jouera un rôle dans la demande de séquestration du carbone. Par rapport au scénario actuel, l’agriculture a le potentiel de séquestrer de 1 à 2 milliards de tonnes de carbone par année.
En revanche, la modeste taille des programmes de séquestration du carbone actuels, à quelques millions d’acres seulement (par rapport à 320 millions d’acres de terres cultivées et à 580 millions d’acres de pâturages aux États-Unis uniquement), laisse place à une importante croissance¹². À l’instar du secteur forestier, qui a réussi à faire de la séquestration du carbone un important facteur de création de valeur, les exploitations agricoles mettant en œuvre des pratiques de séquestration du carbone et de réduction des émissions de GES devraient également trouver suffisamment d’acheteurs désireux de limiter l’ampleur des changements climatiques à l’échelle mondiale.
* Semis direct : Technique de labour et d’ensemencement consistant à couvrir 30 % ou plus de la surface du sol avec des résidus de cultures après la plantation afin de réduire l’érosion du sol par l’eau. Culture de couverture : Culture servant à la protection et à l’enrichissement du sol, généralement plantée entre la récolte d’une culture principale et l’ensemencement de la suivante. Elle ne sera pas récoltée, mais retournée au sol.
1 « Mitigation pathways compatible with 1.5 in the context of sustainable development », IPCC Special Report, 2018. 2 « Global warming of 1.5°C », IPCC Special Report, 2018. 3 « A global agenda for collective action on soil carbon », Nature Sustainability, 10 janvier 2019. 4 « Carbon sequestration in soils », Ecological Society of America, 2000. 5 « Natural climate solutions », PNAS, 31 octobre 2017. 6 « Sources of greenhouse gas emissions », U.S. Environmental Protection Agency, consulté le 19 janvier 2021. 7 « COMET-Planner: Carbon and greenhouse evaluation for NRCS conservation practice planning », NRCS, USDA, Colorado State University, consulté le 17 février 2021. 8 « GHG and carbon sequestration ranking tool », USDA NRCS, consulté le 17 février 2021. 9 « Climate-Smart agriculture and the Sustainable Development Goals », Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), consulté le 17 avril 2021. 10 « Cover crops and soil health », NRCS, USDA, consulté le 22 janvier 2021. 11 « reThink soil : A roadmap to U.S. soil health », The Nature Conservancy, consulté le 17 février 2021. 12 USDA NASS 2017 Census of Agriculture, consulté le 22 janvier 2021. 13 « Agriculture industry bets on carbon as a new cash crop », Wall Street Journal, 23 décembre 2020. 14 Reuters, octobre 2019. 15 Climate Action Reserve Projects, octobre 2019. 16 Climate Action Reserve Soil Enrichment Protocol, consulté le 3 mars 2021. 17 « CIBO, Peoples Company partner for carbon credits on farmland », Successful Farming, 19 janvier 2021. 18 « CarbonShot : Federal policy options for carbon removal in the United States », World Resources Institute, 2020. 19 Gold Standard, 2 mars 2021. 20 Climate Action Reserve, 17 février 2021. 21 Verra, 17 février 2021. 22 Soil Health Institute, 17 février 2021.
Renseignements importants
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