De la ferme à l’assiette : remédier aux vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement grâce aux innovations dans les infrastructures agricoles
Compte tenu de la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales, nous examinons de plus près en quoi les innovations dans les infrastructures agricoles peuvent se révéler une voie d’avenir plus durable tout en créant des occasions à saisir par les investisseurs en cours de route.
Points à retenir
- Les événements survenus dans le monde obligent le secteur de l’agriculture à réfléchir aux changements qui pourraient être apportés aux chaînes d’approvisionnement qui relient les exploitations agricoles et les consommateurs afin d’optimiser l’utilisation des intrants rares, de réduire l’empreinte carbone du secteur et de limiter le gaspillage.
- Les investissements dans les infrastructures agricoles et les technologies connexes peuvent contribuer à renforcer les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales en augmentant l’efficacité opérationnelle et en réduisant les coûts de production et les pertes alimentaires.
- L’optimisation des chaînes d’approvisionnement alimentaire aujourd’hui pour une voie d’avenir durable peut offrir aux investisseurs des occasions intéressantes dans plusieurs catégories d’actif.
Le secteur agricole est confronté à des défis
Au cours des deux dernières années de pandémie, le secteur agricole s’est bien comporté, car le nombre accru de personnes amenées à cuisiner à la maison a alimenté la forte demande des consommateurs. Cependant, cette poussée, combinée aux goulots d’étranglement dans la logistique, a entraîné des perturbations de l’offre, ce qui a fait grimper le prix des aliments et mis en lumière la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales existantes.
Étant donné la croissance de la population mondiale et l’augmentation des revenus, les systèmes alimentaires mondiaux devront fournir 56 % plus d’aliments d’ici 2050. Les investissements dans les infrastructures agricoles et les progrès technologiques connexes peuvent contribuer à renforcer les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales en augmentant l’efficacité opérationnelle et en réduisant les coûts de production et les pertes alimentaires. Ces progrès peuvent également favoriser l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ceux-ci en diminuant la consommation d’eau, d’engrais et de pesticides, en supplantant la consommation de combustibles fossiles et en réduisant les déchets dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement agricole. Avec la croissance mondiale qui devrait faire grimper la demande alimentaire de 20 500 billions de calories d’ici 2050, les investisseurs pourraient avoir l'occaision d’apporter une contribution positive.
Le monde doit combler un écart alimentaire de 56 % d’ici 2050
Consommation calorique totale à l’echelle mondiale
Améliorer l’efficacité de la production grâce aux espaces de culture intérieurs
Bien que la culture dans les champs soit la principale forme de production agricole aux États-Unis, les activités se limitent à des périodes de végétation précises et sont sensibles aux conditions météorologiques. Par conséquent, le pays importe 32 % des légumes frais et 55 % des fruits frais consommés par les Américains chaque année; les importations sont toutefois à la merci des écarts de qualité et des longues chaînes d’approvisionnement.
L’agriculture en environnement contrôlé offre plusieurs avantages par rapport à la culture dans les champs. En contrôlant la lumière, l’humidité et la température, cette technologie crée des environnements propices à la croissance, pendant presque toute l’année, de certains fruits et légumes qui se trouvent ainsi peu exposés aux conditions météorologiques. Les avantages de l’agriculture en environnement contrôlé incluent :
- Des rendements améliorés et plus constants des cultures
- Des chaînes d’approvisionnement plus courtes, du fait que les serres peuvent être installées plus près de leurs marchés finaux, ce qui peut aussi contribuer à réduire les émissions de carbone associées au transport des produits jusqu’aux consommateurs
- Une utilisation plus efficace des engrais et le non-usage de pesticides
- La conservation de l’eau grâce à des méthodes d’irrigation efficaces et au recyclage de l’eau et des nutriments
Utilisation plus efficace de l'eau dans les serres
Soutenir la demande grâce aux infrastructures de serres
Les serres sont la forme traditionnelle de l’infrastructure pour l’agriculture en environnement contrôlé et sont utilisées depuis des siècles. Cependant, les progrès technologiques comme l’éclairage DEL, les systèmes de surveillance et de contrôle par ordinateur, l’irrigation de précision et les systèmes de recyclage de l’eau et des nutriments ont permis d’étendre l’utilisation des serres à un plus grand nombre de cultures et d’emplacements géographiques.
