Valoriser la nature après la COP15 : les systèmes, les politiques, les actions
Points à retenir
- Une action politique et réglementaire conforme aux objectifs définis par le Cadre mondial de la biodiversité adopté à la COP15 est nécessaire pour donner au secteur des finances et des entreprises une raison économique pour soutenir les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité.
- La nature est essentielle à l’économie mondiale, mais à l’heure actuelle, elle n’est pas prise en compte dans nos systèmes comptables et les entreprises ne dévoilent pas leur lien de dépendance avec la nature et leur impact sur elle.
- Aujourd’hui, les catégories d’actifs publics et privés offrent des moyens d’investissement respectueux de la nature, mais les systèmes de réglementation, d’évaluation et de divulgation doivent être opérationnels pour que ces investissements puissent augmenter considérablement et apporter le maillon manquant du financement identifié par le Cadre mondial de la biodiversité.
Le Cadre mondial de la biodiversité, adopté en décembre dernier comme le point culminant de la Conférence des Nations Unies sur la diversité biologique, est une étape cruciale pour la durabilité. Il n’a réussi qu’à inciter 196 nations à participer à l’effort mondial pour arrêter et inverser la perte potentiellement catastrophique de la biodiversité anthropique sur Terre. Aujourd’hui, le plus difficile pour ces gouvernements est de concevoir des cadres réglementaires et juridiques compatibles avec le Cadre mondial de la biodiversité, afin d’obtenir des évaluations plus précises de l’environnement, et donc de récompenser les investissements pour le bien de la nature et de décourager les actions qui lui sont néfastes. Nous explorons les prochaines étapes essentielles qui impliquent, selon nous, une réaction rapide des gouvernements afin de définir des politiques détaillées qui suivent les lignes directrices et les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité, en vue d’augmenter l’investissement durable.
Les quatre objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal
1. Mettre fin à l’extinction des espèces menacées par l’homme et réduire considérablement le taux d’extinction de toutes les espèces d’ici 2050
2. Gérer et utiliser la biodiversité de façon durable pour s’assurer que les contributions de la nature à la population sont valorisées, maintenues et améliorées.
3. Partager équitablement des avantages tirés de l’utilisation des ressources génétiques et de l'information sur les séquences numériques des ressources génétiques.
4. Veiller à ce que tous les pays, en particulier les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement, puissent mettre en œuvre l’ensemble du cadre.
Le Cadre mondial de la biodiversité comprend des objectifs financiers clés
Parmi les quatre objectifs et les 23 cibles définis par le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal à la COP15, le quatrième objectif est de s’assurer de donner les moyens de mettre en œuvre le Cadre mondial de la biodiversité, alors que la cible 19 porte sur la mobilisation de 200 milliards de dollars américains par an d’ici 2030, auprès de sources publiques et privées, y compris des financements mixtes. Bien qu’il soit important que les dirigeants d’entreprise et les gouvernements comprennent et mettent en œuvre le cadre dans son intégralité, nous considérons ces deux éléments comme essentiels au succès du Cadre mondial de la biodiversité.
Ils sont importants, car ils reconnaissent la réalité mondiale de la perte de la biodiversité, tout en favorisant une compréhension réaliste de l’écart financier qui doit être comblé pour résoudre le problème. Ce faisant, ces caractéristiques du Cadre mondial de la biodiversité préparent la mobilisation des marchés de capitaux à grande échelle pour avoir une chance d’arrêter et d’inverser la perte de la biodiversité, en accomplissant une grande partie du travail d’investissement au cours des dix prochaines années.
Comme nous le voyons aujourd’hui, environ six mois après la signature du Cadre mondial de la biodiversité, la réglementation est le principal obstacle au plein engagement du secteur privé. Tant que la réglementation n’encouragera pas financièrement les actions positives pour la nature, les réserves de capitaux prêts à investir resteront limitées.
