Qu’est-ce que le crédit privé?

Le crédit privé se fonde sur des relations personnelles directes

Les placements en crédit privé – qu’on appelle également dette privée ou prêt direct – consistent généralement à prêter des capitaux à une société ou à un groupe de sociétés non cotées. Il peut toutefois aussi s’agir de prêts à des sociétés cotées négociés en privé. Les investisseurs porteurs de titres de créance publics, comme une obligation de société ou un prêt syndiqué, peuvent généralement les vendre quand ils le souhaitent. Les marchés liquides du crédit servent d’intermédiaire mondial majeur entre d’innombrables emprunteurs (émetteurs), d’une part, et un nombre encore plus grand de prêteurs (investisseurs), d’autre part. Après leur émission sur le marché primaire, les obligations de sociétés ou les prêts syndiqués peuvent changer de mains relativement facilement, puisque les investisseurs échangent quotidiennement des titres de créance de manière anonyme partout dans le monde. En revanche, comme le savent bien ceux qui ont contracté un prêt personnel ou une hypothèque, le crédit privé relève d’une relation commerciale directe. Une transaction de crédit privé peut impliquer un seul prêteur qui s’engage dans une relation à long terme avec l’emprunteur. Celle-ci court souvent pendant toute la durée du prêt, dont la moyenne est de trois à cinq ans. En échange de cet engagement à financer la société, les investisseurs en crédit privé obtiennent généralement de meilleurs rendements et des conditions plus facilement modulables que les investisseurs en titres de créance publics équivalents.

Le crédit privé couvre les prêts de premier rang comme les obligations de sociétés en difficulté

Le crédit privé n’est pas une catégorie d’actifs monolithique. Il comprend une variété de sous-catégories, dont les placements privés de première qualité, les dettes immobilières et les prêts de capital de risque. Les prêts peuvent être répartis en deux grandes catégories : les prêts aux entreprises (financement de sociétés) et les prêts sur actifs réels (financement de biens). Les investisseurs prêtant aux sociétés trouvent des occasions à saisir surtout dans les créances de premier rang et les créances de second rang. Ces stratégies portent sur des prêts accordés à des sociétés bien établies de taille moyenne. La place qu’occupent ces prêts dans la structure du capital d’une société distingue le crédit de premier rang du crédit de second rang. Les prêts sur actifs réels sont des financements par dette privée où l’emprunteur donne des actifs corporels en garantie. Les prêts privés sur actifs réels, garantis par des actifs réels ou financiers, peuvent servir de complément au crédit privé comme aux stratégies à revenu fixe traditionnelles. Par ailleurs, les stratégies de placement en obligations de sociétés en difficulté, en crédit opportuniste et en situations spéciales impliquant des faillites et des restructurations peuvent offrir des possibilités de prise de contrôle et d’appréciation du capital (et les risques associés) qui sont plus généralement associées aux placements privés.

Le crédit privé occupe une place prépondérante sur le marché intermédiaire nord-américain

Contrairement à leurs consœurs de plus grande capitalisation, de nombreuses sociétés du marché intermédiaire, dont le chiffre d’affaires annuel se situe entre 10 millions et 1 milliard de dollars, sont souvent trop petites pour exploiter le marché obligataire public. Par le passé, elles se tournaient en premier lieu vers les banques commerciales pour obtenir un financement par emprunt. Or, depuis la mise en œuvre d’exigences de fonds propres plus strictes par les autorités réglementaires à la suite de la crise financière mondiale, les banques hésitent à accorder des prêts aux sociétés du marché intermédiaire.

Source : McKinsey & Company, mars 2022.

La désertion des banques présente une occasion pour les investisseurs non bancaires disposés à se mobiliser et à prêter directement aux sociétés. Et, si la dynamique sur les marchés obligataires tend à être déterminée par le cours uniquement, les marchés du crédit privé sont plus petits, plus fragmentés et moins efficaces. De plus, la valeur des relations humaines y joue un rôle bien plus important dans la réalisation des transactions.

Sources : Cliffwater, au 30 septembre 2022; FactSet, au 31 décembre 2022. Voir les notes pour en savoir plus.

Un placement tout terrain aux avantages potentiels convaincants

Le crédit privé fait figure de catégorie d’actifs « tout terrain », dans la mesure où il est susceptible d’assurer des rendements élevés, la préservation du capital et une certaine protection contre la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt.

1 Rendements supérieurs

Les investisseurs en crédit privé renoncent à la liquidité pour trouver du rendement. La prime d’illiquidité associée aux prêts directs à des sociétés du marché intermédiaire supérieur a oscillé entre 150 points de base (pb) et 280 pb ces dernières années, mais elle est plus proche de 240 pb sur le marché actuel¹. Toutefois, si les rendements supérieurs sont sans doute la caractéristique distinctive de cette catégorie d’actifs, les avantages potentiels pour les investisseurs ne se limitent pas à un flux de revenus attrayant.

Source : Cliffwater, au 30 septembre 2022. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs.

2 Préservation du capital et stabilité des prix

Le crédit privé a historiquement enregistré des baisses modérées lors de conjonctures macroéconomiques défavorables et de bons résultats lors de conjonctures économiques favorables. Les prêts directs de premier rang, qui sont les premiers à être remboursés dans la structure du capital d’une société, ont affiché des taux de recouvrement plus élevés et des taux de défaillance et de perte plus faibles que les créances liquides des grandes entreprises. Cela s’explique par leurs clauses restrictives plus strictes et un meilleur alignement entre les intérêts des actionnaires, des prêteurs et de la direction de la société.