Bien que la production en serre aux États-Unis ait augmenté au cours des dernières années, l’offre actuelle de cultures en serre ne peut répondre adéquatement à la demande des consommateurs pendant toute l’année. Il y a donc une occasion d’investissement à saisir, qui permettra une meilleure adéquation entre la production alimentaire efficace et durable et la demande croissante des consommateurs; cette occasion passe par la construction stratégique d’infrastructures de serres près des grands axes routiers et des centres urbains. Ces investissements auront aussi comme effet de réduire le risque de perturbation de l’approvisionnement en raccourcissant les chaînes d’approvisionnement actuelles.
La production en serre aux États-Unis est en hausse
Total des legumes et des fines herbes fraîches coupées de serre aux États-Unis
Infrastructure agricole de nouvelle génération
L’agriculture verticale, élément de nouvelle génération de l’agriculture en environnement contrôlé, pourrait devenir une composante plus importante de la production alimentaire globale. Au lieu de cultiver des aliments en une seule couche, comme dans la culture en plein champ et en serre, cette méthode a recours à une technologie avancée qui permet de superposer verticalement les cultures dans un environnement hautement contrôlé afin d’accroître la production sur la même superficie de terrain. Cependant, l’agriculture verticale en est au début du cycle de vie de son secteur et, compte tenu des coûts élevés de l’énergie et des besoins intensifs en capital, elle devrait rester principalement axée sur la production de cultures de grande valeur.
Une voie d’avenir durable
Étant donné que l’avenir du secteur de l’agriculture est caractérisé par la rareté des ressources naturelles, les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement et la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes, l’intégration croissante des technologies agricoles en environnement contrôlé dans la production alimentaire se révèle une voie d’avenir durable. Bien que l’agriculture en plein champ demeurera probablement la principale forme de production alimentaire, l’innovation et l’application continues des technologies agricoles en environnement contrôlé créent des moyens de répondre à la demande croissante d’aliments par l’offre de produits frais, locaux et issus de l’agriculture durable.
Agriculture plus énergie solaire égale réduction des émissions de carbone
Pour un secteur fortement tributaire des combustibles fossiles, l’énergie renouvelable offre une autre occasion de renforcer les chaînes d’approvisionnement alimentaire tout en réduisant les émissions de carbone.
Le coût de l’énergie solaire a chuté
Source : Solar industry research data, Solar Energy Industries Association, 2020.
Parmi les diverses sources d’énergie renouvelable, l’énergie solaire figure parmi les sources de remplacement dont la croissance est la plus rapide. Les panneaux solaires sont composés de cellules photovoltaïques qui transforment le rayonnement solaire en électricité. L’intégration de panneaux solaires dans les exploitations agricoles peut :
- Favoriser l’autosuffisance énergétique et la résilience de la production – L’énergie solaire permet aux exploitations agricoles de remplacer les combustibles fossiles utilisés pour faire fonctionner l’équipement agricole, comme les pompes à eau, les dispositifs d’éclairage, les clôtures électriques et les installations d’entreposage. En passant à l’énergie renouvelable, les exploitations agricoles peuvent devenir plus autosuffisantes sur le plan énergétique et améliorer leurs marges opérationnelles.
Exemple : Gestion de placements Manuvie opère une exploitation agricole de noix en Californie appartenant à des investisseurs. Au moment de l’achat, l’exploitation agricole utilisait 60 pompes à eaux souterraines électriques et puits d’irrigation. Grâce à une collaboration avec PG&E, le fournisseur local de services publics, des panneaux solaires ont été installés pour produire de l’électricité dans quatre parcelles de terrain non productives de l’exploitation agricole préalablement ciblées. En optimisant l’utilisation de parcelles de terrains qui n’étaient pas suffisamment productives, l’exploitation agricole est maintenant en mesure de produire de façon durable l’énergie nécessaire pour faire fonctionner ses pompes et ses puits. Cette transition a permis de réduire de 80 % le coût de l’énergie nécessaire pour la terre cultivée et devrait compenser 93 % de la demande d’énergie de la propriété à long terme. - Réduire les émissions de carbone en remplaçant la production d’énergie à partir de combustibles fossiles – L’énergie solaire produite par l’exploitation agricole peut être vendue à des fournisseurs locaux de services publics. En plus d’aider les collectivités locales à réduire leur consommation d’énergie fossile, la vente de l’énergie solaire peut procurer aux agriculteurs une source de revenus secondaire.