« Quantifier la valeur de la nature est la première étape pour en faire une thèse d’investissement. »
— Brian Kernohan
L’élan de la COP15 commence à produire des plans d’action détaillés
La bonne nouvelle est que la COP15 a établi une trajectoire claire pour les gouvernements du monde entier. Comme les gouvernements se sont maintenant engagés à protéger la nature, ils devraient agir rapidement pour établir les règles de base et les structures incitatives qui motiveront les entreprises à agir et les marchés des capitaux à investir. Dans ce qui suit, nous nous concentrerons sur les méthodes qui prouvent que la nature a une réelle valeur et qu’elle est essentielle à notre économie, puis nous considérons les changements que doivent faire les systèmes financiers et réglementaires pour reconnaître et encourager la valorisation de la nature.
Comprendre dans quelle mesure la nature est crucial pour l’économie mondiale
Dans les années qui ont précédé la COP15, certaines études marquantes ont mis en lumière la valeur économique de la nature pour les économistes et les marchés financiers. Le rapport Dasgupta Review est un bel exemple. Il a conclu en février 2021 que la moitié du PIB mondial, soit environ 44 billions de dollars américains, dépendait modérément ou fortement de la nature. Il s’agit là d’une somme colossale dont le calcul provient d’une étude approfondie de la valeur des services écosystémiques naturels et des effets cumulés de leur perturbation, souvent liée au commerce. L’étude montre comment des formes de croissance économique non durables, qui reposent sur une consommation toujours plus grande des ressources naturelles, peuvent augmenter le risque de catastrophe économique.
L’étude conjointe de 2020 de la Banque centrale néerlandaise/De Nederlandsche Bank (DNB) et l'Agence néerlandaise d'évaluation environnementale (PBL) est un autre exemple. Elle aborde le risque financier de la perte de la biodiversité pour le secteur financier néerlandais ainsi que l’empreinte de la biodiversité du secteur.
Reprenant une ancienne étude sur ces questions importantes, le rapport part du principe que les services écosystémiques (approvisionnement, réglementation, culture et soutien) sont « le point de départ pour définir et comprendre la relation entre la biodiversité et le secteur financier. » D’un point de vue méthodologique, les auteurs s’empressent de souligner que les conclusions qu’ils ont pu tirer sur l’ampleur de la dépendance globale ont été limitées par la disponibilité des données sur les finances et sur la biodiversité. La somme qui a été finalement déclarée à risque, proche de 1 billion de dollars américains, n’était selon toute vraisemblance qu’une limite inférieure de la valeur réelle de l’exposition financière totale du secteur.
Schéma no 2 − Des risques liés à la biodiversité entraînent des risques financiers
L’étude souligne l’exposition du secteur financier des Pays-Bas à des points de bascule potentiels, y compris les réactions en chaîne possibles et les boucles de rétroaction cachées qui pourraient entraîner l’effondrement des écoservices. Comprendre l’importance d’un élément, comme les dépendances économiques du secteur financier néerlandais sur les écoservices, est la première étape vers sa gestion. C’est pourquoi l’étude de la banque centrale mérite une attention particulière de la part des responsables des politiques, des gestionnaires d’actifs et des investisseurs institutionnels.
Ces études et d’autres du même acabit montrent que notre économie mondiale est fortement dépendante de la nature et que les dommages qui sont causés à cette dernière représentent un risque financier systémique majeur, en l’absence d’une transition vers un environnement respectueux de la nature. Nous avons aussi la preuve que la plupart des gouvernements mondiaux sont prêts à suivre scrupuleusement des cadres pour arrêter et inverser la perte de la nature, comme l’a montré le Cadre mondial de la biodiversité. Nous pensons qu’il y a deux piliers essentiels à cela : la quantification de la nature dans les systèmes financiers et comptables, ainsi que les changements structurels des gouvernements et des organismes de régulation, pour encourager les actions respectueuses de la nature et pénaliser les activités destructrices.
Il faut maintenant intégrer systématiquement à la comptabilité la mesure de la valeur de la nature
En 2022, nous avons travaillé avec un cabinet-conseil mondial de premier plan en économie environnementale pour mettre à l’essai une approche de comptabilisation du capital naturel pour nos investissements dans les forêts. L’approche consistait à établir un registre des actifs de capital naturel et à procéder à une évaluation de l’importance relative, suivie d’une évaluation des actifs et passifs de capital naturel à l’aide d’une combinaison de données internes et de recherches accessibles au public.
