Les co-investissements en placements privés exigent une rigueur microéconomique et une perspective macroéconomique

Les co-investissements peuvent rarement être faits de manière proactive; la participation à des occasions intéressantes dépend largement des relations externes avec des sociétés de placements privés. Quand une occasion de co-investissement se présente, il est primordial de prendre la bonne décision (participer ou passer son tour). Après tout, après l’engagement d’un co-investisseur, les résultats reposent presque entièrement sur les équipes de gestion de la société et les promoteurs de placements privés de cette dernière. 

Les investisseurs avertis recherchent toujours la même chose dans les co-investissements 

Les investisseurs choisissent les co-investissements en fonction des trois critères suivants :

1  La cohésion entre le promoteur et ses co-investisseurs et une forte concordance entre le domaine d’expertise du promoteur et le secteur d’activité de la société – même un co-investissement dans une société dont les titres sont bien évalués peut s’avérer un succès s’il est exécuté aux côtés d’un promoteur ayant la spécialisation et les compétences requises pour faire progresser les activités.

2  Les caractéristiques attrayantes de la société, comme des flux de trésorerie constamment disponibles, des positions durables sur le marché et une croissance des bénéfices stable, qui favorisent de multiples leviers de création de valeur et fournissent une protection en cas de repli.

3  La diversification du portefeuille, qui comprend des titres dans différents secteurs et dont les promoteurs, les stratégies de placement et les risques sont diversifiés.

Les thèmes macroéconomiques doivent éclairer les décisions de co-investissement 

Même s’il n’est pas prudent de prendre des décisions de placement à partir de prévisions, il est essentiel de comprendre la situation actuelle sur le plan économique et géopolitique et sur les marchés financiers pour optimiser le choix des placements. Heureusement, il y a une abondance de données, d’évaluations économiques, de commentaires et d’opinions sur lesquels on peut se fonder. Les grands investisseurs institutionnels peuvent consulter leurs propres économistes, comparer leurs perspectives avec celles d’autres analystes des marchés, et intégrer les conversations avec des commandités à programme de fonds de placements privés. Souvent, une opération en cours fournit des données en temps réel sur la conjoncture des marchés. Les variations des écarts de taux, les modalités d’emprunt et l’effet de levier sont notamment d’importants facteurs qui doivent être fréquemment mis à jour à partir des données des nombreuses ressources et équipes de placement de la société, notamment celles qui sont axées sur le crédit. À titre d’exemple, prenons l’écart qui est survenu entre les prêts syndiqués et les prêts sur le marché intermédiaire. Les récentes tensions relatives aux prêts syndiqués et la stabilité comparative des prêts directs sur le marché intermédiaire ont été des facteurs décisionnels des co-investissements et ont orienté les décisions vers de plus petites sociétés ayant un niveau d’endettement moins élevé – particulièrement celles qui ont des structures de prêt syndiqué en circuit fermé (club deal) sur le marché intermédiaire inférieur, où les modalités et les prix demeurent favorables aux emprunteurs. Comme nous le croyons pour de nombreux autres commanditaires et co-investisseurs, les bons investisseurs se réjouissent de pouvoir absorber les évaluations et les opinions d’un vaste éventail de sociétés de placements privés de premier plan et font des placements dans la gamme des secteurs verticaux, ce qui témoigne des incidences qu’ils déterminent pour leur stratégie et de leur approche en matière de placement.

Le NASDAQ a perdu plus de 10 % ce trimestre? Que disent Francisco Partners et Thoma Bravo au sujet des placements dans le secteur des technologies de l’information? Le PIB est négatif depuis deux trimestres? Comment les sociétés American Industrial Partners et Brookfield réagissent-elles dans le secteur des installations industrielles? 

Il est essentiel de comprendre la situation actuelle sur le plan économique et géopolitique et sur les marchés financiers pour optimiser le choix des placements.

En fin de compte, les investisseurs doivent viser à constituer des portefeuilles qui les exposent uniquement aux risques qui sont liés à l’exécution et qui peuvent être maîtrisés (intégration de fusions et acquisitions, implantation de systèmes de planification des ressources de l’entreprise et autres stratégies de création de valeur) tout en évitant les risques qui ne peuvent pas l’être, comme ceux qui sont liés à la concentration de la clientèle, à la nouvelle réglementation et aux fluctuations des prix des marchandises. Les modèles d’affaires qui devraient connaître une croissance peu importe la conjoncture économique sont toujours attrayants, et ils sont encore plus importants aujourd’hui. 