Exemple : En 2020, Gestion de placements Manuvie a participé à un projet visant à fournir de l’énergie solaire à une communauté du Massachusetts tout en conservant le terrain pour les agriculteurs locaux. Le projet, qui prévoit le développement conjoint de la même parcelle de terrain pour la production d’énergie solaire et l’agriculture, devrait, une fois mené à terme, produire suffisamment d’énergie pour alimenter 1 800 maisons chaque année, tout en conservant le terrain pour la culture et la récolte de canneberges.
En se donnant les moyens de parvenir à l’autosuffisance énergétique, les exploitations agricoles peuvent rationaliser leurs activités en contrôlant mieux les coûts de certains aspects, tout en favorisant la résilience de la production. Bien que la transition vers les infrastructures d’énergie solaire exige beaucoup de capitaux, elle contribue directement à la gestion durable à long terme des terres agricoles et des terres cultivées, ce qui aide à décarboniser l’économie tout en procurant un rendement du capital investi.
Réduire les déchets grâce à des infrastructures d’entreposage frigorifique ralentit les changements climatiques
La réduction du gaspillage alimentaire est un autre moyen de renforcer les chaînes d’approvisionnement tout en diminuant les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur agricole. Le gaspillage alimentaire se produit à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Plus de 2,5 milliards de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année, soit environ 40 % de tous les aliments produits à l’échelle mondiale. On estime également qu’environ 10 % du total des émissions de GES à l’échelle mondiale est attribuable à ce gaspillage.
Pourcentage de la production totale gaspillée
Solutions faisant appel à l’atmosphère contrôlée
Dans les exploitations agricoles, le gaspillage alimentaire se produit pour diverses raisons. Bien que certaines pertes soient inévitables, les produits agricoles périssables, comme les fruits et les légumes, sont très sensibles aux conditions de l’offre et de la demande. Si les marchés ne peuvent pas absorber les fluctuations saisonnières des cultures agricoles, les produits risquent de pourrir dans les champs.
Les installations d’entreposage à atmosphère contrôlée, qui prolongent la durée de conservation des aliments tout en maintenant leur qualité, constituent une solution efficace pour contrer les déséquilibres temporaires entre l’offre et la demande. Il ne s’agit pas seulement d’une simple réfrigération; ces installations combinent des infrastructures et des technologies novatrices pour créer l’environnement idéal pour l’entreposage des produits agricoles en contrôlant la température, les niveaux d’oxygène et de dioxyde de carbone, ainsi que le taux d’humidité.
Par exemple, à l’installation de traitement des pommes de Gestion de placements Manuvie dans le comté de Yakima, dans l’État de Washington, cette technologie sert à ralentir le taux de respiration des pommes afin qu’elles demeurent croustillantes, colorées, savoureuses et nutritives. Bien que la saison de récolte des pommes s’étende généralement de la mi-août à octobre, ce fruit est consommé à longueur d’année. L’infrastructure à atmosphère contrôlée permet à l’industrie pomicole d’entreposer les fruits dès leur récolte, puis d’offrir des pommes de qualité pour répondre à la demande des consommateurs au cours des mois d’hiver et de printemps suivants.
La technologie reposant sur l’atmosphère contrôlée est aussi utilisée dans le transport des aliments, le lien vital entre les exploitations agricoles et les consommateurs. Elle fonctionne de la même façon et prolonge la durée de conservation des aliments pendant leur livraison par le chemin de fer ou par la voie terrestre, maritime ou aérienne. Cependant, il est nécessaire d’investir dans la logistique des infrastructures pour raccourcir les chaînes d’approvisionnement et accroître leur efficacité dans le but de réduire davantage le gaspillage alimentaire qui peut se produire pendant le transport.
Répondre à la demande croissante d’aliments ne consiste pas seulement à augmenter l’offre, mais également à optimiser la manipulation des produits agricoles et leur livraison aux consommateurs. La technologie reposant sur l’atmosphère contrôlée contribue à créer une chaîne d’approvisionnement plus résiliente et à réduire le gaspillage alimentaire, ce qui permet de diminuer les émissions de GES et les répercussions sur le climat.