Fait encourageant, la mesure de la valeur de la nature est aussi devenue une priorité pour le gouvernement, même s’il reste du chemin à parcourir jusqu’à la mise en œuvre proprement dite. Nous pouvons souligner les efforts des États-Unis, qui ont récemment adopté une nouvelle feuille de route pour aligner la comptabilité du capital naturel sur les statistiques nationales.
Introduite juste avant la COP15, la Stratégie nationale américaine de développement des statistiques pour les décisions environnementales et économiques (U.S. Strategy) pose un diagnostic fondé des problèmes liés à notre système actuel des comptes de la nation. Le produit intérieur brut (PIB) est notre principale mesure de la force des économies nationales. Toutefois, la comptabilité nationale actuelle, qui ne tient pas compte des dépendances économiques de la nature, peut entraîner des évaluations faussées de la croissance, où les impacts négatifs sur l’environnement ne sont pas mesurés et comptabilisés correctement. Un tel échec perpétue une « mauvaise attribution du changement macroéconomique systématique » selon la Stratégie américaine. Continuer à ignorer la nature dans les comptes de la nation ne peut que fausser la perception de sa valeur et entraîner, selon nous, une utilisation non durable des ressources naturelles. Cela peut aussi creuser l’écart entre les estimations officielles de la santé d’une économie et la réalité vécue par les gens.
« Un système de comptes de capital naturel rend la nature plus tangible pour les investisseurs et les banques. » — Stratégie nationale des États-Unis pour l’élaboration de statistiques sur les décisions environnementales et économiques, 2022
Évolution de la richesse en actifs naturels : un nouvel indicateur de la valeur des actifs naturels
Une statistique clé proposée par la Stratégie américaine, qui est tirée des travaux d’économistes influents, dont l’auteur principal de Dasgupta Review, est l’évolution de la richesse en actifs naturels. Avec un seul point de données, la statistique refléterait la variation globale de la valeur des actifs naturels d’une nation. Selon la Stratégie américaine, cela révélerait « l’un des angles morts connus du PIB ».
Tout comme le PIB, le chômage, l’inflation et d’autres statistiques globales, l’évolution de la richesse en actifs naturels reposerait sur un ensemble de données approfondies. Entre autres choses, il faudrait attribuer une valeur monétaire aux actifs naturels, mettre au point un processus minutieux pour ne pas compter deux fois les actifs où les écosystèmes se chevauchent immanquablement et mettre en œuvre diverses considérations techniques, comme l’exigent les autres statistiques nationales. Si tous ces éléments sont bien mis en place, voici les principaux avantages d’une telle statistique :
- Donner un indice de la durabilité : la durabilité théorique et pratique des nations réside dans ce qu’elles peuvent transmettre aux générations futures.
- Considérer la richesse plutôt que la croissance : en tant que statistique mondiale, cela faciliterait la mise en place d’une alternative indispensable au discours axé sur la croissance du développement économique, en mettant en lumière immédiatement et efficacement les cas d’épuisement des ressources.
- Garder les valeurs au cœur des discussions nationales : comme la statistique porte sur la hausse ou la baisse des actifs naturels, tout en ajoutant ces actifs à la compréhension collective de la croissance économique, cela bouleverserait naturellement les habitudes qui consistent à assurer à tout prix la croissance ou à voir la nature d’un point de vue purement fondamental.
La Stratégie américaine vise à intégrer la nature et le capital naturel au système de comptes des nations; c’est d’ailleurs pourquoi il est si important de trouver le bon mode de communication et faire les bons calculs pour saisir la valeur du capital naturel. Le mode de communication et le calcul du capital naturel sont des outils nécessaires pour favoriser la responsabilisation à l’égard de la nature (par le gouvernement, les entreprises, les institutions financières et les particuliers) et déboucher sur des décisions économiques, politiques et personnelles qui sont d’une part meilleures, mais aussi plus durables.
