Occasions et défis du commerce international de produits agricoles
Le déséquilibre entre la disponibilité limitée des ressources naturelles et l’appétit croissant pour les produits agricoles confère au commerce de produits agricoles une importance cruciale pour satisfaire la demande alimentaire mondiale, ce qui crée de nouvelles occasions pour les producteurs agricoles, les entreprises agroalimentaires et les investisseurs.
- La production agricole mondiale a bénéficié de l’expansion du commerce international pendant plus de vingt ans, au cours desquels des réseaux commerciaux solides ont permis de relier l’offre et la demande de nombreux produits agricoles à travers les frontières internationales.
- Les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lever les barrières commerciales tout en préservant les intérêts des agriculteurs ont permis à des milliards de consommateurs de disposer de davantage de choix et aux producteurs agricoles et aux investisseurs en terres agricoles de générer des milliards de dollars de valeur ajoutée.
- Les incidents géopolitiques récents à l’échelle mondiale et régionale illustrent certains des défis qui subsistent. Pour autant, le dynamisme du commerce international devrait continuer à avoir des répercussions positives sur l’agriculture mondiale et les investissements en terres agricoles, compte tenu de l’augmentation de la population et de la demande croissante de denrées alimentaires et d’aliments destinés à la consommation animale.
Le commerce agricole est un maillon essentiel de la chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale et le dynamisme du réseau commercial mondial, qui permet aux produits agricoles d’être acheminés au travers de barrières relativement souples, favorise une utilisation plus efficace des ressources naturelles, qui sont limitées. Le commerce international des produits agricoles s’est considérablement développé au cours des vingt dernières années à la faveur des progrès technologiques et scientifiques réalisés dans les domaines de la production agricole, du transport, de la communication et de la gestion des chaînes d’approvisionnement, ainsi que des changements de politique commerciale internationale qui ont entraîné une augmentation considérable du volume et de la valeur des produits.
Croissance importante de la production et des exportations agricoles mondiales au cours des trois dernières décennies
Valeur de la production et des exportations agricoles mondiales totales, 1991-2021 (milliards d’USD)
Développement de la production agricole portée par la croissance du commerce mondial
La valeur des biens agricoles échangés a plus que quintuplé au cours des trois dernières décennies (1991-2021), passant de 323 milliards de dollars en 1991 à plus de 1 750 milliards de dollars en 2021. Cette intensification des échanges a eu pour effet de créer de la valeur pour les producteurs agricoles et les investisseurs, la valeur de la production agricole mondiale ayant plus que quadruplé au cours de la même période, ce qui représente plus de 3 000 milliards de dollars de gains économiques supplémentaires pour les agriculteurs et les entreprises agroalimentaires à travers le monde. Cette progression constante du commerce agricole mondial s’est accélérée au début des années 2000 après une décennie d’efforts déployés à l’échelle mondiale pour intégrer de grands pays comme la Russie et la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Si l’on se concentre sur les deux dernières décennies, depuis l’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001, la valeur des échanges agricoles mondiaux a augmenté de 8 % par an entre 2001 et 2021, soit nettement plus que la croissance moyenne de 2 % observée au cours de la décennie précédente. Les retombées positives considérables de l’adhésion de la Chine à l’OMC sur le commerce agricole illustrent l’avantage commercial que représente l’accès à de nouveaux bassins de consommation dans des pays dont l’économie est en pleine croissance et dont la population est très nombreuse.
Création de valeur pour de nombreux secteurs agricoles grâce à l’expansion du commerce agricole
Les bénéfices de l’expansion du commerce international des produits agricoles sont perceptibles dans tous les types de cultures. En effet, l’augmentation de la population mondiale, avec ses habitudes alimentaires et ses origines culturelles variées, génère une demande importante et des occasions de croissance pour l’ensemble des agriculteurs. La valeur commerciale des principaux types de cultures a ainsi été multipliée par six au cours des 30 années de 1991 à 2021. Les cultures de base, comme les céréales et les oléagineux, ont été les principaux moteurs des exportations de produits végétaux, leur valeur passant de 41 milliards de dollars en 1991 à plus de 250 milliards de dollars en 2021 (les céréales et les oléagineux sont les principales matières premières utilisées pour l’alimentation animale). Ceci est attribuable à la croissance de l’économie mondiale et à l’augmentation de la population qui ont donné lieu à une hausse de la consommation de protéines animales et à une augmentation de la demande de cultures fourragères (depuis les marchés émergents notamment). Le secteur des fruits et des noix, dont les exportations ont augmenté de 640 % en valeur, est un autre secteur de culture qui a connu une forte croissance au cours des trois dernières décennies. L’augmentation du niveau des revenus dans les marchés développés et émergents a entraîné une prise de conscience quant à l’importance d’une alimentation saine, ce qui a eu pour effet d’accroître la demande de fruits et de noix de la part des consommateurs.