L’infrastructure agricole peut offrir des occasions intéressantes aux investisseurs
Pour répondre à la demande future et accroître la résilience de la chaîne d’approvisionnement, le secteur agricole doit continuer de s’adapter et d’évoluer. Les innovations dans les infrastructures et les technologies agricoles donnent lieu à des occasions de placement qui permettent d’optimiser et de stimuler la création de valeur à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement de façon durable. Cependant, ce type de transformation nécessite du capital – et les investisseurs répondent à l’appel.
Par le passé, un gestionnaire de terres agricoles et de terres cultivées tirait ses occasions de placement de sources différentes d'un gestionnaire d'infrastructures. Désormais, le recours à une approche plus intégrée de l’investissement dans les infrastructures agricoles pourrait donner lieu à un nouveau paradigme reposant sur une combinaison de connaissances approfondies dans chaque secteur pour maximiser le succès grâce à des partenariats plus étroits. Par exemple, bien qu’un gestionnaire de terres agricoles et de terres cultivées puisse prévoir la production et les aliments qui seront très demandés, le gestionnaire d’infrastructures peut, quant à lui, trouver l’infrastructure appropriée pour permettre la production, l’entreposage, le traitement et la coordination du transport pour livrer les produits aux consommateurs pendant les périodes de pointe.
Tant le secteur public que les investisseurs institutionnels ont un rôle à jouer. Du côté du secteur public, les gouvernements reconnaissent la nécessité de lutter contre les changements climatiques en offrant divers programmes, subventions et incitatifs qui permettent aux exploitations agricoles d’investir dans les infrastructures agricoles. Du côté des investisseurs institutionnels, les placements peuvent être effectués directement ou par l’intermédiaire de gestionnaires d’actifs possédant une vaste expertise dans les placements dans les terres agricoles et cultivées et dans les infrastructures, ou dans les deux. Les placements dans l’agriculture et les infrastructures offrent généralement des flux de trésorerie stables et un rendement du capital à long terme.
Optimiser les chaînes d’approvisionnement alimentaire aujourd’hui pour assurer un avenir durable
Depuis le début de la pandémie, il est plus fréquent de voir des tablettes dégarnies dans les épiceries en raison des conditions météorologiques défavorables, des pénuries importantes et des goulots d’étranglement dans le transport. Même si ces perturbations dans les chaînes d’approvisionnement devraient être temporaires, la croissance prévue de la population au cours des 30 prochaines années exercera de plus en plus de pressions sur les capacités de production alimentaire et les chaînes d’approvisionnement mondiales, surtout compte tenu des défis engendrés par les changements climatiques.
Les investissements dans les infrastructures agricoles peuvent contribuer à renforcer les chaînes d’approvisionnement alimentaire de manière durable tout en offrant des occasions de placement dans plusieurs catégories d’actif. Ceux qui s’adaptent rapidement au changement pourraient être les mieux placés pour tirer leur épingle du jeu.
Renseignements importants
Une crise généralisée dans le secteur de la santé, comme une pandémie mondiale, pourrait entraîner une forte volatilité des marchés, la suspension et la fermeture des opérations de change, et affecter le rendement des fonds. Par exemple, le nouveau coronavirus (COVID-19) a considérablement perturbé les activités commerciales à l’échelle mondiale. Les répercussions d’une crise sanitaire ainsi que d’autres épidémies et pandémies qui pourraient survenir à l’avenir pourraient avoir des répercussions sur l’économie mondiale qui ne sont pas nécessairement prévisibles à l’heure actuelle. Une crise sanitaire peut exacerber d’autres risques politiques, sociaux et économiques préexistants. Cela pourrait nuire au rendement du portefeuille, ce qui entraînerait des pertes sur votre placement.
Les placements comportent des risques, y compris le risque de perte du capital. Les marchés des capitaux sont volatils et peuvent considérablement fluctuer sous l’influence d’événements liés aux sociétés, aux secteurs, à la politique, à la réglementation, au marché ou à l’économie. Ces risques sont amplifiés dans le cas des placements effectués dans les marchés émergents. Le risque de change s’entend du risque que la fluctuation des taux de change ait un effet négatif sur la valeur des placements détenus dans un portefeuille.
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