Lignes directrices portant sur la communication de l’empreinte de la biodiversité et des risques et possibilités liés à la nature
Pour assumer les responsabilités à l’égard de la nature, il faut aussi qu’il y ait une communication solide, d’où l’importance du cadre du Groupe de travail sur l’information financière relative à la nature (GIFN).
Le cadre du GIFN, qui vraisemblablement aura un impact mondial, et dont le déploiement est prévu plus tard cette année, permettra aux entreprises d’établir des rapports uniformisés sur leur approche envers l’environnement naturel, sur l’importance que cela a pour leur entreprise, sur les incidences et sur leur processus de décision à son égard. Ainsi, les investisseurs auront des renseignements clairs qui, selon nous, pourront rapidement les aider à prendre des décisions et à encourager des discussions sur les stratégies de gestion axées sur la nature. Selon le GIFN, le cadre devrait aider à :
- Assurer l’alignement avec le nouveau référentiel d’information financière mondial en cours d’élaboration par l’International Sustainability Standards Board (ISSB) et avec les meilleures pratiques et les outils déjà utilisés par les intervenants sur le marché aujourd’hui.
- Offrir une capacité d’adaptation quant à l’approche de l’importance relative pour tenir compte des préférences et des exigences réglementaires des préparateurs et des utilisateurs de rapports des organisations de toutes les tailles et de tous les territoires.
- Encourager les entreprises et les institutions financières à agir rapidement pour commencer à signaler les dépendances à la nature, les impacts, les risques et les occasions qui la concernent.
- Définir un plan d’action structuré pour améliorer les déclarations au fil du temps, en reconnaissant que l’intégration des questions liées à la nature est une nouveauté pour de nombreuses organisations, mais qu’elle n’en est pas moins un impératif stratégique grandissant pour une gouvernance, une stratégie, une gestion des risques et une allocation de capital saines.
À l’instar du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC), le Groupe de travail sur l’information financière relative à la nature (GIFN) offrira un cadre plutôt qu’un ensemble de règles normatives pour les déclarations. Par conséquent, nous nous attendons à ce que les meilleures pratiques en matière de divulgation de renseignements sur la nature évoluent, et ce, plutôt rapidement, avec ce cadre. En particulier, nous espérons voir, et donner à titre d’exemple dans le cadre de notre approche de la gestion des actifs, une amélioration rapide des mesures et des objectifs liés à la nature pour la majorité des sociétés et pour les marchés financiers dans leur ensemble.
La nouvelle réglementation commence à pénaliser les activités nuisibles : la politique visant à lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts de l’UE devient une loi.
Décourager ou interdire les activités nuisibles est un moyen essentiel de prévenir les activités néfastes pour la nature, et ce processus a déjà commencé. Un bon exemple serait la législation visant à lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts de l’Union européenne (UE) ratifiée prochainement, qui pourrait dans deux à trois ans inciter les entreprises à prendre des décisions plus réfléchies au sujet de leur chaîne d’approvisionnement et à réorienter les flux de capitaux dans une variété de secteurs, apportant en fin de compte des avantages matériels pour le climat et la nature au cours de cette décennie.
En 2021, la Commission européenne (CE) a proposé une loi visant à lutter contre la déforestation dans les chaînes d’approvisionnement pour un large éventail de produits, dont l’huile de palme, les bovins, le soya, le café, le cacao et le bois d’œuvre. Cela aura des conséquences dramatiques pour les entreprises qui produisent et distribuent ces marchandises et les produits connexes. Pour ce qui est de l’huile de palme, la loi va précipiter le changement de produit dans tous les domaines, des collations et des boissons aux cosmétiques et aux biocarburants. Selon la Commission européenne :
« À l’entrée en vigueur des nouvelles règles, toutes les entreprises concernées devront faire un contrôle diligent rigoureux pour les importations et les exportations des produits ci-après sur le marché de l’UE : l’huile de palme, les bovins, le soya, le café, le cacao, le bois d’œuvre et le caoutchouc, ainsi que des produits dérivés (comme la viande de bœuf, le mobilier ou le chocolat). Ces produits ont été choisis à partir d’une évaluation des impacts approfondie, qui les a identifiés comme les principaux moteurs de la déforestation à cause de l’expansion agricole. »
Le règlement a une large portée et son application doit être rigoureuse, même si l’Organisation des Nations unies a promis une aide monétaire pour aider à équilibrer les limitations économiques qu’elle pourrait imposer aux pays exportateurs de matières premières. En outre, dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, l’UE s’efforcera de mettre en place des partenariats forestiers spécifiques aux pays et aux régions. Ces partenariats ont pour but de renforcer ou d’établir une foresterie durable dans les pays producteurs et de contribuer au développement socioéconomique des populations touchées.