Les exportations mondiales tirées par les cultures de base, les fruits et noix et les légumes
Valeur des exportations mondiales de produits agricoles, 1991-2021 (milliards d’USD)
Le développement du commerce des cultures de base stimule les revenus des agriculteurs et la croissance économique au sens large
Les céréales et les oléagineux sont les cultures les plus échangées au monde. Avec le maïs et le soja en tête, ce sont les principales cultures utilisées dans l’alimentation animale, dont la demande a été en partie stimulée par l’augmentation de la consommation de protéines, elle-même soutenue par la demande stable dans les marchés développés et l’augmentation de la consommation dans les marchés émergents. Entre 2003 et 2022, les exportations de maïs et de soja ont ainsi été multipliées par cinq, tandis que la consommation mondiale totale de viande a augmenté de 33 % au cours de la même période. Mais l’augmentation de la demande émanant des économies émergentes comme la Chine n’a pas seulement contribué à l’expansion du commerce mondial des cultures fourragères. En effet, en plus de répondre à la demande intérieure par le biais des importations, les marchés émergents ont été en mesure de réorienter leurs ressources en main-d’œuvre de la production agricole vers l’industrie et les services, optimisant ainsi leurs ressources pour soutenir leur développement économique et, à leur tour, stimuler la croissance économique mondiale.
Cette progression de la demande mondiale et des échanges commerciaux a renforcé la position des États-Unis et du Brésil en tant que principaux exportateurs de maïs et de soja, tout en faisant grimper les prix des produits de base : les cours mondiaux du maïs ont augmenté de 200 % au cours des deux dernières décennies, tandis que ceux du soja ont progressé de 144 %. Cette expansion des échanges de cultures de base a créé de la valeur tant pour les producteurs de maïs et de soja que pour les investisseurs en terres agricoles, tout en favorisant l’augmentation des volumes et des prix. De même, la valeur des terres agricoles s’est appréciée, soutenue en partie par leur potentiel accru de génération de revenus.
Augmentation des exportations mondiales de maïs et de soja portée par la hausse de la consommation de viande
Valeur des exportations mondiales de maïs et de soja (milliards d’USD) et consommation de viande (millions de tonnes métriques)
La hausse de la consommation de fruits à coque relie une production mondiale limitée à une demande croissante
Les fruits à coque tels que les amandes et les pistaches sont un exemple de commerce international qui met en relation l’offre d’un nombre limité de régions avec une demande mondiale croissante. Compte tenu des conditions climatiques spécifiques dont ils ont besoin, les fruits à coque ne sont cultivés commercialement que dans un petit nombre de régions, à savoir les États-Unis, l’Union européenne et le Moyen-Orient, alors que les consommateurs du monde entier sont de plus en plus nombreux à en faire la demande, y compris dans les régions sans production à l’échelle commerciale de fruits à coque. L’expansion des réseaux commerciaux et l’assouplissement des barrières commerciales ont permis aux fruits à coque de s’exporter hors des quelques régions productrices vers la quasi-totalité des marchés et leur succès croissant à l’échelle mondiale a favorisé l’expansion de la production. En tant que leader mondial de la production et des exportations, les États-Unis ont vu leur production d’amandes et de pistaches tripler entre 2003 et 2022, tandis que les exportations ont plus que doublé, représentant plus de 90 % de la production mondiale et 80 % des exportations mondiales1. Cette production à grande échelle et la demande mondiale croissante ont créé des occasions de placement pour les investisseurs en terres agricoles qui tirent parti des économies d’échelle, de l’expérience opérationnelle et de la compétitivité. Comme l’indique l’indice Farmland Property du National Council of Real Estate Investment Fiduciaries (NCREIF), un indicateur couramment utilisé pour les placements en terres agricoles, les amandes et les pistaches ont généré un rendement moyen de 17 % et 22 % par an, respectivement, pour les investisseurs au cours des deux dernières décennies (2003-2022).