« Les modèles d’affaires qui devraient connaître une croissance peu importe la conjoncture économique sont toujours attrayants, et ils sont encore plus importants aujourd’hui. »

Par exemple, Insight Global et Addison Group sont deux sociétés de dotation en personnel très actives dans le domaine des technologies de l’information. À première vue, le secteur de la dotation en personnel semble très cyclique. Cependant, un financement mezzanine antérieur d’Insight Global a déterminé un changement à long terme dans la dotation en personnel dans le secteur des technologies de l’information au cours des dernières années, de sorte qu’il n’y a plus une très grande cyclicité. Le rendement enregistré au cours de la crise financière mondiale et de la pandémie, les connaissances pratiques acquises sur le secteur ainsi que ces sociétés ont apporté des données supplémentaires indiquant que la cyclicité était modeste et gérable.

Le marché du crédit, le marché secondaire et les marchés connexes fournissent des indices importants 

Les investisseurs ayant une présence dans plusieurs secteurs comme les prêts directs, le financement mezzanine ainsi que les marchés primaire et secondaire peuvent apporter de l’information pertinente pour les co-investissements en placements privés. Ces programmes affiliés fournissent souvent de l’information utile sur les capacités des promoteurs, les risques et les tendances sectoriels et les critères de valorisation relative. Par exemple, lorsqu’un co-investisseur éventuel participe à des réunions du conseil d’administration d’une société dans le cadre d’un placement en titres de créance de second rang en tant qu’observateur aux côtés d’un promoteur particulier, il peut en apprendre beaucoup sur le niveau de mobilisation d’un promoteur et sa capacité à ajouter de la valeur. Cette exposition éclaire directement sa prochaine décision de co-investissement dans cette société. De plus, s’il a entretenu des relations avec de nombreux commandités au fil du temps, l’investisseur peut mieux comprendre l’incidence que peut avoir un événement exogène sur les activités d’une société en communiquant avec certains de ces commandités pour savoir comment leurs placements précédents ou actuels dans ce secteur ont été touchés par cet événement. En ratissant large dans les opérations sous-jacentes sur titres du marché secondaire, sur titres de créance privés et sur fonds principaux, l’investisseur peut dresser un portrait détaillé des principales questions comme la valorisation, les taux de croissance relative et la viabilité des marges. 

Maintenant qu’il n’est plus limité au moment où un placement est inscrit à la cote, le co-investisseur doit souvent participer activement à la décision de sortie.

Une importante dynamique a vu le jour en matière de co-investissement, tandis que les placements sur le marché secondaire réalisés par des commandités sont devenus un outil commun de réalisation de valeur dans le secteur des placements privés. Si dans le passé, la plupart des sorties étaient dictées par des clauses aux ententes de co-investissement, les co-investisseurs doivent maintenant souvent prendre la décision et se demander : « Devrais-je vendre le placement? Ou devrais-je plutôt le conserver ou le transférer à un fonds de continuation? » Cette décision doit fréquemment être prise par les investisseurs qui sont à la fois des commanditaires et des co-investisseurs. Cependant, un investisseur multidisciplinaire peut tirer parti de données supplémentaires, notamment celles qui proviennent de son équipe du marché secondaire. Maintenant qu’il n’est plus limité au moment où un placement est inscrit à la cote, le co-investisseur doit souvent participer activement à la décision de sortie et être en mesure de se fonder sur diverses perspectives et de nombreuses sources d’information pour prendre de bonnes décisions. 

Le choix des commandités est un net avantage

Si la plupart des co-investisseurs n’ont aucun avantage à prévoir la durée du cycle économique ou l’amplitude de son sommet ou de son creux, ils peuvent avoir une nette longueur d’avance en choisissant des commandités chevronnés qui ont fait leurs preuves. L’un des objectifs importants en matière de co-investissement est celui de constituer un portefeuille diversifié et résilient composé de placements dont les rendements attendus sont asymétriques et suivent une tendance positive. S’ils parviennent à atteindre cet objectif, les co-investisseurs réussissent habituellement à obtenir des rendements intéressants sur leurs placements, peu importe la conjoncture macroéconomique et les tendances des marchés.

Note du rédacteur : Une grande partie de ce contenu a initialement été publiée dans Buyouts le 3 octobre 2022.