Dans l’ensemble, nous considérons que le règlement offre une structure d’incitation puissante qui peut faire une grosse différence positive dans la dynamique de déforestation à l’échelle mondiale. La Commission européenne estime qu’à partir de 2030, le règlement pourrait éviter chaque année la déforestation de 70 millions d’hectares (plus de 170 millions d’acres) à cause de la consommation européenne. Cela entraînerait également une baisse substantielle des émissions de carbone, soit environ 32 millions de tonnes métriques par an. D’après l’évaluation des impacts de la Commission européenne, le règlement aurait une incidence énorme sur l’importation mondiale des produits primaires ciblés.
Au-delà de cela, le règlement peut aider à établir de nouvelles conditions d’engagement auprès des sociétés émettrices dont les chaînes d’approvisionnement seront affectées. Les risques liés à la chaîne d’approvisionnement méritent une attention particulière de la part des acteurs du marché, et les renseignements connexes seront de plus en plus importants pour les sociétés dont les produits et les modèles de distribution seront touchés. D’une certaine manière, le règlement pourrait être perçu comme une occasion supplémentaire pour ces sociétés qui cherchent à satisfaire aux exigences réglementaires de participer au marché de l’UE, sans parler de la participation à d’autres marchés qui pourraient suivre l’exemple de l’UE.
Les marchés obligataires favoriseront le développement écologique
Comme nous l’avons mentionné plus tôt, le quatrième objectif du Cadre mondial de la biodiversité est d’assurer donner l’accès aux moyens de mise en œuvre du cadre. Cette condition d’inclusion devrait faire en sorte que tous les pays, dont les nations insulaires, bénéficient de la réorientation des capitaux vers des actions positives pour la nature. C’est un élément important, car une grande partie des marchés émergents les plus vulnérables aux facteurs environnementaux sont également soumis à des niveaux élevés de risque budgétaire.
Plusieurs pays en développement les plus vulnérables aux changements climatiques sont aussi exposés à un risque élevé de crises budgétaires.
Risque budgétaire pour les pays à risque élevé
À cet égard, il convient de mentionner la catégorie émergente des obligations bleues. Ces obligations ont été élaborées par The Nature Conservancy avec divers pays, dont le gouvernement de la Barbade qui a rejoint récemment le projet, pour réaffecter des portions du service de la dette souveraine au financement de la conservation marine. L’utilisation des produits de ce type d’obligation varie d’une activité à l’autre, entre autres, le développement durable pour la pêche et l'aquaculture, les projets d’énergies renouvelables, les infrastructures maritimes et portuaires, la protection de la biodiversité et des habitats naturels, ainsi que les questions relatives aux éléments nutritifs et à la gestion des déchets.