Dépendance vis-à-vis des relations géopolitiques internationales : une source de défis, mais aussi d’occasions
Le commerce international est dépendant de partenariats mondiaux et régionaux. La géopolitique joue donc un rôle central et peut être source de difficultés pour le commerce agricole. Par exemple, vers la fin des années 2010, la concurrence entre les États-Unis et la Chine donna lieu à des disputes commerciales entre deux des plus grandes économies du monde, la Chine imposant des droits de douane sur les exportations agricoles américaines en représailles aux droits de douane américains sur les exportations chinoises. Premier importateur de soja américain, la Chine interrompit pratiquement totalement ses importations de soja américain en 2018 et 2019. La Chine représentant près d’un quart du marché de destination du soja américain avant le déclenchement du différend commercial, cet épisode entraîna des difficultés financières considérables pour les producteurs de soja américains, les investisseurs agricoles et les entreprises agroalimentaires concernées, en plus d’avoir des répercussions négatives sur les prix d’autres cultures fourragères.
Conflit commercial entre les États-Unis et la Chine : les amandes australiennes gagnent des parts de marché en Chine
Exportations d’amandes australiennes par marché de destination (millions d’USD)
Le commerce de produits agricoles présente des défis, mais ouvre en même temps des possibilités. Les pertes subies par le secteur américain du soja ont été compensées par les gains réalisés par le Brésil, qui a remplacé les États-Unis en tant que premier fournisseur de soja de la Chine, même après la trêve conclue entre les États-Unis et la Chine en 2020. De même, lorsque la Chine imposa des droits de douane sur les produits agricoles américains, les amandes américaines furent également touchées, la consommation croissante d’amandes en Chine dépendant des importations pour répondre à sa vaste demande intérieure. L’Australie, qui est la plus grande région productrice d’amandes de l’hémisphère sud, augmenta ses exportations d’amandes vers la Chine en 2018 et 2019, de sorte que ses exportations vers la Chine, qui étaient négligeables avant 2018, passèrent à une moyenne de 250 millions de dollars entre 2019 et 2022. À cette occasion, les difficultés rencontrées par les exportations d’une région débouchèrent, une fois de plus, sur des perspectives durables pour un autre marché.
Face à la demande croissante, la limitation des ressources naturelles met en évidence le rôle essentiel du commerce agricole mondial
Déséquilibre entre la diminution des ressources en terres arables et l’augmentation de la demande de produits agricoles
Terres arables mondiales (hectares par habitant) et consommation de fruits et de noix par habitant (indice, niveau 1965 =1)
Les relations géopolitiques mondiales sont appelées à se tendre et à devenir plus capricieuses. Le commerce agricole international pourrait ainsi être confronté à de nouveaux défis, mais la dynamique de l’offre et de la demande à long terme laisse penser qu’il continuera à jouer un rôle essentiel. D’après les projections, la population mondiale devrait augmenter de 25 % d’ici à 2050, pour atteindre 10 milliards d’habitants. Cette progression devrait s’accompagner d’une hausse de la demande de produits agricoles. En parallèle, la croissance des revenus, notamment dans les pays en développement, devrait continuer à encourager l’adoption de régimes alimentaires plus sophistiqués. Par ailleurs, les terres arables restent une ressource naturelle limitée et l’eau devient de plus en plus rare : ce déséquilibre entre la disponibilité limitée des ressources naturelles et l’appétit croissant pour les produits agricoles confère au commerce de produits agricoles une importance cruciale pour satisfaire la demande alimentaire mondiale, ce qui crée de nouvelles occasions pour les producteurs agricoles, les entreprises agroalimentaires et les investisseurs.
1 USDA Production, Supply, and Distribution, septembre 2023.
Une version de cet article a été publiée à l’origine dans Global AgInvesting.
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