Les inefficiences du marché du crédit privé peuvent également réduire les niveaux d’endettement et rendre les structures de transaction plus attrayantes pour les investisseurs. Les distributions de liquidités récurrentes et régulières du crédit privé peuvent par ailleurs réduire la volatilité du prix des prêts directs qui, contrairement aux obligations de sociétés et aux prêts syndiqués, ne sont pas évalués au prix de marché.

3 Protection contre l’inflation et le risque de taux d’intérêt

Les prêts directs de premier rang peuvent offrir une certaine protection contre les taux d’intérêt. Le recours à des taux variables permet d’augmenter les distributions trimestrielles aux investisseurs lorsque les taux d’intérêt augmentent, et des taux plancher garantis protègent le revenu des investisseurs lorsque les taux d’intérêt baissent. Ainsi, contrairement aux investisseurs en obligations à taux fixe, les investisseurs en crédit privé ont pu suivre le rythme quand les banques centrales ont été amenées à relever les taux d’intérêt en raison de niveaux d’inflation sans précédent depuis plusieurs décennies.

Les investisseurs doivent être conscients des risques

Les actifs de crédit privé sont généralement des placements à long terme, relativement peu sensibles aux variations de prix à court terme des titres cotés sur les marchés publics mondiaux. Pourtant, comme pour tout placement, miser sur le crédit privé comporte un certain nombre de risques, dont certains peuvent entraîner une perte définitive du capital.

Risque de crédit

Les placements en titres de créance reposant sur la solvabilité des émetteurs, le premier risque est le risque de crédit, c’est-à-dire le risque que l’émetteur manque à ses obligations de paiement à temps, dans leur intégralité, voire qu’il ne les respecte pas du tout. Ce risque est présent tant sur les marchés de crédit liquide que sur les marchés de crédit privé. La gestion du risque de crédit consiste à générer des revenus en sélectionnant prudemment les émetteurs et en les surveillant de près. Les investisseurs qui cherchent désespérément à obtenir de bons rendements doivent se rappeler que les sociétés ont généralement peu de mal à mobiliser du capital en émettant des titres de créance, même lorsque leurs fondamentaux ne sont pas convaincants. Le risque de crédit nécessite aussi une évaluation rigoureuse. Des écarts serrés peuvent se contracter encore plus et des écarts prononcés peuvent s’élargir davantage, mais les gestionnaires qui ont connu plusieurs cycles économiques ont une longueur d’avance naturelle sur ceux dont l’expérience se limite au cycle le plus récent.

Liquidité réduite

Les actifs de crédit privé présentent des niveaux de liquidité plus faibles que ceux du marché des obligations de sociétés et des prêts syndiqués. La liquidité – c’est-à-dire la mesure dans laquelle une position peut être vendue à un niveau égal ou proche de sa valeur nette – peut être compromise par une volatilité accrue, des taux d’intérêt en hausse ou d’autres circonstances de marché.

Levier

Si les lignes de souscription destinées à faciliter les appels de fonds pendant les périodes de placement ne sont pas une nouveauté, certains gestionnaires les ont plus récemment utilisées pour améliorer les rendements. En fait, la plupart des stratégies de crédit de premier rang du marché offrent une option à effet de levier. L’effet de levier peut effectivement augmenter les gains potentiels, mais il peut aussi augmenter l’ampleur des pertes potentielles.

L’accès au crédit privé se démocratise

Les premiers investisseurs à recourir au crédit privé l’ont fait par le biais de fonds de prélèvement traditionnels dont les placements minimums élevés favorisaient généralement les régimes de retraite, les assureurs et d’autres grandes institutions. Cependant, le marché en évolution inclut dorénavant les fonds nourriciers, les fonds à capital fixe non négociés sur le marché secondaire, les fonds à capital fixe et à appel d’offres non cotés, et d’autres structures semi-liquides permettant d’accueillir des engagements plus modestes, ce qui ouvre la voie aux petits investisseurs institutionnels et aux particuliers. L’évolution des technologies financières – en particulier les plates-formes spécialisées capables de consolider les comptes d’investisseurs individuels en fonds communs de capitaux pour les commandités – a joué un rôle dans l’élargissement de l’accès au crédit privé. Si, d’un côté, les sociétés offrant des solutions de crédit privé parviennent désormais à diversifier leur base de clients et à exploiter les capitaux des particuliers fortunés et des ménages aisés qui ne leur étaient pas accessibles auparavant, de l’autre, de plus en plus d’investisseurs en titres à revenu fixe parviennent à diversifier leurs portefeuilles au-delà des obligations de sociétés et des prêts syndiqués.

1 Cliffwater, 30 septembre 2022.

Le crédit privé est représenté par l’indice Cliffwater Direct Lending (rendement sur trois ans); les obligations à rendement élevé sont représentées par l’indice Bloomberg High Yield (rendement au pire) et les prêts bancaires, par l’indice S&P/LSTA Leveraged Loan 100 (rendement à l’échéance), au 30 septembre 2022. Les obligations de sociétés sont représentées par l’indice Bloomberg U.S. Corporate A Investment Grade (rendement à l’échéance); les bons du Trésor américain, les titres du gouvernement de Singapour et les obligations du gouvernement japonais le sont par les rendements à 10 ans, au 31 décembre 2022.