Même s’il s’agit d’une nouvelle catégorie de dette durable, il est utile de montrer aux pays en développement qu’il est possible d’avoir une approche écologique à grande échelle, avec l’appui des banques de développement. C’est particulièrement le cas depuis la COP15, compte tenu de l’importance de l’économie océanique mondiale et de l’encouragement du Cadre mondial de la biodiversité à l’élaboration de plans nationaux de financement de la biodiversité. Selon certaines recherches, le ratio avantages et coûts des investissements axés sur l’océan serait élevé : « Investir aujourd’hui 2,8 billions de dollars dans seulement quatre solutions basées sur l’océan — la production éolienne en mer, la production alimentaire durable basée sur les océans, la décarbonisation du transport maritime international et la conservation et la restauration des mangroves — rapporterait un bénéfice net estimé à 15,5 billions de dollars d’ici 2050. »
Parmi les autres programmes de financement innovants, Bank of China a émis pour la première fois, en 2021, des obligations mondiales en matière de biodiversité, dont les fonds sont affectés à des projets qui incluent la biodiversité aquatique et la conservation des forêts. Un projet en Chine centrale implique la création de zones humides, dont 80 000 mètres carrés de zones humides pour le traitement des eaux usées, 3,5 millions de mètres carrés de zones humides tampons, 28,2 kilomètres de couloirs de verdure et 300 000 mètres carrés de réseaux de canalisations pour la construction de villes éponges. Ce dernier terme renvoie à des solutions innovantes qui utilisent des paysages naturels pour capturer, stocker et purifier l’eau : des systèmes qui répondent aux problèmes de drainage urgents dans les contextes urbains et qui peuvent aider à stabiliser et à améliorer la résilience des écosystèmes locaux.
Parmi les autres développements importants, on peut citer l’extension du cadre des obligations vertes pour des projets de conservation de la biodiversité et du milieu marin, comme celui annoncé récemment par la Société financière internationale, ainsi que des efforts pour augmenter la dette souveraine liée à la durabilité.
Croissance des marchés des services écosystémiques
Comme nous l’avons mentionné ailleurs, les investisseurs ont réalisé que les actifs réels biologiques, comme les forêts et les fermes, étaient des investissements intéressants. Cela s’explique en partie par le fait que nous avons réussi, en tant que secteur, à parler de ces actifs sur le plan de la diversification du portefeuille, des revenus et de l’appréciation du capital, soit le jargon traditionnel de la valorisation.
Mais leur réalisation va plus loin, car les investisseurs sont de plus en plus conscients des services environnementaux et sociaux tangibles qui découlent de ces investissements, dont la séquestration de carbone et la main-d’œuvre en milieu rural. Certains de ces services peuvent être monnayés, ce qui peut augmenter le rendement du capital investi. Les services qui ne peuvent pas être monnayés (ou qui ne l’ont pas encore été) sont quand même reconnus pour les avantages qu’ils procurent à la société dans son ensemble.
La valeur de la nature ne peut plus être mise de côté
Il y a une meilleure compréhension et un large consensus politique sur la nécessité de protéger et de préserver l’environnement, y compris tous les éléments « silencieux et invisibles » de la biosphère qui régulent le climat et les autres conditions de la vie sur Terre.
Au cours de cette discussion, nous avons tenté de démontrer que, pour encourager les entreprises et le système financier mondial à soutenir la nature à grande échelle, il fallait modifier les cadres généraux de compréhension de la valeur de la nature, de communication sur notre dépendance aux systèmes naturels et de réglementation des comportements économiques liés à la nature. En résumé, il faut :
- Un cadre qui aide les entreprises à s’engager, à collaborer, à évaluer et à communiquer sur leur relation avec la nature, y compris à établir des objectifs pour la mise en place d’actions crédibles et efficaces en rapport avec la nature (voir le Groupe de travail sur l’information financière relative à la nature).
- Des systèmes de mesure du capital naturel pour analyser les richesses de la planète qui soutiennent la société, et aussi les impacts que nous avons sur ces richesses.
- Des normes comptables durables qui continueront d’évoluer, afin que les effets de l’activité économique sur la nature soient mesurés à la même fréquence que les paramètres financiers de base.
- Une action effective des gouvernements en accord avec le soutien qu’ils ont montré en faveur du Cadre mondial de la biodiversité, ce qui signifie qu’ils doivent apporter des changements réglementaires et législatifs qui reconnaissent et appuient la valeur unique de la nature. Cela comprend le fait d’interdire ou de pénaliser les activités non respectueuses de l’environnement, tout en encourageant les actions positives pour la nature.
Nous savons que les marchés financiers sont prêts à intervenir pour essayer de combler le manque de financement, mais pour que cela se produise à grande échelle, les incitatifs financiers doivent favoriser la durabilité. Ce n’est qu’en mettant un maximum de capitaux en commun que le plein potentiel du marché pourra s’aligner avec la construction d’un avenir durable pour tous.
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